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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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paisible à l’abri d’une tente, au cœur
d’une oasis. Nos têtes étaient rouges et pleines
d’ampoules, nos lèvres craquelées, nos yeux
réduits à l’état de fentes. Astiza et moi
étions incapables de faire la moindre chose par nous-mêmes,
mais nous étions vivants.
    Le
lendemain, on nous rattacha sur nos chameaux et on s’enfonça
encore davantage dans le décor torride, au sud et à
l’ouest et finalement à l’est jusqu’à
l’un des camps secrets de Murad Bey. Des femmes nous
enduisirent la peau de quelque pommade, et la nourriture nous rendit
nos forces. En grimpant au sommet d’une dune proche,
j’apercevais au loin le haut des pyramides, avec la ville du
Caire invisible au-delà.
    « Comment
m’as-tu retrouvé, Ashraf ? »
    Il
m’avait déjà raconté ses raids et ses
batailles de harcèlement contre des Français
démoralisés.
    « D’abord,
j’ai eu vent de l’enquête d’un forgeron de
Jérusalem qui recherchait Astiza. L’information me parut
bizarre, mais je me suis douté que tu étais derrière.
Puis Ibrahim Bey m’a fait savoir que le comte Silano, parti à
cheval vers le nord, avait disparu en Syrie. Que se passait-il ?
Napoléon chassé d’Acre, et toujours pas d’Ethan
Gage accroché à ses basques. J’ai pensé
que tu avais rejoint les Anglais, et j’ai guetté ta
réapparition parmi les forces d’invasion ottomanes. Puis
il y a eu ces explosions et ces incendies, à Rosette, et je
vous ai vus, de loin, partir avec votre âne ! J’ai
observé les Français vous enterrer jusqu’au cou
et j’ai attendu qu’ils se retirent. Il fallait bien que
je te sorte encore d’un sacré mauvais pas, ami
d’Amérique !
    —  Je
serai toujours ton débiteur.
    —  Pas
si tu fais ce que je te soupçonne d’avoir à faire
encore.
    —  C’est-à-dire ?
    —  Je
viens juste de recevoir la nouvelle du départ de Napoléon,
accompagné de ce comte Silano. Il va falloir les stopper en
France, Ethan. Les femmes m’ont parlé de signes
mystérieux dans le dos de ta compagne. De quoi s’agit-il ?
    —  D’écritures
anciennes permettant de déchiffrer un livre que Silano m’a
volé.
    —  La
peinture s’estompe, mais je connais un moyen de la raviver.
J’ai dit aux femmes de préparer plusieurs pots de
henné. »
    Le
henné était une plante utilisée par les femmes
arabes pour décorer leur peau de motifs compliqués
d’une jolie teinte brune, semblables à des tatouages
provisoires.
    Quand
elles eurent exécuté les ordres d’Ashraf, le dos
d’Astiza offrait une beauté étrange.
    « Faut-il
vraiment que ce livre soit lu ? s’informa Ashraf alors que
nous préparions notre départ.
    —  Oui,
sinon ses secrets mourront avec moi, conclut Astiza. C’est moi
qui suis désormais la seule pierre de Rosette. »

26
    O n
prit pied, Astiza et moi, sur la côte sud de la France le 11
octobre 1799, deux jours après Napoléon Bonaparte et
Alessandro Silano. Pour eux comme pour nous, le voyage avait été
long. Après une dernière tape amicale sur la croupe de
Pauline Fourès, un ultime message informant Kléber de
sa montée en grade, mais qu’il ne tenait pas à
revoir en personne, Bonaparte était rentré avec Monge,
Berthollet et quelques savants tels que Silano, en longeant l’Afrique
au plus près, afin d’éviter la flotte
britannique. Un voyage de pure routine qui avait duré
quarante-deux jours interminables. Au cours duquel la politique
française s’était révélée
encore plus incertaine à mesure que complots et
contre-complots agitaient Paris. L’atmosphère idéale
pour le retour d’un Napoléon précédé,
trois jours plus tôt, du bulletin annonçant sa victoire
triomphale d’Aboukir. Les vivats de foules enthousiasmées
marquèrent sa remontée finale vers le nord.
    Notre
voyage avait été long, lui aussi, pour des raisons
différentes. À l’instigation de Smith, nous nous
étions embarqués, une semaine après son
appareillage d’Égypte, sur une frégate anglaise
chargée de l’intercepter. C’était sa propre
lenteur qui avait sauvé Napoléon. Nous étions au
large de la Corse et de Toulon quinze jours avant son arrivée
et, sans nouvelles de son périple, nous étions revenus
en arrière. Même du haut d’un poste de vigie,
toutefois, la vue ne porte guère à plus de quelques
nœuds, et la Méditerranée est vaste. De combien
de brasses l’avions-nous raté, je l’ignore.
Finalement, un voilier rapide nous informa que

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