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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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vous regarder pleurer », dit-il alors que ses
acolytes tassaient le sable autour de nous.
    Ils
nous avaient attaché les chevilles et les mains derrière
le dos. On était sans chapeau, et déjà morts de
soif.
    « Vous
souffrirez davantage après le lever du soleil. Votre peau va
cuire, et peut-être se craqueler. Poussière et lumière
réfléchie vous aveugleront lentement. Mais, avant cela,
vous vous serez regardés mourir, et cela aura provoqué
chez vous la folie. Le soleil brûlant va vous soutirer tous les
liquides que vous pouvez contenir et votre langue s’enflera
tellement que vous aurez des difficultés à respirer.
Vous prierez que serpents ou scorpions vous délivrent de vos
souffrances. »
    Il
mit un genou en terre pour me caresser la tête, comme un enfant
caresse un chien.
    « Les
scorpions aiment s’en prendre aux yeux, et les fourmis montent
dans les narines en quête de nourriture. Les vautours
s’attaqueront à vous avant que vous ne soyez
complètement dévorés. Mais ce sont les serpents
qui font le plus mal.
    —  Vous
en savez long sur le sujet.
    —  Je
suis naturaliste. J’étudie la torture depuis des années.
C’est une science exquise, et un grand plaisir si l’on en
comprend les raffinements. Ce n’est pas si facile de faire
souffrir atrocement un homme tout en le gardant assez lucide pour lui
faire dire ce qu’on voudrait savoir. Le plus intéressant,
dans cette expérience, c’est que votre corps, au-dessous
du cou, aura subi une totale dessiccation. Je me demande si les
Égyptiens n’ont pas employé ce procédé
pour conserver certaines de leurs momies. Savez-vous que Cambyse, roi
de Perse, a perdu toute une armée dans une tempête de
sable ?
    —  Je
ne peux pas dire que ça me passionne.
    —  J’étudie
l’histoire afin de ne pas commettre les mêmes erreurs. »
    Il
se tourna vers Astiza dont les cheveux noirs s’étalaient
sur le sable, autour de sa tête.
    « Tu
sais que je t’ai aimée.
    —  Tu
n’as jamais aimé que toi-même. »
    J’intervins :
    « Ben
Franklin dit que l’homme qui s’aime lui-même n’aura
pas de rivaux.
    —  Ah !
l’amusant M. Franklin. Je suis plus fidèle envers
moi-même, il est vrai, que vous ne l’avez jamais été
envers moi ? Combien d’occasions de devenir mon partenaire
ne vous ai-je pas données, Gage ? Combien
d’avertissements ? Pourtant, vous m’avez trahi,
encore et encore.
    —  Je
me demande vraiment pourquoi.
    —  J’aimerais
vous entendre supplier avant la fin. »
    Je
l’aurais fait si j’avais cru que ça puisse servir
à quelque chose.
    « Mais
j’ai bien peur que le destin ne m’appelle, moi aussi.
Bonaparte va rentrer en France, où je vais pouvoir étudier
le livre tout mon soûl, et ce n’est pas un homme à
rester en place. J’ai bien peur que nous ne nous revoyions plus
jamais, monsieur Gage.
    —  Croyez-vous
aux fantômes, Silano ?
    —  Mon
intérêt pour le surnaturel ne va pas jusqu’à
la superstition.
    —  Vous
y croirez, quand je vous tomberai dessus.
    —  Et
quand vous m’aurez fait peur, on jouera aux cartes ! Dans
l’intervalle, je vais vous laisser vous transformer en spectre.
Ou en momie. D’ici à quelques semaines, je vous ferai
sans doute exhumer pour vous ranger dans un coin, comme Omar.
    —  Alessandro,
on n’a pas mérité ça ! »
    Un
cri d’Astiza. Auquel il ne répondit pas tout de suite.
Enfin :
    « Si,
tu le mérites amplement. Tu m’as brisé le cœur. »
    Et,
là-dessus, il s’éloigna sans se retourner.
    Astiza
et moi étions seuls. Moi tourné vers le sud, elle vers
le nord, face à face, pour que nous puissions nous regarder
rôtir sous tous les angles.
    Les
nuits sont froides dans le désert mais, juste après le
lever du soleil, la chaleur n’était pas déplaisante.
Puis la température monta rapidement, aidée par la
réverbération du sable. Mon oreille commençait à
brûler. Je percevais, furtifs, les premiers crissements
d’insectes.
    « Ethan,
j’ai peur. »
    Elle
était à moins de deux mètres de moi.
    « On
ne va pas tarder à perdre connaissance, promis-je, sans trop y
croire.
    —  Isis,
envoie-nous nos amis ! Viens à notre secours ! »
    Isis
ne répondit pas.
    « Ce
sera moins pénible, d’ici quelque temps… »
    Mais,
en dépit de ma prédiction, la douleur s’accroissait.
Mon mal de crâne s’aggravait. Ma langue enflait
rapidement. Astiza gémissait en sourdine. Même en

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