Hiéroglyphes
Exact.
En continuation du même rapport. Les vieux juifs avaient aussi
l’habitude, sous occupation étrangère, d’employer
des codes de substitution. Selon le chiffre d’Atbash, chaque
lettre de l’alphabet hébreu en représentait une
autre. La première lettre de l’alphabet devenait la
dernière, la deuxième l’avant-dernière, et
ainsi de suite. Si vous transcrivez « Baphomet »
en caractères hébreux, puis le traduisez selon le code
d’Atbash, il devient sophia, le
mot grec pour « sagesse ».
— Baphomet,
Salomon, sophia. Les
Templiers se plaçaient donc sous la protection de la sagesse,
pas sous celle du démon.
— Telle
est, du moins, ma théorie, dit modestement Haïm Farhi.
— Alors,
pourquoi ont-ils été persécutés ?
— Parce
que le roi de France en avait peur et convoitait leurs richesses.
Quel meilleur moyen de discréditer vos ennemis que de les
accuser de blasphème ?
— Les
chevaliers, opina Miriam, auraient dû se placer sous une
protection plus tangible. Vous nous avez bien dit, Ethan, que, selon
certains, thot avait la même origine que thought, le
mot anglais pour la « pensée » ?
— Oui.
— Ce
qui rend la chaîne encore plus longue. Baphomet, père de
la sagesse, est aussi Salomon, est aussi sophia… et
peut-être également Thot, dieu originel de toute
connaissance ? »
J’étais
stupéfié. Les chevaliers du Temple, ancêtres de
mes propres loges maçonniques si fraternelles, avaient-ils
connu l’antique déité égyptienne ?
L’avaient-ils même adorée ? Ces arguties
reliaient-elles vraiment les maçons aux Templiers et, par le
truchement des Grecs, des Romains et des juifs, à l’Égypte
ancienne ? Y avait-il une histoire secrète qui
s’étendait, depuis la nuit des temps, à
l’histoire officiellement reconnue ?
« Et
comment Salomon aurait-il thésaurisé tant de sagesse ?
supputait Jéricho. Si le livre est réel, et s’il
l’avait alors en sa possession…
— Un
autre bruit courait, trancha Miriam, selon lequel Salomon avait le
pouvoir de commander aux démons. Les histoires s’enroulent
sur elles-mêmes, à savoir que les hommes pieux ne
recherchaient que la connaissance, ou que la connaissance était
corruptrice et menait à la richesse et au mal. La connaissance
est-elle bonne ou mauvaise ? Souvenez-vous du jardin d’Eden
et de l’arbre de la connaissance. Les légendes portent
en elles leur propre contradiction. »
Je
vacillais à l’orée de ces possibilités
multiples.
« Vous
pensez que les chevaliers du Temple avaient trouvé le livre ?
— Si
tel est le cas, ils l’auraient reperdu lors de la purge royale.
Il se peut que votre Graal ne soit plus que cendre, ou qu’il
ait fini dans d’autres mains. Mais personne n’a suivi les
Templiers. Aucun groupe de chevaliers ne les a jamais égalés,
aucune autre fraternité ne s’est répandue dans
toute l’Europe. Et quand Jacques de Molay, leur dernier grand
patron, a brûlé sur le bûcher pour avoir refusé
de trahir les secrets des Templiers, il a lancé une
malédiction terrible qui prophétisait que le pape et le
roi de France le suivraient dans l’année, ce qui s’est
effectivement passé. Alors, le livre avait-il été
effectivement découvert, au départ ? A-t-il été
détruit ? Ou rendu à sa cachette ? »
Je
terminai à la place de Farhi :
« Au
mont du Temple !
— Mais
dans un lieu si profond qu’il ne sera pas facile de l’en
exhumer. Quand Saladin a repris Jérusalem aux croisés,
tout accès au mont est devenu impossible. Même
aujourd’hui, les gardiens musulmans ne badinent pas. Ils
connaissent, au moins partiellement, ces légendes que nous
venons d’évoquer. Et ne permettent aucune exploration.
Ces secrets pourraient ébranler toutes les religions de fond
en comble et l’islam est l’ennemi de la sorcellerie.
— Vous
voulez dire qu’on ne peut pas y pénétrer ?
— Si
on essaie et qu’ils nous arrêtent, on sera tous exécutés.
C’est un sol sacré. Le moindre travail de terrassement,
dans le passé, a provoqué des émeutes. Ce serait
comme si nous tentions de creuser un trou dans la basilique
Saint-Pierre de Rome.
— Alors,
pourquoi en parler ? »
Un
échange de regards prouva que nous nous étions bien
compris.
« Donc,
on ne se fera pas prendre.
— Voilà !
s’exclama Jéricho. Farhi a suggéré une
voie d’accès possible.
— Pourquoi
ne l’a-t-il pas déjà
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