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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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comptais guère sur une
chaleureuse bienvenue, après la perte irrémédiable
de leur maison à la suite du désordre que j’avais
provoqué. Mais quand elle m’aperçut, son regard
s’éclaira. Elle se précipita, dans le
rougeoiement d’enfer de la forge, et jeta ses deux bras autour
de mon cou. Quel bonheur inespéré! J’aurais
laissé volontiers mes propres mains descendre jusqu’à
ses fesses moulées par sa robe, mais son frère était
là, bien que souriant, lui aussi, un peu à contrecœur.
    « On
vous a cru mort ! »
    Elle
m’embrassa sur les deux joues que ses baisers enflammèrent.
Je dus refréner mon propre enthousiasme avant d’en faire
une démonstration manuelle trop évidente.
    « Et
j’ai cru la même chose, au sujet de vous deux. Je
regrette que notre aventure vous ait coûté si cher, mais
je pensais sincèrement que nous trouverions le trésor.
J’ai pu fuir Jaffa en bateau, avec mon ami Mohammed. »
    Je
contemplais Miriam, plus conscient que jamais de sa beauté
angélique.
    « La
nouvelle de votre présence ici a été pour moi
comme un nectar offert à un homme mourant de soif. »
    Je
la vis rougir sous la suie qui souillait ses joues, et Jéricho
perdit son sourire. Peu importait. Je n’avais pas l’intention
de lâcher tout de suite la taille de Miriam, et son bras
entourait toujours mes épaules.
    « Nous
revoilà réunis tous les trois », grommela
Jéricho.
    Je
me séparai finalement de Miriam.
    « Avec
un homme surnommé le Boucher, un capitaine anglais un peu fou,
un juif mutilé, un guide musulman et un ex-condisciple de
Bonaparte.
    —  Ethan,
questionna Miriam, que va-t-il se passer si les Français
triomphent comme à Jaffa ? »
    Je
feignis une assurance que j’étais loin de ressentir :
    « Peu
probable. Il nous faut résister jusqu’à ce qu’ils
se voient contraints de battre en retraite. Et je crois que j’ai
une idée. Jéricho, est-ce qu’il y a, quelque part
en ville, des chaînes disponibles ?
    —  J’en
ai vu pas mal, abandonnées par des bateaux. Il y a aussi
celles qui barrent l’entrée du port. Pourquoi ?
    —  J’aimerais
les tendre en travers des tours pour accueillir les Français. »
    Il
secoua la tête, convaincu que j’étais plus fou que
jamais.
    « Afin
de les aider à grimper ?
    —  Oui.
Et puis les charger en électricité.
    —  En
électricité ! »
    Il
se signa.
    « C’est
une idée qui m’est venue sur le bateau de Mohammed. Si
on accumule assez de puissance dans une batterie de grosses
bouteilles de Leyde, on pourra transmettre le courant aux chaînes
suspendues. Ça donnerait la même secousse dont j’ai
fait la démonstration à Jérusalem, mais, cette
fois, ils lâcheraient prise et retomberaient dans les douves où
il serait facile de les abattre. »
    Etais-je
en train de devenir un sauvage exterminateur ?
    « Vous
voulez dire, s’enquit Miriam, qu’ils ne pourraient plus
s’accrocher à la chaîne ?
    —  Comme
si elles étaient portées au rouge. Ce serait comme une
barrière de feu. »
    Jéricho
restait sceptique.
    « Tu
crois que ça pourrait marcher ?
    —  Si
j’échoue, le Boucher se servira des chaînes pour
nous pendre. »

13
    I l
fallait que je développe une charge électrique d’une
puissance dont même Ben Franklin n’avait pas rêvé,
et, pendant que Jéricho rassemblait et soudait les chaînes
entre elles, Miriam et moi partîmes en quête de verre, de
plomb, de cuivre et de jarres en quantité suffisante pour
fabriquer une énorme batterie. Jamais aucun projet ne m’avait
passionné à ce point. On ne travaillait pas seulement
ensemble, Miriam et moi, on était associés dans la même
entreprise, d’une manière qui recréait l’alliance
que j’avais eue avec Astiza. Quelque part dans les tunnels de
Jérusalem, Miriam avait perdu une bonne part de sa réserve.
À présent, elle faisait preuve d’une ardeur et
d’une confiance qui me stimulaient énormément.
Aucun homme ne voudrait passer pour un couard aux yeux d’une
femme. Nous travaillions épaule contre épaule, souvent
plus proches qu’il n’était indispensable, tandis
que je me remémorais la brûlure de ses baisers sur mes
joues. Nulle femme n’est plus désirable que celle qu’on
n’a pas encore possédée.
    En
travaillant ainsi l’un près de l’autre, nous
percevions le son des canons français cherchant à
régler leur portée à mesure que leurs tranchées
progressaient vers nos murs.

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