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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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Même le palais de Djezzar
tremblait jusqu’à ses fondations quand un rare boulet le
frappait de plein fouet.
    Parce
qu’elles lui rappelaient une batterie de canons concentrés
sur le même objectif, Franklin avait baptisé du même
nom les batteries de bouteilles de Leyde nécessaires à
ses expériences. Dans notre cas, chaque nouveau récipient
pouvait être connecté au précédent afin
d’augmenter la force du choc potentiel subi par les futurs
assaillants français. On en eut bientôt tellement que la
perspective de les électriser par friction, à l’aide
d’une manivelle, s’apparentait de plus en plus aux
efforts répétés de Sisyphe pour amener un
quartier de roche au sommet d’une montagne.
    « Ethan,
s’inquiétait Miriam, comment va-t-on pouvoir tourner ces
disques de verre pour charger cette énorme machine ? Il
va nous falloir une armée avec autant de manivelles.
    —  Pas
une armée, mais de sacrés biceps animés par des
esprits simples. »
    Je
pensais évidemment à Gros Ned.
    Depuis
que j’avais repris pied sur la rive d’Acre, j’envisageais
cette prochaine rencontre avec le colossal matelot britannique. Je
comptais bien le repayer de sa trahison, à la porte de
Jérusalem, mais il demeurerait un sérieux adversaire
tant qu’il ne pourrait digérer ses pertes aux cartes. Il
ne fallait pas que je le revoie en position de faiblesse. Je savais
qu’il avait appris ma réapparition miraculeuse, après
le massacre de Jaffa, et qu’il se vantait toujours de me devoir
une raclée, quand je ne serais plus dans les jupes de Miriam.
En apprenant qu’il participait aux travaux d’aménagement
des douves, à la base de la tour principale d’ Acre ,
j’avais conçu le projet de lui tomber dessus à
l’improviste.
    Un
mur est d’autant plus solide qu’il ne comporte aucune
fente, aucune fissure qu’un boulet de canon puisse élargir,
et c’est pourquoi Smith et Phélippeaux avaient ordonné
ces réparations. Un travail dangereux à cause des
tireurs embusqués français auxquels répondaient
les tireurs d’élite britanniques tandis que Ned et
quelques autres volontaires travaillaient à l’extérieur,
sous le couvert de la nuit.
    En
dépit de mes problèmes avec Ned et Tom, je ne pouvais
m’empêcher d’admirer la résolution sans
faille de ces pauvres marins, illettrés pour la plupart, très
éloignés de l’idéalisme français,
et pourtant capables d’une telle fidélité envers
la couronne ! Ned était de la même trempe. Tandis
que les détonations, les éclairs des mousquets
fracassaient la nuit  – ô combien mon rifle me
manquait !  –, des paniers de pierre, de mortier et
d’eau descendaient dans les douves vers ces gens exposés,
occupés à tailler, gratter, combler les lézardes.
À l’approche de l’aube, ils grimpaient, tels des
singes dressés, à l’échelle de corde, les
balles ennemies sifflant en ricochant sur le mur, objet de leurs
soins.
    Cette
nuit-là, je les aidai à réintégrer la
sécurité de la tour. Jusqu’à ce qu’il
ne reste, en bas, que l’épaisse silhouette de Gros Ned.
Il donna à l’échelle la secousse convenue et la
tête qu’il fit en la voyant tomber à ses pieds me
consola de bien des choses. La vengeance est un plat qui se mange
froid, mais qui se savoure bien chaud.
    Je
me penchai au-dehors.
    « Pas
drôle d’être laissé devant la porte, hein,
Ned ? »
    Son
teint flamba comme un oignon rouge lorsqu’il acheva de
m’identifier, dans le clair-obscur, à quinze mètres
au-dessus de sa tête.
    « Tu
as osé t’introduire chez le pacha, maudit fouille-merde
de Yankee ! Je pensais pas que tu aurais le culot de revenir te
frotter aux marins anglais, après la leçon que je
t’avais donnée à Jérusalem ! Et,
maintenant, tu vas me laisser croupir dans la douve jusqu’à
ce que les Français fassent ton boulot à ta place ! »
    Les
mains en porte-voix, il hurla :
    « T’es
un sacré dégonflé !
    —  Oh
non, je t’ai simplement rendu la monnaie de ta pièce !
Pour voir si tu es capable de me faire face honnêtement au lieu
de me claquer une porte au nez ou de te planquer dans l’eau de
cale ! »
    Ses
gros yeux lui sortaient de la tête.
    « Honnêtement ?
Je vais te mettre en pièces, salopard, si tu as le courage, un
jour, de me donner la réplique !
    —  Taille
et poids lourd sont des arguments de bête brute, Ned.
Rencontrons-nous l’épée au poing, comme des
gentlemen, et c’est moi

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