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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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nous, les troupes françaises en plein
rassemblement étaient aussi nettes que des soldats de plomb.
Tentes et chapiteaux fleurissaient comme un carnaval printanier.
Depuis Jaffa, je savais quelle devait être la vie de ces
hommes : nourriture abondante, boissons importées pour
stimuler le courage des groupes d’assaut, encadrement de
prostituées et de servantes pour leur servir la soupe, laver
leur linge et leur tenir chaud la nuit, le tout à des prix
exorbitants que payaient volontiers des hommes qui risquaient de
mourir à brève échéance. À deux
kilomètres environ, s’élevait une colline d’une
trentaine de mètres où, sous les bannières
flottant au vent, hors de portée de nos boulets et de nos
balles, attendaient des hommes et des chevaux.
    « C’est
probablement là, dit Phélippeaux, étirant avec
dédain la prononciation italienne du nom abhorré, que Buonaparte va établir son quartier général. Je le connais,
voyez-vous, et je sais comment il raisonne. Lui et moi, nous agirions
de même. Il va allonger ses tranchées et tenter de faire
miner nos murs par ses sapeurs. Je sais qu’il sait que la tour
est essentielle. »
    Je
suivis la trajectoire de son index. Des hommes hissaient des canons
sur les murs et les douves sèches bordées de quartiers
de roche s’étendaient sur six mètres de haut et
quinze de large.
    « Pas
d’eau dans ces douves ?
    —  Elles
n’ont pas été conçues à cet effet,
car elles sont au-dessus du niveau de la mer, mais nos ingénieurs
ont eu une idée. Nous construisons sur la Méditerranée,
près de la porte Territoriale, un réservoir que nous
allons remplir d’eau de mer. Il inondera les douves quand nous
le désirerons, si nécessaire.
    —  Un
plan, déplora Smith, qui est encore à de nombreuses
semaines de sa réalisation.
    —  D’ici
là, vous avez votre forteresse. »
    Cette
tour d’où nous admirions le paysage saillait comme un
promontoire à proximité d’une pièce d’eau.
Vue du côté français, elle devait paraître
encore plus redoutable.
    « C’est
le point le plus fort de l’enceinte, reconnut Phélippeaux,
mais il peut être canonné sur deux faces. Si les
républicains forcent le passage, ils se retrouveront dans les
jardins, en mesure d’attaquer nos défenses par-derrière.
S’ils n’y parviennent pas, comme je le pense, leur
infanterie se fera tuer pour rien. »
    J’essayai
d’examiner la situation avec l’œil du stratège.
L’aqueduc désaffecté courait depuis nos murs
jusqu’au camp français. Il s’arrêtait juste
en deçà de la tour qu’il avait abreuvée
jadis en eau potable. Les Français creusaient à
proximité des tranchées qui leur fourniraient un
couvert efficace contre tout feu nourri. Ils enfonçaient
également des piquets de sondage dans l’étang
asséché voisin. Rien n’était négligé
de part et d’autre.
    Phélippeaux
avait le don de lire dans mes pensées.
    « Ce
sont eux qui l’ont asséché. Afin d’y
bénéficier d’un creux protecteur pour y installer
une batterie de canons. Pas les plus lourds dont vous les avez
largement dépossédés. Les pièces légères
qu’ils ont transportées par la route. »
    Je
baissai les yeux. Le jardin était un asile de paix au centre
des travaux stratégiques. Avec tous ces marins et tous ces
soldats alentour, les femmes du harem devaient être sous clef.
    Phélippeaux,
cependant, poursuivait :
    « Nous
avons ajouté cent canons à l’armement de la cité.
Sans leur artillerie lourde, ils seront vraisemblablement maintenus à
distance.
    —  Ce
qui signifie, ajouta Smith, que Djezzar ne capitulera pas. Et vous,
Gage, vous êtes la clef du problème.
    —  Moi ?
    —  Vous
avez vu l’armée de Napoléon. Je veux que vous
disiez à notre allié qu’elle peut être
vaincue. Parce qu’elle le sera si tout le monde y croit. À
commencer par vous ! »
    Je
réfléchis une seconde.
    « Bonaparte
boutonne ses braies comme n’importe lequel d’entre nous.
Il n’a tout simplement pas rencontré, jusque-là,
quelqu’un d’aussi pugnace que lui.
    —  Exactement.
Venez que je vous présente au Boucher. »
    On
n’eut pas à solliciter une audience. Depuis Jaffa,
Djezzar savait que sa survie dépendait de ses nouveaux alliés
européens. Son salon de réception était une
vaste pièce au plafond ouvragé, au parquet recouvert de
tapis d’Orient qui se chevauchaient. Des oiseaux gazouillaient
dans des cages dorées, un petit singe

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