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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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m’empêchait de tirer, en toute insouciance,
des plans sur la comète. Je venais de faire l’amour avec
la meilleure femme du monde, Miriam, et je m’apprêtais à
lui reprendre mes séraphins avant de m’esquiver pour
retrouver la trace d’Astiza sans même dire un mot à
cette autre femme. Je me sentais dans la peau d’un goujat, et
je ne me voyais pas du tout lui expliquer le problème.
    Non
que j’aie le sentiment d’être déloyal envers
Miriam. J’étais simplement loyal envers le souvenir
d’Astiza et je les aimais toutes les deux d’une façon
différente. Astiza était pour moi l’essence même
de l’Égypte et des mystères anciens, une beauté
dont la quête des connaissances disparues était devenue
mienne. On avait fait connaissance alors qu’elle envisageait de
m’assassiner, avec Napoléon lui-même à
l’arrière-plan, qui tirait les fils. Puis elle m’avait
sauvé la vie, plus d’une fois, avant de m’aider à
devenir un homme digne de ce nom. Nous n’étions pas que
des amants, mais des compagnons d’aventure dans cette quête
qui nous était devenue commune, et nous avions failli mourir
dans la Grande Pyramide. Il fallait absolument que je parte à
la recherche d’Astiza, mais comment l’expliquer à
Miriam ? Les femmes n’acceptent pas volontiers ce genre de
situation hybride. J’irais donc interroger Astiza sur la
signification de sa bague, je la sauverais, je les réunirais
toutes les deux, et puis…
    Quoi ?
Selon la promesse de Sidney Smith, les choses s’arrangeraient
bien d’elles-mêmes. « Il est si facile de se
conduire en être raisonnable, disait Ben Franklin, c’est
seulement ainsi qu’on peut réussir tout ce qu’on a
décidé de faire. » Ce vieux Ben avait eu
d’excellents rapports avec les femmes, pendant que sa propre
épouse se morfondait en Pennsylvanie.
    « On
réveille la fille ? proposa Mohammed.
    —  Surtout
pas ! »
    *
* *
    Quand
je demandai à Ned de nous accompagner, il fut aussi difficile
de l’en convaincre que de décider un chien qui dort à
accompagner son maître. Ned était un de ces hommes qui
ne font jamais rien à moitié. Naguère mon plus
implacable ennemi, il était à présent mon allié
et serviteur le plus fidèle. À ses yeux, j’étais
un sorcier aux rares pouvoirs multiples, même si je passais le
plus clair de mon temps à rechercher les trésors du roi
Salomon.
    Jéricho,
à l’inverse, avait renoncé depuis belle lurette à
tout espoir de trésor. C’est à peine s’il
manifesta une légère surprise lorsque je le réveillai
pour lui montrer la bague d’Astiza, mais seulement parce qu’il
espérait que la réapparition de cette autre femme
m’éloignerait définitivement de sa sœur.
    « Je
te charge de veiller sur Miriam pendant mon absence », lui
glissai-je à l’oreille, dans l’espoir fallacieux
de soulager ma conscience.
    Ses
traits exprimaient une telle satisfaction que je faillis me demander
s’il ne m’avait pas envoyé le rubis lui-même.
    Puis
il cligna des yeux en secouant la tête.
    « Je
ne peux pas te laisser partir seul.
    —  Je
ne suis pas seul. J’ai avec moi Gros Ned et Mohammed.
    —  Un
hérétique et un British ! Ce sera à qui te
conduira au désastre ! Non, tu as besoin de quelqu’un
à la tête solide. Qui est cette Astiza, si elle vit
encore ?
    —  Smith
et Phélippeaux et le reste de la garnison ont plus besoin de
toi que moi, Jéricho. Défends la ville et protège
Miriam. Si je rapporte le trésor, tu en auras ta part. »
    Toujours
bon d’entretenir l’espoir d’un gain possible dans
la tête d’un homme, si sceptique soit-il.
    Du
coup, il me regardait avec un intérêt redoublé.
    « Il
est extrêmement risqué de traverser les lignes
françaises. Tu n’es peut-être pas si mauvais,
après tout, Ethan Gage.
    —  Telle
est aussi l’opinion de ta sœur. »
    Avant
qu’il puisse me chercher querelle, je quittai la ville en
compagnie de Mohammed et de Ned. À pied, on eût risqué
de se trouver pris, très vite, sous un feu croisé. On
emprunta donc le bateau à bord duquel Mohammed et moi avions
fui Jaffa. Acre était une silhouette sombre sur fond
d’étoiles. Aucune lumière visible nulle part,
pour éviter de fournir aux Français le moindre point de
repère, la plus petite cible. Leurs feux de camp, en revanche,
composaient une fausse aurore au-dessus des tranchées. La mer,
dans notre sillage, avait l’éclat de l’argent. On
débarqua sur

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