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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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correctement la pensée du roi, lorsque, après deux ans de conflits avec les Parlements, il lui suggéra de convoquer une assemblée des notables, un des rouages de la monarchie constitutionnelle et aristocratique qu’avait déjà conçue Fénelon.
    Dès ce moment-là (février 1787) la Révolution est en marche. Qu’apporte Calonne aux notables ? Un mélange des idées de Necker et de Turgot, celles qu’on agitait vaguement un peu partout, le programme que la Constituante, en grande partie, reprendra. Rien ne serait plus faux que de regarder Calonne comme un réactionnaire. C’est un réformateur qui parle à ces représentants des trois ordres, choisis parmi des personnalités considérables ou populaires. La Fayette en était, ainsi que de grands seigneurs renommés pour leur « philanthropie » et leur attachement aux idées nouvelles. Dans les secrétariats, Mirabeau et Talleyrand débutent. Calonne croyait prendre appui sur cette assemblée pour obtenir les réformes que repoussait le Parlement. Il se figurait, avec l’optimisme de son temps accru par son optimisme naturel, qu’en invoquant le bien public il obtiendrait ce qu’il cherchait : un nouveau système d’impôts, votés par des assemblées provinciales, avec suppression des « exemptions injustes ». C’est-à-dire que Calonne s’adressait au bon cœur des privilégiés et aux aspirations égalitaires du tiers état. Avec une véritable naïveté, pour mieux agir sur les esprits, il mit à nu la détresse du Trésor. Les notables, au lieu d’ouvrir leur bourse, en profitèrent pour le charger de tous les péchés. Les accusations d’impéritie et de profusion qui pèsent sur sa mémoire datent de là. Il devint le bouc émissaire de l’ensemble des causes qui avaient ruiné nos finances. Le scandale fut tel que le roi dut lui signifier son congé. La première assemblée, cette assemblée triée sur le volet, avait pour ses débuts renversé un ministre haï des Parlements.
    Elle ne fit pas autre chose. Loménie de Brienne, un prélat ami de Choiseul et des philosophes et qu’on disait même athée, succéda à Calonne et reprit ses projets. Il n’obtint rien de plus des notables, pressés surtout de ne pas payer. Pour renvoyer à plus tard le quart d’heure de Rabelais, ils se rejetèrent sur l’idée qu’une grande réforme des impôts devait être approuvée par les états généraux ou même, comme disait La Fayette, par « mieux que cela », par une assemblée nationale. On y allait désormais tout droit.
    La fin de l’année 1787 eut ceci de particulièrement funeste pour la monarchie qu’elle mit Louis XVI en contradiction avec lui-même : il fut obligé d’entrer en lutte ouverte avec les Parlements qu’il avait rétablis. Refus d’enregistrer les édits qui créaient les nouvelles taxes, refus de reconnaître les nouvelles assemblées provinciales : sur tous les points, les Cours souveraines se montraient intraitables. Elles invoquaient, elles aussi, ces lois fondamentales, ces antiques traditions du royaume en vertu desquelles le roi les avait restaurées : respect des anciennes coutumes provinciales, indépendance et inamovibilité des magistrats, vote des subsides par les états généraux. Devant cette opposition opiniâtre, il fallut revenir aux lits de justice, à l’exil des Parlements, aux arrestations de parlementaires : le gouvernement était ramené aux procédés du règne de Louis XV sans pouvoir les appliquer avec la même énergie et en ayant, cette fois, l’opinion publique contre lui. La résistance des Parlements, désormais liée à la convocation des états généraux, était populaire. L’idée de consulter la nation était lancée dans la circulation et s’associait à l’idée de liberté : l’école philosophique du despotisme éclairé, celle qui avait soutenu Choiseul et Maupeou, avait disparu ; le libéralisme mis en vogue par la littérature et propagé par l’exemple américain la remplaçait.
    Brienne, un « Maupeou impuissant » ou plutôt inconscient, ne fut pas heureux dans sa lutte contre les parlementaires. Ils revendiquaient la tradition. Il voulut remonter plus haut qu’eux inventa une cour plénière, « rétablie », disait-il, sur le modèle donné par les premiers Capétiens, sinon par Charlemagne. Le Parlement, féru d’antiquité, serait réduit aux modestes fonctions qu’il remplissait à ses origines. En somme, Brienne jouait un tour aux

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