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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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ans, il conduira la guerre, non seulement sans qu’elle coûte rien à la France, mais en travaillant par elle à la restauration financière, jusqu’au jour où les peuples d’Europe, rançonnes, se soulèveront.
    Un général victorieux et qui apportait de l’argent se rendait indispensable. Et la popularité de Bonaparte grandissait. Il n’en est pas moins vrai que bien des Français se demandaient si l’on allait se battre toujours, enrôler toujours, conquérir toujours. On savait aussi que les partisans les plus passionnés de la guerre étaient les Jacobins. On craignait que la situation qui avait mené à la Terreur n’y reconduisit. En 1797, au moment où l’Autriche, chassée de l’Italie, menacée jusque chez elle, signait les préliminaires de Leoben, les élections avaient envoyé aux Conseils une nouvelle fournée de modérés, opposés à la politique belliqueuse. Dans l’état de misère et d’anarchie où était la France, avec un gouvernement faible, divisé et méprisé comme le Directoire, la continuation de la guerre, aux yeux des hommes raisonnables, était une absurdité et devait produire une catastrophe. Il fallait, disaient-ils, profiter de la défaite de l’Autriche, de l’abattement de Pitt qui entamait des pourparlers à Lille et se montrait disposé à reconnaître les conquêtes de la Révolution, celle de la Belgique et de la rive gauche du Rhin, la République batave de Hollande et la République cisalpine d’Italie, annexes de la République française. Un des directeurs était d’avis que cette occasion ne devait pas être perdue : c’était Barthélemy, le négociateur du traité de Bâle, diplomate d’ancien régime, élève de Vergennes. Carnot hésitait, redoutant un retour des Bourbons autant que la dictature militaire. Les trois autres, Rewbell, Larevellière et Barras (quoique ce dernier, vénal et corrompu, fût flottant), pensaient que la paix offrirait plus de difficultés que la guerre, que le gouvernement aurait à résoudre des problèmes insolubles ou qu’il serait renversé par la réaction dont la paix serait le triomphe. Ils pensaient aussi que les auteurs et les bénéficiaires de la Révolution auraient des comptes à rendre, particulièrement les régicides, et ils se disaient – en quoi ils n’avaient sans doute pas tort – que les dispositions de Pitt ne dureraient pas, qu’une Angleterre nous laissant nos conquêtes du Rhin à l’Adige, c’était trop beau, que la guerre reprendrait sans retard et dans des conditions moins bonnes pour nous, le ressort s’étant une fois détendu.
    Les partisans de la paix avaient la majorité dans les conseils, mais aucune force organisée avec eux. Les partisans de la guerre pouvaient compter sur les Jacobins, les « patriotes » et les soldats. Ils attaquèrent violemment les royalistes, les modérés, confondus sous le nom de « faction des anciennes limites », et provoquèrent aux armées, avec la connivence des jeunes généraux, des adresses contre les ennemis de la République. On avait besoin, pour l’opération, d’un homme à poigne : Bonaparte envoya à Paris Augereau qui envahit la salle des conseils, accompagné de Rossignol et de Santerre, revenants du jacobinisme, arrêta les députés qui protestaient et se vanta le lendemain du 18 fructidor que son expédition eût réussi « comme un ballet d’opéra » (4 septembre 1797).
    Les modérés avaient été « fructidorisés ». Ce fut une Terreur sèche, à peine moins cruelle que l’autre, l’échafaud étant remplacé par la déportation. Des députés, le directeur Barthélemy lui-même, furent envoyés à la Guyane avec de nombreux prêtres, dont beaucoup périrent. Les arrestations, les proscriptions, les persécutions recommencèrent sous l’influence des Jacobins auxquels la haute main avait été rendue par ce coup d’État.
    De son « proconsulat d’Italie », le général Bonaparte, grand favori du Directoire, observait les événements. Il avait approuvé, aidé le 18 fructidor. Il en profita. Il vit que désormais le soldat était le maître, que le Directoire allait se rendre impopulaire par son retour violent vers la gauche, que le besoin d’un gouvernement stable, rassurant pour les personnes et pour les biens, serait bientôt senti. Ce gouvernement, restaurateur de l’ordre et de l’autorité, appuyé sur des hommes qui n’avaient plus d’autres moyens d’existence que le métier militaire,

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