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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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les sections. Il s’agissait, pour empêcher une « journée », pour arrêter Santerre et Henriot, de protéger d’abord le point menacé avec des sections modérées, puis de prendre l’offensive contre l’émeute. Il ne suffisait donc pas, pour renverser Robespierre, de voter sa mise en accusation. Il fallait être sûr de ce qui se passerait hors de l’Assemblée. Tallien et Barras se chargèrent de la manœuvre. Elle réussit grâce à une seule section, la section Le Pelletier, qui donna le signal de la résistance. Robespierre, réfugié à l’Hôtel de Ville, connaissait trop bien le mécanisme de la Révolution pour ne pas savoir qu’il était perdu si l’émeute et la Commune commençaient à reculer. Il voulut se tuer, se manqua et, le lendemain, fut porté tout sanglant sur l’échafaud (27-29 juillet 1794).
    Après la chute de Robespierre, la France respira. Un violent mouvement de l’opinion publique exigea et obtint le châtiment des « bourreaux barbouilleurs de lois ». La guillotine servit encore pour les plus marquants et les plus abominables des terroristes, comme le tribunal révolutionnaire avait servi contre ceux qui l’avaient institué. Mais si la réaction thermidorienne était un soulagement, ce n’était pas une solution. Que cherchait la Révolution depuis l’origine ? Un gouvernement. Elle avait usé trois ou quatre constitutions, pas même viables à peine appliquées. La Terreur était un état frénétique qui ne laissait après lui qu’impuissance et dégoût. Du 9 thermidor au 18 brumaire (les deux dates restées les plus célèbres du nouveau calendrier républicain), la Révolution cherche à se donner un gouvernement qui soit un gouvernement libre, conforme à ses principes, et elle échoue.
    Lorsque les modérés de la Convention, par une épuration suprême, se furent délivrés de Robespierre et de la « queue de Robespierre », ils se retrouvèrent devant les mêmes difficultés que leurs prédécesseurs : difficultés d’argent accrues avec la marée montante des assignats, guerre extérieure, confusion intense au-dedans. Beaucoup de Français, excédés de l’anarchie, de la misère et des souffrances causées par l’avilissement du papier-monnaie, aspiraient à l’ordre et le concevaient sous la forme d’un retour à la royauté. Beaucoup, d’autre part, étaient trop engagés dans la Révolution, y avaient trop d’intérêts, pour ne pas appréhender un retour à l’ancien régime : c’était en particulier le cas des régicides, des acquéreurs de biens nationaux et des militaires. Enfin le jacobinisme était loin d’être mort. Pendant cinq années, la Révolution fut occupée à se tenir à égale distance du royalisme et du terrorisme, sans réussir à autre chose qu’à entretenir le désordre et à préparer le gouvernement autoritaire qui sortirait d’elle pour la conserver.
    La genèse du 18 brumaire est simple. Que se passe-t-il après Thermidor ? Désormais la Convention sait ce qu’il faut faire pour éviter une revanche des Jacobins. Le 12 germinal et le ler prairial, l’émeute se renouvelle et avorte parce qu’elle n’a plus de direction ni d’organisation, la Commune de Paris ayant été supprimée. Pourtant, au ler prairial, l’alerte a été chaude. La foule a encore envahi l’Assemblée, tué le député Féraud, et porté sa tête au bout d’une pique. L’insurrection vaincue grâce aux sections modérées, les thermidoriens se décident enfin à prendre la mesure devant laquelle la Révolution avait toujours reculé : la garde nationale perd son autonomie et elle est placée sous la direction d’un comité militaire. Alors l’influence politique commence à passer du côté de l’armée, une armée victorieuse qui vient, par un étonnant exploit, de conquérir la Hollande avec Pichegru. Qui aura l’armée pour lui aura le pouvoir. L’ère des généraux commence. Le 13 vendémiaire, il faut appeler Bonaparte et son artillerie pour écraser un mouvement royaliste à Paris. Le 18 fructidor, le Directoire appellera Augereau. Ces deux opérations, exigées par le salut de l’idée révolutionnaire, ont été l’école du coup d’État.
    Le 18 fructidor est d’une importance particulière pour la suite des choses, parce qu’il constitue le lien qui unit la Révolution à l’Empire. Il faut donc voir les origines de ce coup de barre à gauche qui fut destiné à empêcher la réaction et la paix tout

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