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Histoire de France

Histoire de France

Titel: Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Bainville
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Westphalie, la politique qui avait toujours été celle de la monarchie française, celle des « libertés germaniques », reçut sa consécration. Notre victoire fut celle du particularisme allemand. La défaite de l’Empereur fut celle de l’unité allemande. Mosaïque de principautés, de républiques, de villes libres, l’Allemagne, au lieu d’un État, en formait plusieurs centaines. C’était l’émiettement, l’impuissance, le libre jeu laissé à notre diplomatie, car ces trois cent quarante-trois États indépendants, de toutes les tailles et de toutes les sortes, étaient maîtres de leurs mouvements et de leurs alliances. Leurs rapports avec l’Empire devenaient extrêmement vagues et s’exprimaient par une Diète, un véritable Parlement, où, avec un peu de savoir-faire, nos agents pouvaient intervenir de façon à tenir le « corps germanique » divisé. Le principe de l’équilibre européen, fondé par le traité de Westphalie, reposait sur une véritable élimination de l’Allemagne, ce qui resta notre doctrine constante, parce que c’était notre plus grand intérêt, jusqu’à la fin du dix-huitième siècle. Enfin pour conserver ces résultats, pour empêcher qu’il y fût porté atteinte et que l’Allemagne fût conduite par une seule main la France, ainsi que la Suède, avait un droit de garantie au nom duquel elle pouvait s’opposer à tout changement de la Constitution de l’Empire, à toute redistribution des territoires, en d’autres termes aux ambitions de la maison d’Autriche on de tout autre pouvoir qui reprendrait son programme de domination des pays germaniques. L’Allemagne n’était plus, comme disait plus tard Frédéric II, qu’une « République de princes », une vaste anarchie sous notre protectorat. Ruinée, dépeuplée par la guerre de Trente Ans, réduite à l’impuissance politique, elle cessait pour longtemps d’être un danger. Nous aurions encore à nous occuper d’elle. Nous n’avions plus à craindre ses invasions : la grandeur de la France date de cette sécurité.
    Il est rare qu’on puisse fixer des moments où la politique a obtenu ce qu’elle cherchait, où elle l’a réalisé, dans la mesure où les choses humaines comportent les réalisations. Le traité de Westphalie est un de ces moments-là.
    Il ne terminait pas tout parce que, dans l’histoire, rien n’est jamais terminé, parce que chaque progrès, pour être conservé, demande un effort. Il ne terminait pas tout non plus parce que le roi d’Espagne ne se tenait pas pour battu et continuait la guerre. Il avait en effet des raisons de croire que le triomphe de Mazarin était fragile. En France, la paix de Munster n’avait excité ni enthousiasme ni reconnaissance. Elle était restée presque inaperçue. À l’heure où elle fut signée, la France était depuis trois mois en état de révolution et le gouvernement français à peine maître de Paris.

Chapitre 12 La leçon de la fronde
    On a pris l’habitude de regarder la Fronde comme un épisode romanesque et même galant à cause des belles dames qui s’en mêlèrent. Ce fut, en réalité, la poussée révolutionnaire du dix-septième siècle. Ce « grand siècle » n’est devenu celui de l’ordre qu’après avoir passé par le désordre. Il a eu, vers son milieu, une fièvre, une éruption répandue sur plusieurs pays d’Europe. Nous avons déjà vu le roi d’Espagne aux prises avec des mouvements d’indépendance en Catalogne et au Portugal. À Naples, le pêcheur Masaniello prit le pouvoir et son histoire frappa les imaginations. À Paris, dans les rues, au passage d’Anne d’Autriche, on criait : « À Naples ! » Mais rien ne saurait se comparer à l’impression que produisit la révolution d’Angleterre. L’exécution de Charles Ier, beau-frère de Louis XIII, semblait annoncer la fin des monarchies. Le rapport de ces événements avec les troubles qui éclatèrent en France n’est pas douteux.
    On retrouve dans la Fronde les éléments ordinaires dont les révolutions se composent. L’effort et la fatigue de la guerre de Trente Ans y entrèrent pour une part. Richelieu avait demandé beaucoup au pays et tout ce qui avait été contenu sous sa main de fer se libéra sous Mazarin. Il se fit une alliance des grands qu’il avait contraints à la discipline nationale, et de la bourgeoisie qui avait souffert dans ses intérêts d’argent. Pour une autre part, et non la moindre, il y eut le

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