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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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le pays de Rennes, et marcha sur cette
ville pour y assiéger Gurvand. Pasquiten était à la tête de plus de
trente mille hommes : à la vue de cette nombreuse armée, les
troupes de Gurvand l’abandonnèrent, en sorte qu’il ne resta pas
plus de mille hommes auprès de lui. Gurvand, réduit au désespoir,
sans tenir compte de la multitude de ses ennemis, secondé par les
braves qui l’accompagnaient, donna sur eux tête baissée, enfonça
leurs escadrons et mit toute l’armée de Pasquiten en désordre. La
bravoure, ou plutôt là fureur de Gurvand, contraignit enfin le
comte de Vannes à se retirer.
    Trois ans après, Pasquiten, informé que
Gurvand était dangereusement malade, rassembla ses troupes et
ravagea les terres de ce comte, qui, quoique mourant, se fit
conduire sur une litière à la tête de ses troupes, persuadé que sa
présence animerait ses soldats et épouvanterait ses ennemis.
L’armée du comte de Vannes fut en effet taillée en pièces ;
mais au milieu du combat, Gurvand expira. Pasquiten ne lui survécut
pas longtemps ; il fut assassiné dans la même année.
    La fin déplorable de ces deux frères décida la
question de la royauté en Bretagne.

Partie 3
(877 – 1532)

CHAPITRE IV
    Alain III, premier duc de Bretagne. –
Alain IV. – Conan II. – Geoffroy I er . –
Alain V. – Hoël V. – Alain Fergent. – Conan III. –
Conan IV. – Geoffroy II,
    La mort de Gurvand et de Pasquiten ne rendit
point la paix à la Bretagne.
    Alain, frère de Pasquiten, lui succéda au
comté de Vannes, et Judicaël, fils de Gurvand et de la fille
d’Érispoé, succéda au comté de Rennes. Alain, ainsi que Pasquiten,
était de la maison souveraine, et tuteur de Gurmhailon, fils de
Pasquiten. Alain et Judicaël eurent entre eux les mêmes différends
que ceux auxquels ils avaient succédé, prétendant l’un et l’autre à
la souveraineté de toute la Bretagne. Judicaël ayant été tué
l’année suivante dans un combat contre les Normands, qu’il
vainquit, toute la Bretagne se vit réunie sous le gouvernement
d’Alain III e du nom, qui tantôt porta le titre de
duc et tantôt celui de roi ; c’est lui qu’on appelle Alain
le Grand.
    Il rétablit l’ordre dans ses États, y fit
régner les lois et la justice, et mérita par sa modération autant
que par ses exploits, le surnom de grand, que lui décerna la
reconnaissance publique. Il rappela dans les villages les habitants
dont les cités voisines avaient accueilli la misère. Il rebâtit les
chaumières, les maisons, les monastères, les églises, que les
flammes avaient consumés. Il s’associa au malheur commun, se fit
peuple avec le peuple, visita l’habitation du pauvre comme la
demeure du riche, et mourut en 907, comblé de gloire et adoré de
ses sujets. Son souvenir resta longtemps cher au pays qu’il avait
servi avec un si grand zèle.
    Si les derniers jours d’Alain III
s’écoulèrent en paix, ce ne fut pas faute de coupables tentatives
pour exciter en Bretagne des guerres civiles, et lui communiquer la
contagion déplorable qui ravageait alors la France. Le comte de
Mayenne, Godefroy, saccagea l’Anjou, et essaya de séduire plusieurs
nobles bretons ; mais ses efforts vinrent se briseur contre
leur caractère patriotique. Ils repoussèrent avec le plus grand
mépris celui qui voulait acheter leur honneur, et ils lui dirent
avec une juste indignation, que si malheureusement ils avaient
parfois des querelles de famille à vider entre eux
,
ce
n’était pas une raison pour embrasser des intérêts ennemis du pays,
et qu’ils aimaient mieux perdre la fortune et la vie que de trahir
la sainte cause de la patrie.
    Dès que la mort d’Alain le Grand fut connue,
les pirates du Nord, sachant que ses fils n’avaient point hérité de
sa valeur ni de la générosité de ses sentiments, se précipitèrent
de nouveau sur la Bretagne, « pour voir, disaient-ils, de
quelle aire sortaient ces niais oiseaux. » Ils entrèrent dans
la Loire, et mirent le siège devant Nantes. Ses habitants, après
l’avoir d’abord défendue avec courage, se laissèrent aller au
désespoir, quand ils connurent le nombre immense des barbares qu’il
leur fallait combattre. Ils s’enfuirent pendant la nuit, et les
Normands, maîtres de cette ville abandonnée, la pillèrent et y
portèrent l’incendie. Poursuivant leurs courses victorieuses, ces
pirates saccagèrent un grand nombre de cités. Peu de seigneurs leur
résistèrent ;

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