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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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quelques règles
générales et même mécaniques ; la sculpture et la peinture surtout se
proposent d’imiter non seulement les formes de la nature, mais encore les
caractères et les passions de l’esprit humain. Dans ces arts sublimes, la
dextérité de la main ne suffit pas ; il faut que l’imagination anime
l’artiste, et que son pinceau soit guidé par le goût le plus correct et par
l’observation la plus exacte.
    Il est presque inutile de remarquer que les discordes
civiles de l’empire, la licence des soldats, les incursions des Barbares, et
les progrès du despotisme, avaient été funestes au génie et même au savoir. Les
paysans d’Illyrie qui montèrent successivement sur le trône, rétablirent la
monarchie sans rétablir les sciences. Leur éducation militaire ne tendait pas à
leur inspirer l’amour des lettres. L’esprit même de ce Dioclétien, si actif, si
propre aux affaires, n’avait point été cultivé par l’étude ni par la
méditation. L’usage de la jurisprudence et de la médecine est si universel,
l’exercice de ces professions est si avantageux, qu’elles seront toujours
embrassées par un nombre suffisant, de personnes assez instruites et douées de
quelques talents. Mais cette période paraît voir produit dans ces deux arts
aucun maître célèbre dont les ouvrages méritent d’être étudiés. La poésie ne
faisait plus entendre sa voix ; l’histoire était réduite à des abrégés
secs et informes également dénués d’agréments et d’instruction. L’éloquence,
sans force à vouer à l’affectation, était d’ailleurs vendue aux empereurs, dont
la munificence n’encourageait que les arts qui pouvaient satisfaire leur
orgueil, ou servir à la défense de leur autorité [1230] .
    Ce siècle, si funeste aux sciences, est cependant marqué par
l’élévation et par les progrès rapides des nouveaux platoniciens. L’école
d’Alexandrie imposa silence à celle d’Athènes. Les anciennes sectes
s’enrôlèrent sous les étendards de quelques enthousiastes, dont les opinions étaient
plus goûtées, et qui appuyaient leur système par une nouvelle méthode et par
l’austérité de leurs mœurs. Plusieurs de ces philosophes, Ammonius, Plotin,
Amelius et Porphyre [1231] ,
étaient des hommes singulièrement appliqués, et absorbés dans de profondes méditations.
Mais comme ils ne connurent point le véritable objet de la philosophie, leurs
travaux servirent bien moins à perfectionner qu’à corrompre l’esprit humain.
Ils négligèrent la morale, les mathématiques et l’étude de la nature, les
connaissances qui conviennent le mieux à notre situation et à nos facultés. Les
nouveaux platoniciens s’épuisaient en disputes de mots sur la métaphysique.
Occupés à découvrir les secrets du monde invisible, ils s’appliquaient à
concilier Platon avec Aristote sur des matières. aussi peu connues. de ces
philosophes que du reste des mortels; et, tandis qu’ils consumaient leur raison
dans des méditations profondes, mais illusoires, leur esprit demeurait exposé à
toutes les chimères de l’imagination. Ils prétendaient posséder l’art de
dégager l’âme de sa prison corporelle ; ils se vantaient d’avoir un commerce
familier avec les esprits et avec les démons ; et, par une révolution bien
étrange, l’étude de la philosophie était devenue l’étude de la magie. Les
anciens sages avaient méprisé la superstition du peuple : après en avoir
déguisé l’extravagance sous le voile léger de l’allégorie, les disciples de
Plotin et de Porphyre s’en montrèrent les plus zélés défenseurs. Comme ils
s’accordaient avec les chrétiens sur quelques points mystérieux de la foi, ils
attaquèrent les autres parties de leur système théologique avec toute la fureur
des guerres civiles. Les nouveaux platoniciens méritent à peine d’occuper une
place dans l’histoire des sciences ; mais on les voit très souvent paraître
dans celle de l’Église.

Chapitre XIV
Troubles après l’abdication de Dioclétien. Mort de Constance. Élévation de
Constantin et de Maxence. Six empereurs dans le même temps. Mort de Maximien et
de Galère. Victoires de Constantin sur Maxence et sur Licinius. Réunion de
l’empire sons l’autorité de Constantin.
    LE SYSTÈME d’administration qu’avait établi Dioclétien,
perdit son équilibre dès qu’il ne fut plus soutenu par la main ferme et adroite
du fondateur. Ce système exigeait un

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