Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
ses peuples
les maux d’une guerre civile. Les deux Césars élus par Galère convenaient bien
mieux à ses vues ambitieuses : il paraît que leur principale recommandation
consistait dans leur peu de mérite et de considération personnelle. L’un d’eux,
fils d’une sœur de Galère, se nommait Daza, ou, comme on l’appela dans la
suite, Maximin. Il était jeune, sans expérience ; ses manières et son langage
décelaient l’éducation rustique qu’il avait reçue. Quels furent son étonnement
et celui de tout l’empire, lorsque après avoir reçu la  pourpre des mains de
Dioclétien, il fut élevé à la dignité de César ; et qu’on lui confia le
commandement suprême de l’Égypte et de la Syrie [1235]  ! Dans le
même instant, Sévère, serviteur fidèle, bien que livré aux plaisirs, et qui ne
manquait pas de capacité pour les affaires, se rendit à Milan, où Maximien lui
remit à regret les ornements de César et la possession de l’Italie et de
l’Afrique [1236] .
Selon les formes de la constitution, Sévère reconnut la suprématie de
l’empereur d’Occident ; mais il demeura entièrement dévoué aux ordres de
son bienfaiteur Galère, qui, se réservant les provinces situées entre les
confins de l’Italie et ceux de la Syrie, établit solidement son autorité sur
les trois quarts de l’empire. Persuadé que la mort de Constance le rendrait
bientôt seul maître de univers romain ; Galère avait déjà, dit-on, réglé dans
son esprit l’ordre d’une longue succession de princes, et il comptait, après
avoir accompli vingt années d’un règne glorieux, passer tranquillement le reste
de ses jours dans la retraite [1237] .
    Mais en moins de dix-huit mois deux révolutions inattendues
détruisirent ses vastes projets. L’espoir qu’avait Galère de réunir à ses
domaines les provinces occidentales fut renversé par l’élévation de Constantin,
et bientôt la révolte et les succès de Maxence lui enlevèrent l’Italie et
l’Afrique.
    La réputation de Constantin a rendu intéressantes aux yeux
de la postérité les plus petites particularités de sa vie et de ses actions. Le
lieu de sa naissance et la condition de sa mère Hélène sont devenus un sujet de
dispute, non seulement parmi les savants, mais encore parmi les nations. Malgré
la tradition récente qui donne pour père à Hélène un roi de la Bretagne, nous
sommes forcé d’avouer qu’elle était fille d’un aubergiste [1238] . D’un autre
côté, nous pouvons défendre la légitimité de son mariage contre ceux qui l’ont
regardée comme la concubine de Constance [1239] .
Constantin le Grand naquit, selon toute apparence, à Naissus, ville de la Dacie [1240] . Il n’est pas
étonnant que dans une province, et au sein d’une famille distinguée seulement
par la profession des armes, il n’ait point cultivé son esprit, et qu’il ait
montré, dès ses premières années, peu de goût pour les sciences [1241] . Il avait
environ dix-huit ans lorsque son père fut nommé César [en 293]  ;
mis cet heureux événement fut accompagné du divorce de sa mère ; et
l’éclat d’une alliance impériale réduisit le fils d’Hélène à un état de
disgrâce et d’humiliation. Au lieu de suivre Constance en Occident il resta au
service de Dioclétien. L’Égypte et la Perse furent le théâtre de ses exploits,
et il s’éleva par degrés au rang honorable de tribun de la première classe. Constantin
avait la taille haute et l’air majestueux ; il était adroit dans tous les
exercices du corps ; intrépide à la guerre, affable en temps de paix ;
dans toutes ses actions, la prudence tempérait le feu de la jeunesse ; et,
tant que l’ambition occupa son esprit, il se montra froid et insensible à
l’attrait du plaisir. La faveur du peuple et des soldats qui le déclaraient
digne du rang de César, ne servit qu’à enflammer la jalousie inquiète de
Galère ; et quoique ce prince n’osât point employer ouvertement la
violence, un monarque absolu manque rarement de moyens pour se venger d’une
manière sûre et secrète [1242] .
Chaque instant augmentait le danger de Constantin et l’inquiétude de son père,
qui, par des lettres multipliées, marquait le désir le plus vif d’embrasser son
fils. La politique de Galère lui suggéra pendant quelque temps des excuses et
des motifs de délai ; mais il ne lui était plus possible de rejeter une
demande si naturelle de son associé, sans maintenir son

Weitere Kostenlose Bücher