Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
refus par les armes.
Enfin, après bien, des difficultés, Constantin eût la permission de partir, et
sa diligence incroyable déconcerta les mesures [1243] que l’empereur
avait prises, peut-être, pour intercepter un voyage dont il redoutait avec
raison les conséquences. Quittant le palais de Nicomédie pendant la nuit, le
fils de Constance traversa en poste la Bithynie, la Thrace, la Dacie, la
Pannonie, l’Italie et la Gaule, au milieu des acclamations du peuple, et il
arriva au port de Boulogne au moment même où son père se préparait à passer en
Bretagne [1244] .
    L’expédition de Constance dans cette île, et une victoire
facile qu’il remporta sur les Barbares de la Calédonie, furent les derniers
exploits de son règne. Il expira dans le palais impérial d’York, près de
quatorze ans et demi après qu’il eut été revêtu de la dignité de César [25
juillet 306] . Il n’avait jouit que quinze mois du rang d’Auguste. Sa mort
fut suivie immédiatement de l’élévation de Constantin. Les idées de succession
et d’héritage sont si simples, qu’elles paraissent presque à tous les hommes
fondées non seulement sur la raison, mais encore sur la nature elle-même. Notre
imagination applique facilement au gouvernement des États les principes adoptés
pour les propriétés particulières ; et toutes les fois qu’un père vertueux
laisse après lui un fils dont le mérite semble justifier l’estime du peuple ou
seulement ses espérances, la double influence du préjugé et de l’affection agit
avec une force irrésistible. L’élite des armées d’Occident avait suivi
Constance en Bretagne. Aux troupes nationales se trouvait joint un corps
nombreux d’Allemands, qui obéissaient à Grocus, un de leurs chefs héréditaires [1245] . Les partisans
de Constantin inspirèrent avec soin aux légions une haute idée de leur
importance, et ils ne manquèrent pas de les assurer que l’Espagne, la Gaule et
la Bretagne, approuveraient leur choix. Ils demandaient aux soldats s’ils
pouvaient balancer un moment entre l’honneur de placer à leur tête le digne
fils du prince qui leur avait été si cher, et, la honte d’attendre patiemment
l’arrivée de quelque étranger obscur, que le souverain de l’Asie daignerait
accorder aux armées, et aux provinces de l’Occident. On insinuait en même temps
que la gratitude et la générosité tenaient une place distinguée parmi les
vertus de Constantin. Ce prince adroit eût soin de ne se montrer aux troupes
que lorsqu’elles furent disposées à le saluer des noms d’Auguste et d’empereur.
Le trône était l’objet de ses désirs, et le seul asile où il pût être en
sûreté, quand même il eût été moins dirigé par l’ambition. Connaissant le
caractère et les sentiments de Galère, il savait assez que s’il voulait vivre,
il devait se déterminer à régner. La résistance convenable et même opiniâtre
qu’il crut devoir affecter [1246] avait pour objet de justifier son usurpation ; et il ne céda aux acclamations
de l’armée, que lorsqu’elles lui eurent fourni la matière convenable d’une
lettre qu’il envoya aussitôt à l’empereur d’Orient. Constantin lui apprend
qu’il a eu le malheur de perdre son père ; il expose modestement ses droits
naturels à le succession de Constance, et il déplore, en termes bien
respectueux, la violence affectueuse des troupes, qui ne lui a pas permis de
solliciter la pourpre impériale d’une manière régulière et conforme à la
constitution. Les premiers mouvements de Galère furent ceux de la surprise, du
chagrin et de la fureur ; et comme il savait rarement commander à ses
passions, il menaça hautement le député de le livrer aux flammes avec la lettre
insolente qu’il avait apportée. Mais son ressentiment s’apaisa par degrés. Lorsqu’il
eut calculé les chances incertaines de la guerre ; lorsqu’il eut pesé le
caractère et les forces de son compétiteur, il consentit à profiter de
l’accommodement honorable que la prudence de Constantin lui avait offert. Sans
condamner et sans ratifier le choix de l’armée de Bretagne, Galère reconnut le
fils de son ancien collègue pour souverain des provinces situées au-delà des
Alpes ; mais il lui accorda seulement le titre de César ; et il ne lui
donna que le quatrième rang parmi les princes romains : ce fut son favori,
Sévère qui remplit le poste vacant d’Auguste. L’harmonie de l’empire parut
toujours

Weitere Kostenlose Bücher