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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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existé
entre le caractère de ces deux princes, dont l’habileté politique surpassa les
talents militaires, et dont les qualités spécieuses furent moins l’effet de la
nature que celui de l’art. L’abdication de Charles paraît avoir été déterminée
par les vicissitudes de la fortune. Le chagrin de voir échouer ses projets
favoris lui fit prendre le parti de résigner une puissance qu’il ne trouvait
pas proportionnée à son ambition. Le règne de Dioclétien, au contraire, avait
été marqué par des succès continuels. Ce ne fut qu’après avoir triomphé de tous
ses ennemis, et accompli tous ses desseins, qu’il paraît s’être occupé
sérieusement de quitter l’empire. Ni Charles ni Dioclétien n’avaient atteint un
âge bien avancé lorsqu’ils descendirent du trône, puisque l’un n’avait encore
que cinquante-cinq ans, et l’autre cinquante-neuf seulement. Mais la vie active
de ces princes, leurs guerres, leurs voyages, les soins de la royauté, et leur
application aux affaires avaient affaibli leur constitution ; ils
ressentaient déjà les infirmités d’une vieillesse prématurée [1214] .
    Malgré la rigueur d’un hiver pluvieux et très froid,
Dioclétien quitta l’Italie fort peu de temps après la cérémonie de son
triomphe. Il prit sa route par la province de l’Illyrie pour se rendre en
Orient. L’inclémence de la saison et les fatigues du voyage lui causèrent
bientôt une maladie de langueur. Quoiqu’il ne marchât qu’à petites journées, et
qu’il fût porté dans une litière fermée, son état était devenu très alarmant,
lorsqu’il arriva vers la fin de l’été à Nicomédie. Il ne sortit, point de son palais
durant tout l’hiver. Le danger de ce prince inspirait un intérêt général et
sincère ; mais le peuple ne pouvait juger des variations de sa santé que
par la consternation ou par la joie peintes tour à tour sur le visage des
courtisans. Le bruit se répandit, pendant quelque temps, qu’il avait rendu les
derniers soupirs. L’opinion générale était qu’on cachait sa mort pour prévenir
les troubles en l’absence du César Galère. A la fin cependant Dioclétien parut
encore une fois en public le 1 er mars, mais si pâle et si exténué,
que ceux avec lesquels il avait vécu le plus familièrement auraient eu de la
peine à le reconnaître. Il était temps de finir le combat pénible qu’il avait
soutenu pendant plus d’une année pour accorder le soin de sa conservation avec
les devoirs de son rang. Sa santé exigeait qu’il suspendît ses travaux ;
sa dignité lui imposait la loi de veiller du sein de la maladie à
l’administration d’un grand empire. Il résolut de finir ses jours dans un repos
honorable, de placer sa gloire hors de la portée des traits de la fortune, et
de laisser le théâtre du monde à des princes plus jeunes et plus actifs [1215] .
    La cérémonie de son abdication eut lieu dans une grande
plaine, à trois milles environ de Nicomédie, où s’étaient assemblés les soldats
et le peuple. L’empereur, monté sur un tribunal élevé, leur déclara son
intention dans un discours rempli de raison et de noblesse. Dès qu’il eut ôté
le manteau de pourpre, il se déroba aux regards de la multitude frappée
d’étonnement ; et, traversant la ville dans un chariot couvert, il prit
aussitôt la route de Salone, sa patrie, qu’il avait choisie pour sa retraite.
Le même jour, qui était le 1 er de mai [1216] [305] ,
Maximien, comme ils en étaient convenus, résigna la dignité impériale dans la
ville de Milan. C’était au milieu de son triomphe que Dioclétien avait formé le
projet d’abdiquer le gouvernement. Voulant dès lors s’assurer de l’obéissance
de Maximien, il en avait exigé une assurance générale qu’il soumettrait toutes
ses actions à l’autorité de son bienfaiteur, ou une promesse particulière qu’il
descendrait du trône au premier signal, et lorsqu’on lui en donnerait
l’exemple. Un pareil engagement, quoique confirmé par un serment solennel
devant l’autel de Jupiter Capitolin [1217] ,
n’aurait point eu assez de force pour contenir le caractère violent d’un prince
dont la passion était l’amour du pouvoir, et qui n’ambitionnait ni le repos
pour la fin de sa vie, ni la gloire après sa mort; mais il céda quoique avec
répugnance, à l’ascendant qu’avait pris sur lui un collègue plus sage ; et
il se retira immédiatement après son abdication, dans une

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