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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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servait au luxe et à la santé. Le sol est sec et
fertile ; l’air pur et salubre. Quoique extrêmement chaud pendant l’été,
le pays éprouve rarement ces vapeurs étouffantes et nuisibles que les vents
amènent sur la côte de l’Istrie et dans quelques parties de l’Italie. Les
superbes vues du palais ne contribuent pas moins que la beauté du climat à
rendre ce séjour agréable. Du côté de l’occident on découvre le fertile rivage
qui s’étend le long du golfe Adriatique. Les petites îles dont cette partie de
la mer est parsemée, lui donnent l’air d’un grand lac. Au nord du bâtiment est
située la baie qui menait à l’ancienne ville de Salone. La contée que l’on
aperçoit au-delà, forme un heureux contraste avec cette immense perspective qui
s’ouvre à l’orient et au midi sur les eaux de la mer Adriatique. La vue est
terminée vers le nord par de hautes montagnes placées à une distance
avantageuse, et couvertes en quelques endroits de vignes, de bois et de
villages [1224] .
    Quoique Constantin, par un motif facile à pénétrer, ait
affecté de mépriser le palais de Dioclétien [1225] , cependant un
de ses successeurs qui n’a pu le voir que dans un état de décadence, en parle
avec la plus grande admiration [1226] .
Ce palais renfermait un espace de neuf à dix acres anglaises. Il était de forme
quadrangulaire et flanqué de seize tours. Deux des côtés avaient prés de six
cents pieds de longueur, et les deux autres environ sept cents. Tout l’édifice
avait été construit en pierres de taille tirées des carrières voisines de Trau
ou Tragutium, et presque aussi belles que le marbre. Quatre rues, qui se
coupaient à angles droits, divisaient les différentes parties de ce vaste
bâtiment. L’appartement principal s’annonçait par une entrée magnifique, que
l’on appelle encore la porte dorée . Le vestibule menait à un péristyle
de colonnes de granit, où l’on voyait d’un côté le temple carré d’Esculape, et
de l’autre le temple octogone de Jupiter. Dioclétien adorait le dernier de ces
dieux comme l’auteur de sa fortune, et le premier comme le protecteur de sa
santé. En comparant les restes de ce palais avec les préceptes de Vitruve, il
paraît que les différentes parties de l’édifice, les bains, la chambre à
coucher, le vestibule, la basilique, les salles cyzicène, égyptienne et
corinthienne, ont été décrites avec précision, ou du moins d’une manière
vraisemblable. Les formes de ces édifices étaient variées, les proportions
justes ; mais il existait dans leur construction particulière deux défauts
qui choquent singulièrement nos idées de goût et de convenance. Ces salles
magnifiques n’avaient ni fenêtres ni cheminées. Elles recevaient le jour d’en
haut (car le bâtiment semble n’avoir eu qu’un étage), et des tuyaux placés le
long des murs servaient à les échauffer. Les principaux appartements étaient
garantis du côté du sud-ouest par un portique long de cinq cent dix-sept pieds
et qui devait former une superbe promenade, lorsque les beautés de la vue se
trouvaient jointes à celles de la peinture et de la sculpture.
    Si ce magnifique édifice eût été construit dans un pays
solitaire, il aurait été exposé au ravage du temps ; mais peut-être
aurait-il échappé à l’industrie destructive de l’homme. Ses débris ont servi à
bâtir le village d’Aspalathe [1227] et, longtemps après, la ville de Spalatro. La porte dorée conduit maintenant
dans le marché public. Saint Jean-Baptiste a usurpé les honneurs d’Esculape, et
le temple de Jupiter est converti en église cathédrale, sous l’invocation de la
Vierge. Nous sommes principalement redevables de la  description du palais de
Dioclétien à un artiste anglais de notre siècle, qu’une curiosité bien louable
a transporté dans le cœur, de la Dalmatie [1228] .
Cependant nous nous avons lieu de croire que l’élégance de ses dessins et de
ses gravures a un peu flatté les objets qu’il avait intention de représenter.
Un voyageur plus moderne et très judicieux nous assure que les ruines
majestueuses de Spalatro n’attestent pas moins la décadence des arts que la
grandeur romaine sous le règne de Dioclétien [1229] . Si
l’architecture éprouvait ces symptômes de décadence, nous devons naturellement
imaginer que la peinture et la sculpture se ressentaient encore plus de la
corruption du siècle. L’architecture est subordonnée à

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