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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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sceptre
entre les mains d’un prince qui, par le lieu de sa résidence, et par ses
maximes de gouvernement, méritât désormais de reprendre le titre d’empereur
romain. Le nom et la situation de Maxence déterminèrent en sa faveur
l’enthousiasme du peuple.
    Maxence, fils de l’empereur Maximien, avait épousé la fille de
Galère. Ce mariage et sa naissance semblaient lui frayer le chemin au
trône ; mais ses vices et son incapacité le firent exclure de la dignité
de César, que, par une dangereuse supériorité de talent, Constantin avait
mérité de ne pas obtenir. Galère voulait des associés qui ne pussent ni
déshonorer le choix de leur bienfaiteur ni résister à ses ordres. Un obscur
étranger fut donc nommé souverain de l’Italie, et on laissa le fils du dernier
empereur, redescendu a l’état de simple particulier, jouir de tous les
avantages de la fortune dans une maison de campagne, à quelques milles de Rome.
Les sombres passions de son âme, la honte, le dépit et la rage furent
enflammées par l’envie, lorsqu’il apprit les succès de Constantin. Le
mécontentement public ranima bientôt les espérances de Maxence. On lui persuada
facilement d’unir ses injures et ses prétentions personnelles avec la cause du
peuple romain. Deux tribuns des gardes prétoriennes et un intendant des
provisions furent l’âme du complot ; et comme tous les esprits
concouraient au même but, l’événement ne fut ni douteux ni difficile. Les
gardes massacrèrent le préfet de la ville et un petit nombre de magistrats qui
restaient attachés à Sévère. Maxence, revêtu de la pourpre, fut déclaré au
milieu des applaudissements du sénat et du peuples protecteur de la dignité et
de la liberté romaine [28 octobre 306] . On ne sait si Maximien avait été
informé de la conspiration avant qu’elle éclatât, mais, dès que l’étendard de
la révolte eut été arboré dans Rome, le vieil empereur sortit tout à coup de la
retraite où l’autorité de Dioclétien l’avait condamné à mener tristement une
vie solitaire. Lorsque Maximien parut de nouveau sur la scène, il cacha son
ambition sous le voile de la tendresse paternelle. A la sollicitation de son
fils et du sénat, il voulut bien reprendre la pourpre. Son ancienne dignité,
son expérience, sa réputation dans les armes, donnèrent de l’éclat et de la
force au parti de Maxence [1252] .
    L’empereur Sévère, pour suivre l’avis ou plutôt les ordres
de son collègue, se rendit en diligence à Rome, persuadé que la promptitude
inattendue de ses mesures dissiperait facilement le tumulte d’une populace
timide, dirigée, par un jeune débauché. Mais à son arrivée il trouva les portes
de la ville fermées, les murs couverts d’hommes et de machines de guerre, et
les rebelles commandés par un chef expérimenté. Les troupes même de l’empereur
manquaient de courage ou d’affection. Un détachement considérable de Maures,
attiré par la promesse d’une grande récompense, passa du côté de l’ennemi, et
s’il est vrai que ces Barbares eussent été levés par Maximien dans son
expédition en Afrique, ils préférèrent les sentiments naturels de la
reconnaissance aux liens artificiels d’une fidélité promise. Le préfet du
prétoire, Anulinus, se déclara pour Maxence, et il entraîna avec lui la plus
grande partie des soldats accoutumés à recevoir ses ordres. Rome, selon
l‘expression d’un orateur, rappela ses armées ; et l’infortuné Sévère sans
force et sans conseil, se retira ou plutôt s’enfuit avec précipitation à
Ravenne. Il pouvait y être pendant quelque temps en sûreté. Les marais qui
environnaient cette ville suffisaient pour empêcher l’approche de l’armée
d’Italie, et les fortifications de la place étaiént capables de résister à ses
attaques. La mer, que Sévère tenait avec une flotte puissante, assurait ses
approvisionnements, et ouvrait ses ports aux légions d’Illyrie et des provinces
orientales qui, au retour du printemps, auraient marché à son secours.
Maximien, qui conduisait le siége en personne, redoutait les suites d’une
entreprise gui pouvait consumer son temps et son armée. Persuadé, qu’il n’avait
rien à espérer de la force et de la famille, il eut recours à des moyens qui
convenaient bien moins à son caractère qu’à celui de son ancien collègue ;
et ce ne fut pas tant contre les murs de Ravenne que contre l’esprit de Sévère
qu’il dirigea

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