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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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subsister, et Constantin, qui possédait déjà le réel de l’autorité
suprême, attendit patiemment l’occasion d’en obtenir les honneurs.
    Constance avait eu de son second mariage six enfants :
trois fils et trois filles [1247] .
Leur extraction impériale semblait devoir être préférée à la naissance plus
obscure du fils d’Hélène. Mais Constantin, âgé pour lors de trente-deux ans,
possédait déjà toute la vigueur de l’esprit et du corps, dans un temps où
l’aîné de ses frères ne pouvait avoir plus de treize ans. L’empereur, en
mourant [1248] ,
avait reconnu et ratifia les droits que la supériorité de mérite donnait à
l’aîné de tous ses fils ; c’était à lui que Constance avait légué le soin
de la sûreté aussi bien que de la grandeur de sa famille, et il l’avait conjuré
de prendre à l’égard des enfants de Théodora les sentiments et l’autorité d’un
père. Leur excellente éducation, leurs mariages avantageux, la vie qu’ils
passèrent tranquillement au milieu des honneurs, et les premières dignités de
l’Etat dont ils furent revêtus, attestent la tendresse fraternelle de
Constantin. D’un autre côté, ces princes, naturellement doux et portés à la
reconnaissance, se soumirent sans peine à l’ascendant de son génie et de sa
fortune [1249] .
    A peine l’ambitieux Galère avait-il pris son parti sur le
mécompte qu’il venait d’essuyer dans la Gaule, que la perte imprévue de
l’Italie blessa de la manière la plus sensible son orgueil et son autorité. La
longue absence des empereurs avait rempli Rome de mécontentement et
d’indignation. Le peuple avait enfin découvert que la préférence donnée aux
villes de Milan et de Nicomédie ne devait point être attribuée à l’inclinaison
particulière de Dioclétien, mais à la fourme constante du gouvernement qu’il
avait institué. En vain ses successeurs, peu de mois après son abdication,
avaient-ils élevé, au nom de ce prince, ces bains magnifiques dont la vaste
enceinte renferme aujourd’hui un si grand nombre d’églises et de couvents [1250] , et dont les
ruines ont servi de matériaux à tant d’édifices modernes : les murmures
impatients des Romains troublèrent la tranquillité de ces élégantes retraites,
siége du luxe et de la mollesse. Le bruit se répandit insensiblement que l’on
viendrait bientôt leur redemander les sommes employées à la construction de ces
bâtiments. Vers le même temps, l’avarice de Galère ou peut-être les besoins de
l’État l’avaient engagé à faire une perquisition exacte et rigoureuse des
propriétés de ses sujets, pour établir une taxe générale sur leurs terres et
sur leurs personnes. Il paraît que leurs biens-fonds furent soumis au plus
sévère examen, et, dans la vue d’obtenir une déclaration sincère de leurs
autres richesses, on appliquait à la question les personnes soupçonnées de
quelque fraude à cet égard [1251] .
Les privilèges qui avaient élevé l’Italie au-dessus des autres provinces furent
oubliés. Déjà les policiers du fisc s’occupaient du dénombrement du peuple
romain, et ils commençaient à établir la proportion des nouvelles taxes. Lors
même que l’esprit de liberté a été entièrement éteint, les sujets les plus
accoutumés au joug ont osé quelquefois détendre leurs propriétés contre une
usurpation dont il n’y avait point encore eu d’exemple. Mais ici l’insulte aggrava
l’injure, et le sentiment de l’intérêt particulier fut réveillé par celui de
l’honneur national. La conquête de la Macédoine, comme nous l’avons déjà
observé, avait délivré les Romains du poids des impositions personnelles.
Depuis près de cinq cents ans, ils jouissaient de cette exemption, quoique
durant cette époque ils eussent subi toutes les formes de despotisme. Ils ne
purent supporter l’insolence d’un paysan d’Illyrie, qui, du fond de sa
résidence en Asie, osait mettre Rome au rang des villes tributaires de son
empire. Ces premiers mouvements de fureur furent encouragés par l’autorité, ou
du moins par la connivence du sénat. Les faibles restes des gardes
prétoriennes, qui avaient lieu de craindre une entière dissolution, saisirent
avidement un prétexte si honorable de tirer l’épée, et se déclarèrent prêts à
défendre leur patrie opprimée. Tous les citoyens désiraient, bientôt ils
espérèrent chasser de l’Italie les tyrans étrangers et remettre le

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