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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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doctrine. Le premier
de ces exemples est accompagné de quelques difficultés capables d’embrasser un
esprit sceptique [1674] .
On nous demande de croire que Ponce Pilate informa l’empereur de la sentence de
mort injustement prononcée par lui-même contre un innocent, qui même paraissait
revêtu d’un caractère divin ; que sans avoir le mérite du martyre, il
encourut le danger que Tibère connu, par son mépris affecté pour toute espèce
de religion, conçut aussitôt le dessein de placer le Messie des Juifs parmi les
dieux de Rome ; qu’un sénat, composé d’esclaves, osa à désobéir aux ordres de
son maître que Tibère ; au lieu de s’offenser d’un pareil refus, se
contenta de protéger les chrétiens contre la sévérité des lois, plusieurs
années avant que des lois eussent été portées ; avant que l’Église eût pris un
nom particulier, ou qu’elle eût acquis quelque consistance. Enfin nous serions
forcés de croire que le souvenir de ce fait extraordinaire aurait été conservé
dans des registres publics et très authentiques, qui auraient échappé aux
recherches des historiens de la Grèce et de Rome ; et qu’ils auraient été
connus seulement d’un chrétien d’Afrique, qui composa son Apologétique cent
soixante ans après la mort de Tibère. On prétend que l’édit de Marc-Aurèle fut
l’effet de la dévotion et de la reconnaissance de ce prince pour sa délivrance
miraculeuse dans la guerre des Marcomans. La situation déplorable des légions ;
la pluie qui tomba si à propos, la grêle, les éclairs et le tonnerre, l’effroi
et la défaite des Barbares, ont été célébrés par la plume éloquente de plusieurs
auteurs païens. S’il se trouvait des chrétiens dans l’armée, il était bien
naturel qu’ils attachassent quel que mérite aux prières ferventes qu’ils
avaient offertes, à l’instant du danger, pour leur propre conservation et pour
la sûreté publique. Mais les monuments d’airain et de marbre, les médailles des
empereurs et la colonne Antonine, nous assurent aussi que, ni le prince, ni le
peuple ne furent touchés de ce service signalé, puisqu’ils attribuèrent leur
salut à la providence de Jupiter et à l’intervention de Mercure. Durant tout le
cours de son régner, Marc-Aurèle, méprisant les chrétiens comme philosophe, les
punit comme souverain [1675] .
    Par une fatalité singulière, les maux qu’ils endurés sous le
gouvernement d’un prince vertueux, cessèrent tout à coup à l’avènement d’un
tyran ; et, comme ils avaient seuls éprouvé l’injustice de Marc-Aurèle,
ils furent seuls piégés par la douceur de Commode. La célèbre Marcia, qui
tenait le premier rang parmi ses concubines, et qui finit par conspirer contre
les jours de son amant, avait conçu une affection particulière pour l’Église
opprimée ; et quoiqu’il ne lui eût pas été possible de concilier la
pratique du vice avec les préceptes de l’Évangile, elle pouvait se flatter
qu’elle expierait les faiblesses de son sexe et de sa profession, en se
déclarant patronne des chrétiens [1676] .
Sous la protection de Marcia, ils passèrent en sûreté les treize années d’une
tyrannie cruelle et lorsque l’empire eut été établi dans la maison de Sévère,
ils formèrent avec la nouvelle cour des liaisons particulières, mais plus
honorables. On avait persuadé à l’empereur que, dans une maladie dangereuse, il
avait tiré quelque secours, soit physique, soit spirituel, de l’huile sainte
dont il avait été oint par un de ses esclaves. Il traita toujours avec une
distinction particulière plusieurs personnes de l’un et de l’autre sexe, qui
avaient embrassé la nouvelle religion. La nourrice et le précepteur de
Caracalla étaient chrétiens, et si ce jeune prince montra jamais quelque
sentiment d’humanité, ce fut dans une circonstance peu intéressante en
elle-même, mais qui avait rapport à la cause du christianisme [1677] . Sous le règne
de Sévère, la fureur de la populace fut réprimée, et la rigueur des anciennes
lois suspendue pendant quelque temps. Les gouverneurs des provinces, se
contentèrent d’un présent annuel, que les Églises de leurs districts leur
donnaient, comme le prix ou comme la récompense de leur modération [1678] . La dispute qui
s’éleva au sujet du temps précis où l’on devait célébrer la fête de Pâques arma
les évêques de l’Italie et de l’Asie, les uns contre les autres ; et il de

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