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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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précédente fût entièrement acquittée,
l’accablante machine des finances était dirigée, pendant toute l’année, par les
mêmes mains. Tout ce qu’il y avait d’important et d’honorable dans cette
administration était confié à la sagesse des préfets et de leurs représentants
dans les provinces. Une foule d’officiers d’un rang inférieur en réclamaient
les fonctions lucratives ;  les uns dépendaient du trésorier, les autres du
gouverneur de la province ; et, dans les inévitables conflits d’une
juridiction incertaine, ils trouvaient tous de fréquentes occasions de se
disputer les dépouilles du peuple. Les emplois pénibles, qui n’étaient
susceptibles de produire que la haine du peuple, des reproches, des dangers et
des dépenses, étaient donnés aux décurions [1948] , qui formaient
les corporations des villes, et que la sévérité des lois impériales avait
condamnés à soutenir le poids de la société civile [1949] . Toutes les
terres de l’État, sans en excepter les patrimoines de l’empereur, étaient
assujetties à la taxe ordinaire, et chaque nouveau propriétaire était tenu des
dettes de l’ancien. Un cens ou cadastre exact était [1950] le seul moyen
équitable de figer ce que chaque citoyen devait pour sa contribution au service
public, et, d’après la période bien connue des indictions , il paraît que
cette opération difficile et dispendieuse se répétait régulièrement tous les
quinze ans. des inspecteurs envoyés dans les provinces arpentaient toutes les
terres. On désignait dans les registres l’espèce de la culture, comme terres
labourables, pâturages, vignes ou bois, et l’on en estimait la valeur moyenne,
d’après le revenu de cinq ans. Le nombre des esclaves et des troupeaux faisait
une partie essentielle du rapport. Les propriétaires étaient contraint de
déclarer tout ce qu’ils possédaient, et d’affirmer par serment la vérité de
leur déclaration ; on faisait les recherches les plus minutieuses contre toute
tentative qui aurait eu pour but d’éluder l’intention du législateur, et la
moindre prévarication était punie comme un crime capital qui joignait le sacrilège
au crime de lèse-majesté [1951] .
Une forte partie du tribut devait être payée en espèces de la monnaie courante
dans l’empire, et l’on ne recevait que la monnaie d’or [1952] . Le reste de la
taxe déterminée par l’indiction de l’année devait être fourni d’une manière
encore plus directe et plus vexatoire. Les produits réels des différentes
terres qui, selon leur nature, devaient fournir du vin ou de l’huile, du blé ou
de l’orge, du bois ou du fer, devaient être conduits par les propriétaires, ou
au moins à leurs frais, dans les magasins impériaux, d’où ils étaient ensuite
distribués, selon le besoin, pour l’usage de la cour, de l’armée et des deux
capitales, Rome et Constantinople [1953] .
Les commissaires du trésor étaient si souvent forcés de très gros achats,
malgré le produit de l’indiction, qu’il leur était expressément défendu
d’accorder la moindre remisse sur l’impôt en nature, ou d’en accepter même la
valeur en argent. Dans la simplicité primitive d’une petite communauté, cette
méthode peut servir à recueillir les dons presque volontaires du peuple ;
mais, susceptible à la fois de beaucoup d’abus d’une part, et de beaucoup de
rigueur de l’autre, elle expose, dans un gouvernement despotique et corrompu, à
une guerre continuelle entre la fraude et l’oppression [1954] . La culture des
provinces romaines fut détruite peu à peu, et les progrès du despotisme, qui
tend toujours à sa propre ruine, obligèrent l’empereur à se faire un mérite
envers ses sujets de la remise des dettes ou des tributs qu’il leur était
impossible de payer. Dans la nouvelle division de l’Italie, l’heureuse et
fertile province de la Campanie, ce théâtre des premières victoires de Rome,
et, depuis la délicieuse retraite d’un grand nombre de citoyens, s’étendait
entre la mer et l’Apennin, depuis le Tibre jusqu’au Silare . Environ
soixante ans après la mort de Constantin, on fut obligé, d’après une nouvelle
inspection faite avec soin sur les lieux, d’exempter de tout tribut trois cent
trente mille acres de terres incultes et désertes, composant un huitième de la
province. Cette étonnante désolation, constatée par les lois, ne peut-être
attribuée qu’à la mauvaise

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