Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
armée dévastatrice, le vieil empereur entreprit
la campagne en personne ; mais en cette occasion, son habileté ou sa fortune
répondit mal à la gloire qu’il avait acquise dans tant de guerres civiles et
étrangères. Il eut la mortification de voir fuir ses troupes devant une poignée
de Barbares, qui les poursuivaient jusqu’à l’entrée de leur camp fortifié, et
les obligèrent à chercher leur sûreté dans une fuite prompte et ignominieuse.
L’événement d’une seconde bataille rétablit l’honneur des armés romaines :
après un  combat long et opiniâtre, l’art et la discipline l’emportèrent sur
les efforts d’une valeur irrégulière. L’armée vaincue des Goths abandonna le
champ de bataille et la province dévastée, et renonça au passage du Danube, et
quoique le fils aîné de Constantin eût tenu dans cette journée la place de son
père, on attribua aux heureux conseils de l’empereur tout le mérite et
l’honneur de la victoire, qui répandu une joie universelle.
    Il sait au moins en tirer avantage par ses négociations avec
les peuples libres et guerriers de la Chersonèse [2018] , dont la
capitale, située sur la côte occidentale de la Crimée, conservait quelques
vestiges d’une colonie grecque. Elle était gouvernée par un magistrat
perpétuel, aidé d’un conseil de sénateurs pompeusement appelés les pères de la
cité. Les habitants de la Chersonèse étaient irrités contre les Goths par le souvenir
des guerres que dans le siècle précédent ils avaient soutenues, avec des forces
inégales, contre les usurpateurs de leur pays. Liés avec les Romains par les
avantages d’un commerce d’échange, ils  recevaient des provinces d’Asie des
blés et des objets d’industrie, et les payaient avec le produit de leur sol,
qui consistait en cire, en sel et en cuirs. Dociles à la réquisition de
Constantin, ils préparèrent, sous la conduite de leur magistrat Diogène, une
nombreuse armée, dont la principale force consistait en chariots de guerre et
en arbalétriers. Leur marche prompte et leur attaque intrépide partagèrent
l’attention des Goths et facilitèrent les opérations des généraux de l’empire.
Les Goths, vaincus de tous les côtés,  furent chassés dans les montagnes. On
fait monter à cent mille le nombre de ceux qui y périrent de faim et de froid
dans le cours de cette désastreuse campagne. La paix fut enfin accordée à leurs
humbles supplications. Alaric donna son fils aîné comme le plus précieux otage
qu’il pût offrir, et Constantin essaya de prouver aux chefs, en les comblant
d’honneurs et de récompenses, que l’alliance des Romains valait mieux que leur
inimitié. Plus magnifique encore dans les preuves qu’il donna de sa
reconnaissance aux fidèles Chersonites, il flatta l’orgueil de la nation par
les décorations brillantes et presque royales dont il revêtit leur magistrat et
ses successeurs. Leurs vaisseaux de commerce furent exempts de tous droits dans
les ports de la mer Noire, et on leur accorda un subside régulier de fer, de
blé, d’huile et de tout ce qui peut être utile, dans le temps de paix, ou de
guerre. Mais on jugea que les Sarmates étaient suffisamment récompensés, par
leur délivrance du danger pressant qui les menaçait ; et l’empereur, poussant
peut-être trop loin l’économie, réduisit une partie des frais de la guerre de
la gratification qu’on avait coutume d’accorder à cette nation turbulente.
    Irrités de ce mépris apparent, les Sarmates oublièrent, avec
la légèreté ordinaire aux Barbares le service qu’on venait de leur rendre, et
les dangers qui les menaçaient encore. De nouvelles incursions sur le
territoire de l’empire excitèrent l’indignation de Constantin et le
déterminèrent a les abandonner à leur destinée ; il ne s’opposa plus à
l’ambition de Gerberic, guerrier renommé, qui venait de monter sur le trône des
Goths. Wisumar, roi vandale, quoique seul et sans secours, défendit son royaume
avec un courage  intrépide ; une bataille décisive lui enleva la victoire avec
la vie, et moissonna la fleur de la jeunesse sarmate. Ce qui restait de la
nation prit le parti désespéré d’armer tous les esclaves, composés d’une race
robuste de pâtres et de chasseurs. A l’aide de ce ramas confus de troupes
indisciplinées, ils vengèrent leur défaite, et chassèrent les usurpateurs hors
de leurs frontières. Mais ils s’aperçurent bientôt qu’ils n’avaient

Weitere Kostenlose Bücher