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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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orgueilleux qui avait longtemps dirigé les conseils et abusé de la
confiance du dernier empereur. Mais on conçoit aisément, les arguments qu’ils
durent employer pour obtenir le concours du peuple et de l’armée. Ils en
trouvèrent dont ils pouvaient se servir avec autant de décence que de vérité, dans
la supériorité de rang due aux enfants de Constantin, dans le danger de
multiplier les souverains, et dans les malheurs dont la république était
menacée par la discorde inévitable de tant de princes rivaux, qui n’étaient
point liés par la sympathie de l’affection fraternelle. Cette intrigue,
conduite avec zèle, fut tenue secrète jusqu’au moment où l’armée fut amenée à
déclarer d’une voix bruyante et unanime qu’elle ne souffrirait pour souverains
dans l’empire que les fils du monarque qu’elle regrettait [2022] . Le jeune
Dalmatius, auquel on accorde des talents presque égaux à ceux de Constantin le
Grand, était lié avec ses cousins d’amitié autant que d’intérêt. Il ne semble
pas qu’il ait pris en cette occasion aucune mesure pour soutenir par les armes
les droits que lui et le prince son frère tenaient de la libéralité de leur
oncle. Étourdis et accablés des cris d’une populace en fureur, ils ne pensèrent
ni à faire résistance ni à s’échapper des mains de leurs implacables ennemis.
Leur sort demeura incertain jusqu’à l’arrivée de Constance, le second et
peut-être le plus chéri des fils de Constantin [2023] .    
    La voix de l’empereur mourant avait recommandé le soin de
ses funérailles à la piété de Constance ; et ce prince, par la proximité de sa
résidence en Orient, pouvait aisément prévenir l’arrivée de ses frères, dont
l’un était en Italie et l’autre dans les Gaules. Quand il eut pris possession
du palais de Constantinople, son premier soin fut de tranquilliser ses cousins
en se rendant caution de leur sûreté par un serment solennel et le second fut
de trouver un prétexte spécieux qui pût soulager sa conscience du poids d’une
si imprudente promesse. La perfidie vint au secours de la cruauté et le plus
odieux mensonge fut attesté par l’homme le plus vénérable par la sainteté de
son ministère. Constance reçut un funeste rouleau des mains de l’évêque de
Nicomédie, et le prélat affirma qu’il contenait le véritable testament de
Constantin. L’empereur y annonçait le soupçon d’avoir été empoisonné par ses
frères ; il conjurait ses fils de venger la mort et de pourvoir à leur propre
sûreté par le châtiment des coupables [2024] .
Quelques raisons que pussent alléguer ces malheureux princes pour défendre leur
vie et leur honneur contre une accusation peu croyable, ils furent réduits au
silence par les clameurs des soldats qui se montrèrent à la fois leurs ennemis,
leurs juges et leurs bourreaux. Les lois et toutes les formes légales de la
justice furent violées par des iniquités multipliées ; dans le massacre général
qui enveloppa les deux oncles de Constance, sept de ses cousins, dont Dalmatius
et Annibalianus étaient les plus illustres, le patricien Optatus, qui avait
épousé la sœur du dernier empereur, et le préfet Ablavius, qui par sa puissance
et par ses richesses, avait conçu l’espoir d’obtenir la pourpre. Nous pourrions
ajouter, si nous voulions augmenter l’horreur de cette scène sanglante, que
Constance avait épousé lui-même la fille de son oncle Julius, et qu’il avait
donné sa sœur en mariage à Annibalianus. Ces alliances, que la politique de
Constantin, indifférente pour le préjugé du peuple [2025] , avait formées
entre les différentes branches de la maison impériale, servirent seulement à
prouver au monde que ces princes étaient aussi insensibles à l’affection
conjugale, qu’ils étaient sourds à la voix du sang et aux supplications d’une
jeunesse innocente. D’une si nombreuse famille, Gallus et Julien, les deux plus
jeunes enfants de Julius Constance, furent seuls dérobés aux mains de ces
assassins féroces jusqu’au moment où leur rage rassasiée de sang commença à se
ralentir. L’empereur Constance, qui, pendant l’absence de ses frères, se
trouvait le plus chargé du crime et du reproche, fit paraître dans quelques
occasions un remords faible et passager des cruautés, que les perfides conseils
de ses ministres et la violence irrésistible des soldats avaient arrachées à sa
jeunesse sans expérience [2026] .
    Le

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