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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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l’amour dédaigné, renouvela dans le palais de Constantin
l’ancienne et tragique histoire de Phèdre et d’Hippolyte [1995] . Comme la fille
de Minos, la fille de Maximien accusa Crispus d’avoir voulu attenter à la
chasteté de la femme de son père ; et elle obtint aisément du jaloux empereur
une sentence de mort contre un jeune prince qu’elle regardait avec raison comme
le plus formidable rival de ses enfants. Mais Hélène, la mère de Constantin,
alors très âgée, déplora et vengea la mort prématurée de Crispus, son
petit-fils. On découvrit bientôt, ou l’on prétendit avoir découvert que Fausta
se livrait à une familiarité criminelle avec un esclave appartenant aux écuries
impériales [1996] .
Sa condamnation et son supplice suivirent immédiatement l’accusation ; on
l’étouffa dans un bain poussé à un degré de chaleur auquel il était impossible
qu’elle résistât [1997] .
Le lecteur croira peut-être que le souvenir d’une union de vingt ans et
l’honneur des héritiers du trône auraient pu adoucir en faveur de leur mère
l’extrême rigueur de Constantin, et lui faire souffrir que sa criminelle épouse
expiât sa faute dans la solitude d’une prison ; mais ce  serait une peine
inutile que d’examiner l’équité de cet arrêt, quand le fait même est accompagné
de circonstances si douteuses et si confuses que nous ne pouvons en affirmer la
vérité. Les accusateurs et les défenseurs de Constantin ont également négligé
deux passages remarquables de deux harangues prononcées sous le règne suivant.
La première célèbre la beauté, la vertu et le bonheur de l’impératrice Fausta,
fille, femme, sœur et mère de tant de princes ; la seconde assure en termes
précis que la mère du jeune Constantin, qui fut tué trois ans après la mort de
son père, vécut pour pleurer la perte de son fils [1998] . Malgré le
témoignage positif de différents auteurs, tant païens que chrétiens, on trouve
encore quelques motifs de croire ou du moins de soupçonner que l’impératrice
échappa à l’aveugle et soupçonneuse cruauté de son mari. Le meurtre d’un fils
et d’un neveu ; le massacré d’un grand nombre d’amis respectables et peut-être
innocents [1999] ,
qui furent enveloppés dans leur proscription, suffisent pour justifier le
ressentiment du peuple romain, et les vers injurieux affichés à la porte du
palais ; où l’on comparait les deux règnes fastueux et sanglants de Néron et de
Constantin [2000] .
    La mort de Crispus semblait ; assurer l’empire aux trois
fils de Fausta, dont nous avons déjà parlé sous les noms de Constantin, de
Constance et de Constans [2001] .
Ces jeunes princes furent successivement revêtus du titre de César ; et
les dates de leurs promotions peuvent être fixées à la dixième, vingtième et
trentième année du règne de leur père [2002] .
Quoique cette conduite tendit à multiplier les maîtres futurs du monde romain,
la tendresse paternelle pourrait ici servir d’excuse ; mais il n’est pas
aussi aisé d’expliquer les motifs de l’empereur, quand il exposa la
tranquillité de ses peuples et la sûreté de ses propres enfants, par l’inutile
élévation de ses neveux Dalmatius et Annibalianus. Le premier obtint le titre
de César et l’égalité avec ses cousins ; et Constantin créa en faveur de
l’autre la nouvelle et singulière dénomination de nobilissime [2003] , à laquelle il
joignit la flatteuse distinction d’une robe tissu de pourpre et d’or. Parmi
tous les princes de l’empire Annibalianus fût seul distingué par le titre de
roi ; nom que les sujets de Tibère auraient détesté comme la plus cruelle
insulte que pût leur faire subir le sacrilège caprice d’un tyran. L’usage de ce
titre odieux sous le règne de Constantin, est un fait inexplicable et isolé,
auquel on peut à peine ajouter foi, malgré les autorités réunies des médailles
impériales et des écrivains contemporains [2004] .
    Tout l’empire prenait le plus grand intérêt à l’éducation de
cinq princes reconnus pour les successeurs de Constantin. On les prépara, par
les exercices du corps, aux fatigués de la guerre, et aux devoirs d’une vie
active. Ceux qui ont eu l’occasion de parler de l’éducation et des talents de
Constance, le représentent comme très habile dans les arts gymnastiques du saut
et de la course, très adroit à se servir d’un arc, à manier un cheval et toutes
les armes d’usage pour 

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