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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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soldats suivraient ses
drapeaux, et que les riches mines d’or et d’argent de cette province
l’aideraient à soutenir les frais de la guerre civile. Il convoqua ses troupes,
et leur proposa cette audacieuse entreprise. Il sut leur inspirer une juste
confiance en elles-mêmes et dans leur général, les exhorta à soutenir la
réputation qu’elles avaient acquise d’être terribles pour les ennemis, douces
avec leurs concitoyens, et dociles a leurs officiers. Son discours, rempli de
forcé, fut reçu avec les plus vives- acclamations ; et les mêmes troupes qui
venaient de prendre les armes contre Constance, parce qu’il avait voulu les
faire sortir de la Gaule, déclarèrent qu’elles étaient prêtes à suivre Julien
aux extrémités de l’Europe ou de l’Asie. Les soldats firent le serment de
fidélité ; frappant à grand bruit sur leurs boucliers, et tournant la pointe de
leurs épées nues contre leur poitrine, ils se dévouèrent, avec d’horribles
imprécations, au service du libérateur de la Gaule et du vainqueur des Germains [2504] . Cet engagement
solennel, qui semblait dicté par l’affection plutôt que par le devoir, ne
rencontra, d’opposition que de la part de Nebridius, récemment reçu préfet du
prétoire. Ce fidèle ministre, sans autre secours, que son courage, défendit les
droits de Constance au milieu des armes d’une multitude irritée, dont il aurait
été la victime honorable et inutile sans la protection de ce-lui qu’il avait
offensé. Après avoir perdu une de ses mains d’un- coup d’épée, il se prosterna
aux pieds de Julien, qui le couvrit de son manteau impérial, lui sauva la vie
et le renvoya chez lui avec moins de considération : peut-être que n’en
méritait la vertu d’un ennemi [2505] .
Salluste remplaça Nebridius dans le poste éminent de préfet du prétoire ; et
les Gaules, soulagées des taxes qui les accablaient, respirèrent sous
l’administration douce autant qu’équitable de l’ami de Julien, libre alors de
pratiquer les vertus qu’il avait inspirées à son élève [2506] .
    Julien comptait moins sur le nombre de ses troupes que sur
la célérité de ses mouvements. Dans L’exécution d’une entreprise hasardeuse, ce
prince n’oubliait aucune des précautions que la prudence pouvait lui suggérer ;
et quand la prudence ne pouvait plus rien, il se liait du reste à sa valeur et
à sa fortune. Il assembla son armée et la divisa dans les environs de Bâle [2507] . Nevitta,
général de la cavalerie, conduisit un corps de dix mille hommes à travers le
cœur des provinces de la Rhétie et de la Norique. Une autre division, sous les
ordres de Jovien et de Jovin, suivit les chemins tortueux qui traversent les
Alpes et les frontières septentrionales de l’Italie. Des instructions claires
et précises enjoignaient à ces généraux de marcher avec diligence et en
colonnes serrées., qui pussent toujours se changer en ordre de bataille selon
les dispositions du terrain ; de se défendre des surprises nocturnes par des
postes avancés et par des gardes vigilantes, de prévenir la résistance par une
arrivée imprévue, d’éviter par de prompts départs qu’on eût le temps de les
reconnaître, de répandre l’opinion de leurs forces et la terreur du nom de
Julien, et de joindre le plus tôt possible leur empereur sous les murs de
Sirmium, Julien s’était réservé la tâche la plus difficile et la plus brillante
; suivi de trois mille volontaires braves et agiles, et qui avaient renoncé,
comme leur chef, à tout espoir de retraite, il s’enfonça dans l’épaisseur de la
forêt Marcienne ou forêt Noire, qui recèle les sources du Danube [2508] ; et pendant
bien des jours, le sort de Julien fut ignoré de l’univers. Le secret de sa
marche, sa diligence et sa viveur, surmontèrent tous- les obstacles. Il
pénétrait à travers les montagnes et les matais, s’emparait des ponts ou
traversait les rivières à la nage, et suivait toujours son chemin en ligne
directe [2509] ,
sans examiner s’il traversait le territoire des Romains ou celui des Barbares.
Il parut enfin entre Vienne et Ratisbonne, dans l’endroit où il se proposait
d’embarquer son armée sur le Danube. Par un stratagème bien concerté, il
s’empara d’une flottille de brigantins [2510] qui étaient à l’ancre, et d’une provision de vivres grossiers, mais suffisants
pour satisfaire l’appétit vorace et peu délicat d’une armée de Gaulois

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