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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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qui
s’abandonnèrent audacieusement au cours du Danube. La vigueur active des
rameurs, aidée d’un vent favorable, porta la flotte à sept cents milles en onze
jours [2511] ; et Julien débarqua ses troupes à Bononia, qui n’est éloignée de Sirmium que
de dix-neuf milles, avant que les ennemis pussent avoir aucun avis certain de
son départ de la Gaule. Dans le cours de sa longue et rapide navigation, Julien
ne s’écarta jamais de son objet principal. Il reçut les députations de quelques
villes qui s’empressèrent de mériter sa faveur par une soumission volontaire ;
mais il passa devant les postes ennemis qui bordaient le Danube, sans être
tenté de faire preuve d’une valeur inutile et déplacée. Une foule de
spectateurs rassemblés sur les deux bords’ du fleuve, contemplaient la pompe militaire,
anticipaient sur la réussite de l’entreprise, et répandaient dans les pays
voisins la gloire d’un jeune héros qui s’avançait avec une rapidité plus
qu’humaine à la tête des forces innombrables de l’Occident. Lucilien, général
de la cavalerie, qui commandait les forces militaires de l’Illyrie, fut alarmé
et étourdi ides rapports qu’il n’osait révoquer en doute et qu’il avait
cependant peine à croire. Il avait déjà pris quelques mesures lentes et
incertaines pour rassembler ses troupes lorsqu’il fut surpris par Dagalaiphus,
officier actif, que Julien, aussitôt après son débarquement, envoya en avant
avec un corps d'infanterie légère. On fit monter à la hâte sur un cheval le
général captif, et ne sachant s'il devait attendre la vie ou la mort ; on
le conduisit en présence de Julien, et l'empereur, le relevant avec affabilité,
dissipa la terreur et l'étonnement qui engourdissaient toutes ses facultés.
Mais Lucilien, à peine revenu à lui-même, eut l'indiscrétion d'observer à
Julien qu'il s'était imprudemment hasardé avec une si faible escorte au milieu
de ses ennemis : Réservez , lui dit Julien avec un sourire de mépris, vos
timides remontrances pour votre maître Constance, en vous donnant le bas de ma
robe à baiser; je ne vous ai pas reçu comme un conseiller, mais comme un
suppliant . Convaincu que le succès pouvait seul justifier son entreprise,
et que le succès dépendait de son audace, Julien attaqua immédiatement, à la
tête de trois mille soldats, la ville la plus forte et la plus peuplée de la
province d'Illyrie. Lorsqu'il traversa le long faubourg de Sirmium, le peuple
et les soldats le reçurent avec des cris de joie, ils le couronnèrent de
fleurs, le conduisirent avec des torches allumées jusqu'au palais impérial, et
le reconnurent pour leur souverain. L'empereur se livra pendant deux jours à la
joie publique manifestée par les jeux du cirque. Mais le troisième jour il
partit de grand matin pour s'emparer du passage étroit de Succi, dans les
défilés du mont Hémus; qui, situé à une distance à peu près égale de Sirmium et
de Constantinople, sépare les provinces de la Thrace et de la Dacie, et,
présentait du côté de la première une descente escarpée, se termine du côté de
l'autre par une pente douce et facile [2512] .
La défense de ce poste important fut confiée au brave Nevitta, qui, ainsi que
les autres généraux de la division italienne, avait exécuté avec succès la
marche et la jonction si habilement combinées [2513] par le
souverain.
    Les craintes ou l'inclination des peuples étendirent
l'autorité de Julien bien au-delà de ses conquêtes militaires [2514] . Taurus et
Florentius gouvernaient les préfectures d'Italie et d'Illyrie, et joignaient
cet important office au vain titre de consuls. Ces magistrats s'étaient retirés
précipitamment à la cour d'Asie ; et Julien, qui ne pouvait pas toujours
contenir son penchant à la raillerie, couvrit les consuls de ridicule en
ajoutant à leur nom, dans tous les actes de l'année, l'épithète de fugitif. Les
provinces qu'ils avaient abandonnées reconnurent pour leur empereur un prince
qui, unissant les qualités d’un soldat à celles d’un philosophe, se faisait
également admirer dans les camps sur le Danube et dans les académies de la
Grèce. De son palais, ou, pour mieux dire, de son quartier général de Sirmium
et de Naissus, il fit distribuer dans les principales villes de l’empire une
adroite apologie de sa conduite, dans laquelle il eut soin d’insérer les
dépêches secrètes de Constance, et de soumettre au jugement du public le

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