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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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vigueur. Mais ces
légionnaires, qui avaient semble renoncer à toute discipline, défendirent la
place avec autant d’habileté que de constance, invitèrent toute l’Italie à
imiter leur courage et leur fidélité, et menacèrent de couper la retraite de
Julien s’il était force de céder à la supériorité du nombre des armées d’Orient [2520] .
    Détruire ou périr, telle était la cruelle alternative qui
s’offrait à l’humanité de Julien, et qu’il déplore si pathétiquement. Mais il
n’y fut pas réduit, et la mort de Constance, arrivée à propos, préserva
l’empire romain des calamités d’une guerre civile. Pressé d’un désir de
vengeance auquel ses favoris n’avaient osé s’opposer, il était parti d’Antioche
malgré l’approche de l’hiver, avec une petite fièvre causée sans doute par
l’agitation de son esprit. Les fatigues de la route l’augmentèrent, et
Constance fut obligé de s’arrêter dans la petite ville de Mopsucrène, douze
milles en deçà de Tarse, où il expira après une courte maladie, dans la
quarante-cinquième année de son âge, et la vingt-quatrième de son règne [2521] . Son caractère,
que nous avens suffisamment fait connaître dans le récit des événements civils
et ecclésiastiques, était un composé de faiblesse et d’orgueil, de superstition
et de cruauté. Un long abus de sa puissance en avait fait un objet redoutable
aux yeux de ses contemporains ; mais comme le mérite personnel a seul le droit
d’intéresser la postérité, nous nous bornerons à remarquer que le dernier des
fils de Constantin hérita de tous les défauts de son père sans aucun de ses
talents. On dit qu’avant, de mourir il nomma Julien pour son successeur ; et il
paraîtrait assez probable que son inquiétude pour une jeune épouse qu’il
aimait, tendrement, et qu’il laissait enceinte, l’eût emporté, dans les
derniers moments de sa vie, sur des sentiments de haine et, de vengeance.
Eusèbe et ses coupables associés firent une faible tentative pour prolonger le
règne des eunuques par l’élection d’un autre empereur ; mais leurs intrigues
furent rejetées avec dédain par une armée à qui toute idée de guerre civile
était devenue odieuse. Deux ces officiers principaux partirent sur-le-champ
pour assurer Julien que tous les soldats de l’empire étaient prêts à marcher
sous ses drapeaux. Cet heureux événement rendit inutiles les dispositions
militaires du prince, et prévint trois diffèrentes attaques qu’il dirigeait
contre la Thrace ; sans verser le sang de ses concitoyens, sans courir le
hasard des combats, il obtint tous les avantages d’une victoire complète. Impatient
de visiter le lieu de sa naissance et la nouvelle capitale de l’empire, il
s’avança de Naissus à travers les montagnes d’Hémus et les villes de la Thrace.
Quand il eut atteint Héraclée, à soixante milles de Constantinople, la ville
entière sembla sortir des murs pour le recevoir, et il fit son entrée
triomphale au milieu des soldats et du sénat. Une multitude innombrable
l’environnait avec un respect avide, et fut peut-être désagréablement surprise
de la petite taille et du costume simple d’un jeune héros dont les premiers
exploits avaient été la défaite des Germains, et qui venait de traverser, clans
une expédition heureuse, tout le continent de l’Europe depuis les bords de la
mer Atlantique jusqu’à celui du Bosphore [2522] .
Peu de jours après, lorsqu’on débarqua les restes de Constance dans le port,
les sujets de Julien applaudirent à la sensibilité réelle ou affectée de leur
souverain. A pied, sans diadème, et vêtu d’un habit de deuil ; il accompagna le
convoi jusqu’à l’église des Saints-Apôtres, où le corps fut déposé ; et, si
cette démarche respectueuse peut être regardée comme un hommage rendu par la
vanité au rang et à la naissance de son prédécesseur et de son parent, les
larmes de Julien montrèrent à l’univers qu’oubliant les crimes de Constance, il
se rappelait seulement les faveurs qu’il en avait reçues [2523] . Dès que les
légions d’Aquilée apprirent avec certitude la mort de l’empereur, elles
ouvrirent les portes de la ville, et, par le sacrifice de quelques chefs
coupables, obtinrent aisément leur pardon de l’indulgence ou de là prudence de
Julien, qui, dans la trente-deuxième année de son âge, acquit la possession
paisible de tout l’empire [2524] .
    Julien avait appris de

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