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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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superstitieuse, et
ennuyée des délais d’une procédure, força leur prison. Ces ennemis des dieux et
des hommes expirèrent, au milieu des plus cruels outrages ; le corps de
l’archevêque et ceux de ses complices furent portés en triomphe sur le dos d’un
chameau à travers les rues, et l’on regarda l’inactivité du parti de saint
Athanase, comme un exemple frappant de patience évangélique [2683] . Les restes de
ces misérables criminels furent jetés à la mer, et les chefs de l’émeute
déclarèrent qu’ils en agissaient ainsi pour tromper la dévotion des chrétiens,
et prévenir les honneurs qu’on pourrait vouloir rendre à ces martyrs punis,
ainsi que leurs prédécesseurs, par les ennemis de leur religion [2684] . Les craintes
des gentils étaient bien fondées, et leurs précautions furent inefficaces. La
mort de l’archevêque fit oublier sa vie. Les ariens aimaient et révéraient le
rival de saisit .Athanase, et la conversion apparente de ses sectaires le fit
adopter par l’Église catholique qui les recevait dans son sein [2685] . En déguisant
le lieu et l’époque de sa mort, on est parvenu à faire jouer à cet odieux
étranger le rôle d’un martyr, d’un saint et d’un héros chrétien [2686] , et l’infâme
George [2687] de Cappadoce est devenu le fameux saint George d’Angleterre, patron des armes,
de la chevalerie et de la jarretière [2688] .
    Vers le temps où Julien fut instruit de la sédition
d’Alexandrie, il apprit qu’à Édesse la riche et orgueilleuse faction d’Arius
insultait les faibles valentiniens, et commettait des désordres qu’on doit
punir dans un État bien réglé. Sans s’asservir aux formes lentes de la justice,
le prince irrité envoya aux magistrats d’Édesse [2689] un ordre qui
confisquait toutes les propriétés de l’Église. On distribua l’argent aux
soldats ; on réunit les terres aux domaines, et la plus cruelle ironie aggrava
encore cet acte d’oppression. Je me montre , dit l’empereur, le
véritable ami des galiléens : leur admirable loi a promis le royaume des cieux
aux pauvres ; et ils feront plus de progrès dans le chemin de la vertu et du
salut éternel, quand je les aurai soulagés du poids des biens de ce inonde.
Prenez barde, continuait le monarque d’un ton plus sérieux, prenez garde de
pousser à bout ma patience et ma douceur : si ces désordres continuent, je
vengerai les crimes du peuplé sur les magistrats, et vous aurez lieu de
craindre, non pas seulement la confiscation et l’exil, mais le fer et le feu .
Les émeutes d’Alexandrie étaient sans doute plus sanguinaires et plus
dangereuses ; mais c’était un évêque chrétien qui avait péri par les mains des
païens, et la lettre publique de Julien donne une preuve bien sensible de la
partialité de son administration. Ses reproches aux citoyens d’Alexandrie sont
entremêlés d’expressions d’estime et de tendresse, et il regrette que dans
cette occasion ils se soient écartés de la douceur et de la générosité qui
attestent leur origine grecque. Il censure gravement le délit qu’ils ont commis
contre les lois de la justice et de l’humanité ; mais il récapitule avec une
complaisance marquée les intolérables outrages qu’ils ont endurés si longtemps
sous la tyrannie sacrilège de George de Cappadoce. Il admet le principe, qu’un
gouvernement sage et ferme doit châtier l’insolence du peuple ; toutefois, en
considération d’Alexandre fondateur de la ville, et de Sérapis sa divinité
tutélaire, il pardonne entièrement et avec bonté à ses coupables habitants,
pour lesquels il conserve l’affection d’un frère [2690] .
    Lorsque l’émeute d’Alexandrie fut apaisée, Athanase remonta,
au milieu des acclamations publiques, sur le trône d’où son indigne compétiteur
avait été précipité ; et comme la prudence tempérait le zèle de l’archevêque,
il eut soin de faire servir son autorité, non à continuer d’enflammer, mais à
calmer le peuple. Sa vigilance pastorale ne se borna pas a l’enceinte étroite
de l’Égypte. Son esprit vaste et actif embrassait le monde chrétien, et son
âge, son mérite et sa réputation, lui permirent d’exercer, dans un moment de
danger, l’emploi de dictateur de l’Église [2691] .
Trois ans ne s’étaient pas encore écoulés depuis que la pluralité des évêques
d’Orient, par ignorance ou contre leur gré, avaient souscrit à la confession de
Rimini. Ils se repentaient, ils

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