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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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adhéraient à la doctrine de l’Église catholique
; mais ils craignaient la rigueur déplacée des orthodoxes. On sentit que si
leur orgueil l’emportait sur leur foi, ils pourraient se jeter dans les bras
des ariens, afin d’échapper à la honte d’une pénitence publique, qui les
rabaisserait à l’état de laïques obscurs. Les docteurs catholiques discutaient
alors avec quelque chaleur les questions sur l’union et la distinction des
personnes divines, et cette controverse métaphysique faisait craindre une
séparation éclatante et durable entre l’Église grecque et l’Église latine. La
sagesse d’un synode choisi, auquel le nom et la présence d’Athanase donnèrent
l’autorité d’un concile général, admit à la communion de l’Église, sans autre
condition que celle de souscrire le symbole de Nicée, les évêques que leur
imprudence avait jetés dans l’erreur : on n’exigea d’eux, ni une reconnaissance
formelle de leur faute, ni des détails sur ce qu’ils pensaient des diverses
opinions de l’école. Les conseils du primat de l’Égypte avaient déjà préparé le
clergé de la Gaule, de l’Espagne, de l’Italie et de la Grèce, à l’adoption de
cet expédient salutaire ; et, malgré I’opposition de quelques esprits ardents [2692] , la crainte de
l’ennemi commun ramena l’harmonie et la paix parmi les chrétiens [2693] .
    Athanase, par ses soins et son activité, avait su mettre à
profit ces moments d’une tranquillité passagère, que vinrent bientôt troubler
les édits que dictait à l’empereur son inimitié [2694] . Il méprisait
les chrétiens, mais il honorait saint Athanase en particulier d’une haine
sincère. Il l’avait en vue lorsqu’il introduisit une distinction arbitraire qui
ne s’accordait pas du moins avec l’esprit de ses déclarations antérieures. Il
soutint qu’en rappelant les galiléens de l’exil, cette faveur générale ne leur
rendait pas les siéges qu’ils avaient occupés dans l’Église ; et il parut
étonné qu’un criminel, condamné à diverses reprises par les empereurs, osât
insulter à la majesté des lois et usurper le trône archiépiscopal d’Alexandrie
sans attendre les ordres de son souverain. Pour punir saint Athanase d’un délit
imaginaire, Julien le bannit de nouveau de la ville, et jugea à propos de
supposer que cet acte de justice devait être fort agréable à ses pieux sujets.
Les sollicitations pressantes du peuple lui montrèrent bientôt que le plus
grand nombre des habitants d’Alexandrie étaient chrétiens, et que la plupart de
ces chrétiens étaient fermement attachés à la cause de leur archevêque opprimé.
Mais, quand il fut instruit de ces dispositions, loin de révoquer son décret,
Julien relégua saint Athanase hors de l’enceinte de l’Égypte. Le zèle de la
multitude le rendait plus inexorable : il craignait de laisser un chef
populaire et entreprenant à la tête d’une ville soulevée ; et les paroles que
lui dicta son ressentiment découvrent l’opinion qu’il avait de la fermeté et
des talents du primat. L’exécution de l’arrêt était différée par la
circonspection ou la négligence d’Ecdicius, préfet de l’Égypte ; une sévère
réprimande le réveilla de sa léthargie. Quoique vous négligiez de m’écrire
sur d’autres sujets , lui dit Julien, vous devez au moins m’instruire de
votre conduite à l’égard d’Athanase, l’ennemi des dieux. Il y a longtemps que
vous savez mes intentions. Je jure par le grand Sérapis, que si, aux calendes
de décembre, Athanase n’est pas hors d’Alexandrie, et même de l’Égypte, les
officiers de votre gouvernement paieront une amende de cent livres d’or. Vous
me connaissez ; je ne me hâte pas de condamner, mais je pardonne avec encore
plus de lenteur . Un court post-scriptum de la main de l’empereur
ajoutait encore à la force des expressions de cette lettre : Le mépris qu’on
annonce four les dieux me cause de la douleur et de l’indignation ; je ne
verrai rien, je n’apprendrai rien avec plus de plaisir, que l’expulsion
d’Athanase hors de l’Égypte. L’odieux misérable ! sous mon règne, le baptême de
plusieurs femmes grecques du rang le plus élevé a été l’effet de ses
persécutions [2695] .
Il n’ordonnait pas expressément la mort de saint Athanase ; mais le préfet de
l’Égypte sentit bien qu’il était plus sûr d’excéder que de négliger les ordres
d’un maître irrité.

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