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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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ne tiendrait jamais de conférence
amicale du milieu des flammes et des ruines des villes de la Mésopotamie ; et
il ajouta, avec un sourire de mépris, qu’ayant résolu d’aller incessamment à la
cour de Perse, il était inutile de traiter par ales ambassadeurs. Son
impatience pressa les préparatifs militaires. Il nomma les généraux, et
rassembla pour cette importante expédition une armée formidable ; il partit
lui-même de Constantinople, traversa les provinces de l’Asie-Mineure, et arriva
à Antioche, environ huit mois après la mort de son prédécesseur. Quoique
Juliers désirât vivement de pénétrer au centre de la Perse, il fut arrêté par
l’indispensable nécessité de régler l’état de l’empire, par, son zèle pour le
culte des dieux, par les conseils de ses plus sages amis, qui lui démontrèrent
la nécessité d’employer lia repos de l’hiver à réparer les forces épuisées des
légions de la Gaule, ainsi qu’à rétablir la discipline et à ranimer l’esprit
militaire parmi celles de l’Orient. On le détermina à demeurer à Antioche
jusqu’au printemps, au milieu d’un peuple malin, disposé à tourner en ridicule
la précipitation, et à censurer la lenteur de son maître [2713] .
    Si Julien s’était flatté que son séjour dans la capitale de
l’Orient ferait naître entre le prince et le peuple des sentiments
satisfaisants pour tous deux, il jugea mal son caractère et les mœurs
d’Antioche [2714] .
La chaleur du climat disposait les habitants à tout l’excès des plaisirs, du
luxe et de l’oisiveté : ils unissaient la corruption joyeuse des Grecs à la
mollesse héréditaire des Syriens. Ils ne suivaient d’autres lois que la mode,
le plaisir était leur seule occupation, et l’éclat des vêtements et des
meubles, la seule distinction qui excitât leur envie. Il honoraient les arts de
luxe : Ils tournaient en ridicule les vertus mâles et courageuses, et leur mépris
de la pudeur et de la vieillesse annonçait une dépravation universelle. Les
Syriens aimaient passionnément les spectacles ; ils appelaient des villes
voisines tous ceux qui s’y distinguaient par leur adresse [2715] . Ils
employaient aux amusements publics une partie considérable du revenu, et la
magnificence des jeux du théâtre et du cirque était regardée comme le bonheur
et la gloire d’Antioche. Les mœurs rustiques d’un prince qui dédaignait une
pareille gloire et qui paraissait insensible à un bonheur de ce genre, ne
convenaient pas à la délicatesse de ses sujets, qui ne pouvaient ni admirer ni
imiter la simplicité sévère que Julien conservait toujours, et qu’il affectait
quelquefois. Il ne déposait sa gravité philosophique que dans les jours de fête
consacrés à l’honneur des dieux par un ancien usage ; et c’étaient les seuls
jours de l’année où les Syriens d’Antioche résistassent aux attraits du
plaisir. La plupart d’entre eux se glorifiaient du nom de chrétiens, inventé
par leurs ancêtres [2716] .
Contents d’en négliger les préceptes moraux, ils ne croyaient pas pouvoir se
permettre la plus légère infidélité à ses dogmes. Le schisme et l’hérésie
troublaient l’Église d’Antioche ; mais une sainte haine animait également,
contre l’empereur, les ariens, les partisans de saint Athanase et ceux de
Mélèce et de Paulin [2717] .
    Ils avaient la plus forte prévention contre un apostat,
l’ennemi et le successeur d’un prince qui s’était attiré l’affection d’une
secte nombreuse ; l’enlèvement des restes de saint Babylas excita contre lui un
implacable ressentiment. Le peuple, dominé par ses idées superstitieuses,
disait hautement que la famine avait suivi les traces de l’empereur de
Constantinople à Antioche ; et le moyen peu judicieux qu’on employa dans cette
discute acheva d’irriter des hommes que tourmentait la faim. L’inclémence de la
saison [2718] avait nui aux récoltes de la Syrie et augmenté le prix du pain dans la capitale
de l’Orient en proportion de la disette du blé. Mais l’avide monopole changea
bientôt la juste proportion établie par le cours naturel des choses. Au milieu
de cette lutte inégale, où un parti réclame les productions de la terre comme
une propriété exclusive contre un second qui veut en faire un objet de
spéculation, tandis qu’un troisième les demande pour sa subsistance
journalière, le bénéfice des agents intermédiaires est en entier supporté par
le

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