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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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restitution immédiate de leurs
concitoyens captifs. Un de leurs moyens de défense était d’une espèce
singulière : ils prétendirent que leurs généraux, traversant l’empire en armes
et à la tête d’une troupe ennemie, devaient être considérés comme revêtus du
caractère sacré et des privilèges d’ambassadeurs [2989] . La réponse à
ces demandes extravagantes fut un refus modéré mais positif, signifié aux
Barbares par Victor, maître général de la cavalerie, qui leur exposa avec force
et avec dignité, les justes griefs de l’empereur de l’Orient. Les négociations
furent rompues, et les courageuses exhortations de Valentinien excitèrent le
timide Valens à ressentir l’insulte faite à la majesté de l’empire [2990] .
    Un historien de ce siècle a célébré l’importance et l’éclat
de cette guerre des Goths [2991] ,
dont les  événements ne méritent cependant l’attention de la postérité que
comme les avant-coureurs du déclin et de la chute prochaine de l’empire. Au
lieu de conduire lui-même ses soldats scythes et allemands sur les bords du
Danube ou aux portes de Constantinople, le monarque, succombant sous le poids
des années, chargea le brave Athanaric de la gloire et du danger d’une guerre
défensive contre un ennemi dont la faible main maîtrisait les forces d’un
puissant empire. On établit un pont de bateaux sur le Danube ; la présence de
Valens anima les troupes, et l’empereur suppléa à son ignorance de l’art de la
guerre par sa valeur personnelle et par une sage déférence aux conseils de
Victor et d’Arinthæus, maîtres généraux de la cavalerie et de l’infanterie. Ils
conduisirent habilement les opérations de la campagne, mais sans pouvoir
chasser les Visigoths des postes avantageux qu’ils occupaient sur les montagnes
; et les Romains, manquant de subsistances dans des plaines dévastées,
repassèrent le Danube à l’approche de l’hiver. Les pluies continuelles, ayant
enflé prodigieusement le cours de ce fleuve, occasionnèrent une suspension
d’armes tacite, et retinrent Valens durant tout l’été suivant dans son camp de
Marcianopolis. La troisième année de la guerre fut plus avantageuse aux Romains
et plus funeste pour les Goths. La cessation du commerce privait les Barbares
des objets de luxe que déjà l’habitude mettait pour eux au nombre des
nécessités de la vie ; et le dégât d’une portion considérable du pays les
menaçait des horreurs d’une famine. Athanaric se décida ou fût forcé à risquer,
dans la plaine, une bataille qu’il perdit, et la cruelle précaution que prirent
les généraux victorieux de promettre une forte gratification pour chaque tête
de Goth présentée dans le camp impérial, rendit la défaite et la poursuite plus
sanglantes. La soumission des Barbares apaisa Valens et son conseil. L’empereur
écouta favorablement les remontrances éloquentes et flatteuses du sénat de
Constantinople, qui prit part pour la première fois aux délibérations
publiques, et on chargea les généraux Victor et Arinthæus, qui avaient conduit
si heureusement la guerre, de régler les conditions de la paix. La liberté du
commerce, dont les Goths jouissaient précédemment, fut restreinte à deux villes
situées sur le Danube. Leurs chefs payèrent chèrement leur imprudence par la
perte des subsides et de leurs pensions ; on fit en faveur du seul Athanaric
une exception plus avantageuse qu’honorable pour ce juge des Visigoths.
Athanaric, qui, dans cette occasion, semble avoir consulté son intérêt
personnel sans attendre les ordres de son souverain, soutint sa propre dignité
et celle de sa nation lorsque les ministres de Valens lui proposèrent une
entrevue. Il répondit, constamment qu’il ne pouvait mettre le pied sur les
terres de l’empire sans se rendre coupable de parjure et de trahison ; il est
plus que probable que les perfidies récentes des Romains contribuèrent à lui
faire observer religieusement son serment. On choisit pour le lieu de la
conférence le Danube, qui séparait les États des deux nations indépendantes.
L’empereur de l’Orient et le juge des Visigoths, accompagnés d’un nombre égal de
gens armés, s’avancèrent chacun dans un grand bateau, jusqu’au milieu du
fleuve. Après avoir ratifié le traité et reçu les otages, Valens retourna en
triomphe à Constantinople, et les Goths restèrent paisibles environ six ans,
jusqu’à l’époque où une multitude de

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