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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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général de la
frontière, qu’ils accusaient injustement du meurtre de leur souverain. Equitius
n’avait à leur opposer que d’eux légions ; mais elles étaient composées des
vétérans des bandes de la Mœsie et de la Pannonie. L’obstination avec laquelle
ces deux corps se disputèrent les vains honneurs du rang fut la cause de leur
défaite. Agissant séparément et sans aucun concert, ils cédèrent aisément à la
valeur et à l’activité des cavaliers sarmates qui les surprirent et les
massacrèrent. Ces succès excitèrent l’émulation des tribus voisines ; et la
province de la Mœsie aurait été infailliblement perdue, si le jeune Théodose,
duc ou commandant militaire de la frontière, n’eût signalé, par la défaite des
Barbares, un génie et, une intrépidité dignes de son illustre père et de la
haute fortune qui l’attendait [2993] .
    Valentinien, alors à Trèves, était profondément affligé des
malheurs de l’Illyrie ; mais la saison trop avancée le força de remettre au
printemps suivant l’exécution de ses desseins. Il partit des bords de la
Moselle, suivi de presque toutes les forces de la Gaule, et répondit d’une
manière équivoque aux ambassadeurs des Sarmates qui vinrent en suppliants au
devant de lui, qu’aussitôt qu’il serait arrivé sur les lieux, il examinerait et
prononcerait. Arrivé à Sirmium, il donna audience aux députés des provinces
d’Illyrie, qui se félicitèrent hautement du bonheur dont ils jouissaient sous
le favorable gouvernement de Probus, préfet du prétoire [2994] . Valentinien,
flatté de leurs protestations de reconnaissance et de fidélité, demanda
imprudemment au député de l’Épire, philosophe cynique et d’une imperturbable
sincérité, s’il avait été envoyé par le vœu de sa province [2995] . Je suis
venu , répondit Iphiclés, accompagné des larmes et des gémissements d’un
peuple qui m’envoyait à regret . L’empereur se tut ; mais, grâce l’impunité
dont ils jouissaient, les agents du gouvernement avaient adopté cette funeste
maxime, qu’ils pouvaient opprimer les peuples sans manquer à leur devoir envers
le souverain. Un examen sévère de leur conduite aurait apaisé le mécontentement
public, et la punition du meurtre de Gabinius pouvait seule rétablir la
confiance des Barbares et l’honneur du nom romain, mais le monarque
présomptueux n’avait pas assez de grandeur d’âme pour oser avouer une faute ;
oubliant la provocation, il ne se souvint que de son injure et entra dans le
pays des Quades, altéré de sang et de vengeance. La cruelle justice des
représailles lui parut, et parut peut-être aux yeux de l’univers, un motif
suffisant pour autoriser des dévastations et des massacres dignes d’une guerre
de sauvages [2996] .
Telles furent la discipline des Romains et la consternation des Barbares, que
Valentinien repassa le Danube sans perdre un seul de ses soldats. Comme il
avait résolu d’achever la destruction des Quades dans une seconde campagne, il
prit ses quartiers d’hiver à Bregetio, sur le Danube, dans les environs de
Presbourg, ville de la Hongrie. Tandis que la rigueur de la saison suspendait
les opérations de la guerre, les Quades essayèrent d’apaiser, par leurs
soumissions, la colère de l’empereur, qui reçut leurs ambassadeurs dans son
conseil, à la sollicitation d’Equitius. Ils se prosternèrent humblement au pied
du trône et affirmèrent par serment, sans oser se, plaindre, du meurtre de leur
roi, que, la dernière invasion était le crime de quelques brigands indisciplinés,
désavoués et détestés de la nation. La réponse de l’empereur leur laissa peu
d’espoir de compassion ou de clémence. S’abandonnant à l’impétuosité de son
caractère, il invectiva, contre leur bassesse, leur ingratitude et leur
insolence. Sa voix, ses gestes, ses regards et la couleur de son teint,
attestaient la violence des mouvements furieux auxquels il se laissait emporter
; tout son corps était agité des convulsions de la colère : plans ce moment un
vaisseau se rompit dans sa poitrine, et le monarque tomba sans voix dans les
bras de ses serviteurs, dont le pieux respect tâcha de cacher sa situation à la
foule qui l’environnait ; mais il expira, au bout de quelques instants dans les
plus cruelles souffrances, conservant sa présence d’esprit jusqu’au dernier
soupir, et s’efforçant en vain de manifester ses intentions aux ministres et
aux généraux qui

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