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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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d’un corps de cavalerie légère, et à la première
décharge de leurs traits, elle se retira avec précipitation sous les murs de
Tarse. Après avoir marché deux jours et deux nuits sans se reposer, Para et ses
Arméniens arrivèrent au bord de l’Euphrate ; mais le passage de cette rivière,
qu’ils furent obligés de traverser à la nage, leur occasionna du retard et la
perte de quelques-uns de leurs compagnons. On avait donné l’alertes toutes les
troupes ; et les deux chemins qui n’étaient séparés que par un intervalle de
trois milles, étaient fermés par un corps de mille archers à cheval, sous les
ordres d’un comte et d’un tribun. Para aurait inévitablement cédé à la
supériorité du nombre, sans l’arrivée fortuite d’un voyageur, qui l’instruisit
du danger et du moyen d’y échapper. La troupe des Arméniens s’enfonça dans les
sentiers obscurs et presque impraticables d’un petit bois, et laissa derrière
elle le comte et le tribun, qui continuaient à attendre patiemment son arrivée
sur le grand chemin. Ils retournèrent à la cour impériale pour s’y excuser de
leur négligence ou de leur malheur, et soutinrent très sérieusement que le roi
d’Arménie, connu pour un habile magicien, avait eu recours à quelque
métamorphose pour passer lui et ses cavaliers sans être, aperçus. Arrivé dans
son royaume, Para affecta d’être toujours l’allié et l’ami des Romains ; mais
ils l’avaient trop violemment outragé pour lui pardonner, et sa mort fut
secrètement décidée dans le conseil de Valens. L’exécution de cette sentence
sanguinaire fut confiée à l’adroite prudence du comte Trajan ; il eut le mérite
de parvenir à s’insinuer assez dans la confiance d’un prince crédule, pour
pouvoir trouver l’occasion de lui plonger un poignard dans le cœur. Para fut
invité par les Romains à une fête préparée avec tout le faste et toute la
sensualité de l’Orient. Tandis que les convives, échauffés par le vin,
s’amusaient d’une musique militaire qui faisait retentir la salle, le comte
Trajan s’éloigna pour un instant ; il rentra l’épée nue à la main, et donna le
signal du massacre. Un Barbare vigoureux s’élança avec fureur sur le roi
d’Arménie ; quoique celui-ci défendît courageusement sa vie avec la première
arme qui lui tomba sous la main, il succomba, et la table du général romain fût
teinte du sang royal d’un convive et d’un allié. Telles étaient les maximes
faibles et odieuses de l’administration des Romains, que, pour atteindre au but
peu certain de leurs projets politiques, ils violaient inhumainement, et à la
face de l’univers, les lois des nations et les droits sacrés de l’hospitalité [2982] .
    V . Durant un intervalle de paix de trente années, les
Romains fortifièrent leurs frontières, et les Goths étendirent leurs conquêtes.
Les victoires du grand Hermanric [2983] ,
roi des Ostrogoths, et le plus noble de la race des Amalis, ont été comparées,
par l’enthousiasme de ses compatriotes, aux exploits d’Alexandre, avec cette
différence singulière et presque incroyable, que le génie martial du héros
goth, au lieu d’être soutenu par la vigueur de la jeunesse, n’éclata que dans
l’hiver de sa vie, depuis l’âge de quatre-vingts ans jusqu’à cent dix. Les
tribus indépendantes reconnurent, soit de bon gré, soit par contrainte, le roi
des Ostrogoths pour le souverain de la nation gothique. Les chefs des Visigoths
ou Thervingi renoncèrent au titre de roi, et se contentèrent de la
dénomination plus modeste de juges . Parmi ces juges, Athanaric,
Fritigern et Alavivus étaient les plus illustres par leur mérite personnel et
par leur proximité des provinces romaines. Ces conquêtes nationales
augmentaient la puissance militaire, d’Hermanric, et étendaient les vues de son
ambition. Il envahit les pays situés au nord de ses États, et douze nations
considérables, dont les noms et les limites ne sont pas exactement connus, cédèrent
successivement à l’effort de ses armes [2984] .
Les Hérules, qui habitaient des terres marécageuses près le lac Méotis, étaient
renommés par leur force et leur agilité ; et les Barbares., dans toutes leurs
guerres, sollicitaient avec ardeur le secours de leur infanterie légère très
estimée parmi leurs compatriotes. Mais la haute et infatigable persévérance des
Goths triompha enfin de l’active valeur des Hérules, et après une

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