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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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d’une
histoire de deux mille ans [3023] ,
attestée par le témoignage non interrompu d’historiens exacts et contemporains [3024] . Les annales de
la Chine [3025] éclaircissent l’état et les révolutions des tribus pastorales, qu’on peut
toujours distinguer sous l’a dénomination vague de Scythes ou de Tartares tour
à tour vassaux, ennemis et conquérants d’un grand empire, dont la politique n’a
cessé de résister à la valeur aveugle et impétueuse des Barbares du Nord. De
l’embouchure du Danube à la mer du Japon, à longitude de la Scythie s’étend à
peu près à cent dix degrés, qui, sous ce parallèle, donnent plus de cinq mille
milles. Il n’est pas aussi facile de déterminer exactement la latitude de ces
immenses déserts ; mais depuis le quarantième degré qui touche au mur de la
Chine, nous pouvons avancer à plus de mille milles vers le nord, où nous serons
arrêtés par le froid excessif de la Sibérie. Dans cet affreux climat, au lieu
du portrait animé d’un camp tartare, on voit sortir de la terre, ou plutôt des
neiges dont elle est couverte, la fumée qui annonce les demeures souterraines
des Tongoux et des Samoïèdes. Des rennes et de gros chiens leur tiennent
imparfaitement lieu de bœufs et de chevaux, et les conquérants de l’univers
dégénèrent insensiblement en une racé de sauvages chétifs et difformes, que
fait trembler le bruit des armes [3026] .
    Ces mêmes Huns, qui, sous le règne de Valens, menacèrent
l’empire romain, avaient longtemps auparavant semé la terreur dans l’empire de
la Chine [3027] .
Ils occupaient anciennement, et peut-être originairement, une vaste étendue de
pays aride et stérile au nord de la grande muraille. Cette contrée est occupée
aujourd’hui par les quarante-neuf hordes ou bannières des Mongoux, nation
pastorale, composée d’environ deux cent mille familles [3028] . Mais la valeur
des Huns avait reculé les étroites limites de leurs États, et leurs chefs
grossiers, connus sous le nom de Tanjoux , devinrent peu à peu les
conquérants et les souverains d’un empire formidable. Vers l’orient, l’Océan
seul put arrêter l’effort de, leurs armes, et les tribus clairsemées entre
l’Amour et l’extrémité de la péninsule de Corée, suivirent malgré elles les
drapeaux des Huns victorieux. Du côté de l’occident, vers la source de
l’Irtisch et des vallées de l’Imaüs, ils trouvèrent un pays plus vaste et des
ennemis plus nombreux. Un des lieutenants du Tanjou subjugua dans une seule
expédition vingt-six nations. Les Igours [3029] ,
distingués entre les Tartares par l’image des lettres, étaient du nombre de ses
vassaux ; et, par une étrange liaison des événements du monde, la fuite d’une
de ces tribus errantes rappela les Parthes victorieux de l’invasion de la Syrie [3030] . Au nord, les
Huns regardaient l’Océan comme la seule borne de leur domination. Sans ennemis
pour leur résister, sans témoins pour contrarier leur vanité, ils pouvaient
exécuter à leur gré la conquête réelle où imaginaire des régions glacées de la
Sibérie, et ils fixèrent la mer du Nord pour dernière limite de leur empire.
Mais le nom de cette mer, sur les rives de laquelle le patriote Sovou adopta la
vie d’un pasteur et d’un exilé [3031] ,
peut s’appliquer avec plus de probabilité au Baïkal, vaste bassin d’environ
trois cents milles de longueur qui dédaigne la modeste dénomination de lac [3032] , et, qui
communique aujourd’hui avec la mer du Nord, par le long cours de l’Angara, du
Tonguska et du Jénissea. La conquête d’un si grand nombre de nations éloignées
pouvait flatter la vanité du Tanjou ; mais la valeur des Huns, ne pouvait être
récompensée que par la jouissance des richesses et du luxe de l’empire du Sud.
On avait élevé, dans le troisième siècle avant l’ère chrétienne, un mur de
quinze cents milles de longueur, pour défendre les frontières de la Chine
contre leurs incursions [3033] ; mais ce mur immense, qui tient une place considérable sur la carte du monde,
ne contribua jamais à la sûreté d’une nation peu guerrière. Le Tanjou
rassemblait souvent jusqu’à deux ou trois cent mille hommes de cavalerie,
redoutables par leur adresse à manier leurs arcs et leurs chevaux, par leur
patience courageuse. à supporter les rigueurs des saisons, et par l’incroyable
rapidité de leur marche, que n’arrêtaient guère les torrents et les précipices,
les

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