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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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leur nombreuse cavalerie. Ils environnent une enceinte
de plusieurs lieues de circonférence, dans laquelle se trouve renfermé tout le
gibier d’une grande étendue de pays ; et les troupes qui forment le cordon
avancent lentement et régulièrement vers un centre marqué, où les animaux,
captifs et entourés de tous côtés, tombent sous les flèches et les traits des
chasseurs. Dans cette marche, qui dure souvent plusieurs jours, la cavalerie
est obligée de gravir les montagnes, de passer les rivières à la nage et de
traverser la profondeur des vallées sans déranger l’ordre de la marche. Les
Tartares acquièrent l’habitude de diriger leurs regards et leurs pas vers un
objet éloigné, de conserver leurs distances, de suspendre ou d’accélérer leur
marche relativement aux mouvements des troupes qui sont sur leur droite ou sur
leur gauche, d’observer et de répéter les signaux de leurs commandants. Les
chefs apprennent, dans cette école pratique, la plus importante leçon de l’art
militaire, le discernement prompt du terrain, de la distance et du temps. Le
seul changement nécessaire au moment de la guerre est d’employer contre
l’ennemi la même patience et la même valeur, la même intelligence et la même
discipline ; et les amusements de la chasse peuvent servir de prélude à la
conquête d’un empire [3012] .
    La société politique des anciens Germains ne paraissait être
qu’une réunion volontaire de guerriers indépendants. Les tribus de la Scythie,
connues sous la dénomination moderne de hordes, semblaient présenter chacune
une famille nombreuse et toujours croissante, multipliée dans le cours de
plusieurs siècles. Les plus pauvres et les plus ignorants des Tartares
conservent, avec un sentiment de fierté, leur généalogie comme un trésor
inestimable ; et, malgré la distinction de rang introduite par la possession
d’une propriété plus ou moins abondante en richesses pastorales, ils se
considèrent tous particulièrement et mutuellement comme les descend ans du
fondateur de leur tribu. La coutume qu’ils conservent encore d’adopter les plus
braves de leurs prisonniers, peut justifier l’opinion de ceux qui regardent la
multiplication extraordinaire de cette famille comme légale et fictive. Mais un
préjugé utile, consacré par le temps et par l’opinion, produit l’effet de la
vérité. Ces orgueilleux Barbares obéissent volontairement au chef de leur
famille, et leur commandant ou coursa exerce, comme représentant de leur
premier ancêtre, l’autorité d’un juge en temps de paix, et celle d’un général
en temps de guerre. Dans les premiers temps du monde pastoral, chaque mursa, si
nous pouvons nous servir ici de ce nom moderne, agissait comme chef indépendant
d’une grande famille séparée des autres, et les limites des territoires
particuliers se fixaient insensiblement par la supériorité de la force ou, par
le consentement mutuel. Mais, l’influence constante de diverses causes
contribua à réunir les hordes errantes en communauté nationale, sous le
commandement d’un chef suprême. La faiblesse désirait du secours, et la force
était ambitieuse de commander. La puissance, qui est le résultat de l’union,
opprima les tribus voisines à leur imposa la loi ; et, comme on admettait les
vaincus à partager les avantages de la victoire, les plus vaillants chefs se
rangèrent volontairement avec toute leur suite sous l’étendard formidable de la
confédération générale, et le plus heureux des princes tartares obtint ; ou par
la supériorité de son mérite, ou par celle de sa puissance, le commandement
militaire sur tous les autres. Il frit élevé sur le trône aux acclamations de
ses égaux, et reçut le nom de khan qui exprime, dans le langage du nord
de l’Asie, la toute-puissance de la royauté. Les descendants du fondateur de la
monarchie conservèrent longtemps un droit exclusif à la succession, et
maintenant les khans qui règnent depuis la Crimée jusqu’au mur de la
Chine, descendent tous en droite ligne du fameux Gengis [3013] . Mais comme le
premier, devoir d’un souverain tartare est de conduire en personne ses sujets
aux combats, on a souvent peu d’égard aux droits d’un enfant, et quelque prince
dû sang royal, distingué par sa valeur et par son expérience, reçoit le sceptre
et l’épée de son prédécesseur. On lève régulièrement sur les tribus deux taxes
différentes : l’une pour soutenir la dignité du

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