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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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montagnes les plus escarpées et les rivières les plus profondes. Ils se
répandirent tous à la fois sur la surfacé du pays, et leur impétueuse célérité
déconcerta la tactique grave et compassée d’une armée chinoise. L’empereur
Kaoti, soldat de fortune [3034] ,
élevé sur le trône par son mérite personnel, marcha contre les Huns avec les
troupes des vétérans formés dans les guerres civiles de la Chine ; mais les
Barbares l’environnèrent bientôt de tous côtes ; et, après un siége de sept
jours, le monarque, n’ayant aucun espoir d’être secouru, fut forcé d’acheter sa
liberté par une capitulation ignominieuse. Les successeurs de Kaoti, occupés
des arts pacifiques, et livrés aux délices de leur palais, se soumirent à une
humiliation plus durable. Ils se déterminèrent trop promptement à regarder
comme insuffisantes leurs troupes et leurs fortifications. Ils se laissèrent
trop aisément persuader que les soldats chinois, qui, pour éviter d’être
surpris par les Huns, annoncés de tous côtés par la lueur des flammes,
dormaient le casque en tête et la cuirasse sur le dos, seraient bientôt épuisés
par des travaux continuels et des marches inutiles [3035] . Pour se
procurer une tranquillité précaire et momentanée, ils stipulèrent un paiement
annuel d’argent et d’étoffés de soie ; et le misérable expédient de déguiser un
tribut réel sous la dénomination d’un don et d’un subside, fut également adopté
par les empereurs de Rome et par ceux de la Chine ; mais le tribut de ceux-ci
comprenait un article encore plus honteux, qui révoltait les sentiments de la
nature et de l’humanité. Les fatigues d’une vie sauvage, qui détruisent dans
leurs premières années les enfants nés avec une constitution faible, mettent
une disproportion sensible dans le nombre des deux sexes. Les Tartares sont
généralement laids, et même difformes : ils se servent de leurs femmes
pour tous les travaux domestiques ; mais ils sont avides de se procurer la
jouissance d’objets plus agréables. Les Chinois étaient obligés de livrer tous
les ans aux grossières caresses des Huns, un nombre fixe de leurs plus belles
filles [3036] ; et ils s’assuraient l’alliance des orgueilleux Tanjoux en leur donnant en
mariage les filles véritables ou adoptives de la famille impériale, qui
tâchaient en vain d’échapper à cet opprobre sacrilège. L’infortune de ces
victimes, désolées a été peinte par une princesse de la Chine, qui déplore son
malheur d’avoir été condamnée par ses parents à un exil perpétuel, et à passer
sous les lois d’un époux barbare, d’être réduite pour boisson, à du lait aigre,
à de la viande crue pour nourriture, et de n’avoir qu’une tente pour palais.
Elle exprime, avec une simplicité touchante, son désir d’être transformée en oiseau,
pour s’envoler vers sa chère patrie, l’objet de ses tendres et perpétuels
regrets [3037] .
    Les tribus pastorales du Nord avaient fait deux fois la
conquête de la Chine. Les forces des Huns n’étaient point inférieures à celles
des Mongoux ou des Mantcheoux, et leur ambition pouvait se flatter des mêmes
succès ; mais les armes et la politique de Vouti [3038] , cinquième
empereur de la pâlissante dynastie des Han, humilièrent leur orgueil et
arrêtèrent leurs progrès. Durant son long règne de cinquante-quatre ans (146-87
av. J.-C.) les Barbares des provinces méridionales se soumirent aux lois des
Chinois ; ils adoptèrent leurs mœurs, et les anciennes limites de l’empire, qui
se terminaient à la grande rivière de Kiang, s’étendirent jusqu’au port de
Canton. Au lieu de se borner aux timides opérations d’une guerre défensive, ses
lieutenants pénétrèrent jusqu’à plusieurs centaines de milles dans le pays des
Huns. Dans ces vastes déserts, où il était impossible de former des magasins,
et difficile de transporter une quantité de provisions suffisante, les armées
de Vouti eurent souvent à souffrir des maux intolérables. De cent quarante
mille soldats, avec lesquels les généraux chinois étaient entrés en campagne,
ils n’en ramenèrent que trente mille sains et saufs aux pieds de- leur empereur
; mais cette perte avait été compensée par des succès brillants et décisifs.
Ils avaient profité habilement de la supériorité que leur donnaient la nature
de leurs chariots de guerre et le secours des Tartares auxiliaires. Le camp du
Tanjou fut surpris

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