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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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au milieu de la nuit et d’une débauche. Le monarque des Huns
s’ouvrit courageusement un chemin au milieu des ennemis ; mais il laissa quinze
mille des siens sur le champ de bataille. Cependant cette grande victoire,
précédée et suivie de plusieurs combats sanglants, contribua moins à détruire
la puissance des Huns que la politique adroite dont Vouti fit usage pour
détacher de leur obéissance les nations tributaires. Intimidées par les armées
de l’empereur chinois, ou séduites par ses promesses, elles rejetèrent
l’autorité du Tanjou (70 av. J.-C.) : quelques-unes se reconnurent alliées
ou vassales de l’empire ; toutes devinrent les plus implacables ennemies des
Huns, et dès que ces orgueilleux Barbares se trouvèrent réduits à leurs propres
forces, leur grandeur disparut, et leur nombre aurait à peine suffi pour
peupler une grande ville de l’empire des Chinois [3039] . La désertion
de ses sujets et les embarras d’une guerre civile obligèrent le Tanjou à
renoncer lui-même au titre de souverain indépendant, et à assujettir la liberté
d’une nation fière et guerrière. Il fut reçu à Sigan (51 av. J.-C.), alors
capitale de la monarchie par les troupes, les mandarins et l’empereur lui-même,
avec tous les honneurs que la vanité chinoise fût capable d’inventer pour orner
et déguiser son triomphe [3040] .
On le logea dans un palais magnifique ; il eût le pas avant tous les princes de
la famille royale, et on épuisa la patience du roi barbare dans un banquet à
huit services, durant lequel on exécuta neuf différents morceaux de musique ;
mais il rendit à genoux un respectueux hommage à l’empereur, prononça, en son
nom et pour tous ses successeurs, un serment de fidélité perpétuelle, et reçut
du victorieux Vouti un sceau qui portait l’emblème de sa dépendante royauté.
Depuis cette soumission humiliante, les Tanjoux manquèrent quelquefois à leur
serment de fidélité, et saisirent l’instant favorable pour exercer leur
brigandage ; mais la monarchie des Huns déclina peu à peu, et des dissensions
civiles divisèrent enfin ces Barbares en deux nations séparées et ennemies (48
A. D.). Un de leurs princes, poussé par la crainte et l’ambition, se retira
vers le sud avec huit hordes, composées de quarante à cinquante mille familles.
Il obtint, avec le titre de Tanjou, un territoire commode sur les frontières
des provinces chinoises, et la constance de son attachement pour l’empire fut
maintenue par sa faiblesse et par le désir de se venger de ses anciens
compatriotes. Depuis le moment de cette funeste séparation, les Huns du nord
continuèrent à languir environ cinquante ans, jusqu’au moment où ils furent
accablés de tous côtés par des ennemis étrangers et domestiques. Une colonne [3041] élevée sur une
haute montagne, apprit à la postérité que les armées chinoises s’étaient
victorieusement avancées à sept cents milles dans le pas des Barbares. Les
Sienpi [3042] ,
tribu des Tartares orientaux, vengèrent sur les Huns les injures que leurs
ancêtres en avaient reçues, et la puissance des Tanjoux, après un règne de
treize cents ans, fut entièrement détruite avant la fin du premier siècle de
l’ère chrétienne [3043] .
    Les Huns, vaincus et dispersés, éprouvèrent, selon leur
caractère et leur situation, des fortunes diverses [3044] . Plus de cent
mille individus de cette nation, des plus pauvres à la vérité, et des moins
courageux, restèrent dans leur pays natal, renoncèrent à leur nom, et se
mêlèrent à la victorieuse nation des Sienpi. Cinquante-huit bordes, environ
deux cent mille hommes, préférant une plus honorable servitude, se retirèrent
au sud, et implorèrent la protection de l’empereur chinois ; qui leur permit
d’habiter sur les frontières de la province de Chansi et du territoire
d’Ortoas, et leur en confia la gaude ; mais les tribus les plus puissantes et
les plus belliqueuses des Huns conservèrent dans leurs revers le courage
indépendant de leurs ancêtres. L’Occident tout entier était ouvert à leur
valeur, et ils résolurent d’y chercher et d’y conquérir, sous la conduite de
leurs chefs héréditaires ; un pays éloigné qui put demeurer inaccessible aux
armes des Sienpi et aux lois de la Chine [3045] .
Ils passèrent bientôt les montagnes de l’Imaüs, et les bornes de la géographie
des Chinois ; mais nous pouvons, distinguer les deux principales troupes de ces
formidables

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