Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
désirait que de mourir en présence de son fidèle
troupeau et sur les marches des autels ; qu’il n’avait pas contribué à exciter
la fureur du peuple, mais que Dieu seul pouvait l’apaiser. Il priait l’Être
suprême de détourner les scènes de sang et de confusion qui paraissaient près
de commencer, et de ne pas le laisser survivre à la destruction d’une ville
florissante, qui entraînerait peut-être la désolation de toute l’Italie [3200] . L’opiniâtre
bigoterie de Justine aurait hasardé l’empire de son fils, si, dans cette
contestation avec l’Église et le peuple de Milan, elle avait pu compter sur
l’obéissance active des troupes du palais. Un corps considérable de Goths
s’était mis en marche pour s’emparer de la basilique qui faisait l’objet
de la dispute, et on pouvait présumer que des étrangers mercenaires, qui
réunissaient des mœurs barbares et des principes ariens, exécuteraient sans
scrupule les ordres les plus sanguinaires. L’archevêque les attendait à la
porte de l’église, et, fulminant contre eux une sentence d’excommunication, il leur
demanda, du ton d’un père et d’un maître, si c’était pour envahir la maison de
Dieu qu’ils avaient imploré des Romains asile et protection. Les Barbares
s’arrêtèrent incertains ; un délai de quelques heures fut employé à des
négociations plus efficaces ; et dans cet intervalle, les plus sages
conseillers de l’impératrice la déterminèrent à laisser aux catholiques de
Milan la paisible possession de toutes leurs églises, et à dissimuler ses
projets de vengeance en attendant des circonstances plus favorables. La mère de
Valentinien ne pardonna jamais ce triomphe à saint Ambroise, et le jeune
empereur se plaignit, en termes violents, de la lâcheté de ses serviteurs, qui
lui faisait subir le joug honteux d’un prêtre insolent.
    Les lois de l’empire, dont quelques-unes étaient souscrites
par Valentinien, condamnaient l’hérésie arienne, et semblaient excuser la
résistance des catholiques : à la sollicitation de Justine, on publia un édit
de tolérance dans toutes les provinces qui dépendaient de la cour de Milan ;
ceux qui suivaient la foi du concile de Rimini obtinrent l’exercice public de
leur religion [3201] ,
et l’empereur déclara que tous ceux qui enfreindraient ce règlement salutaire
seraient punis de mort, comme perturbateurs du repos public. D’après le
caractère de l’archevêque de Milan et la liberté de ses expressions, on peut
soupçonner que sa conduite ne tarda pas à fournir aux ministres ariens, qui
l’épiaient, un motif réel ou un prétexte spécieux de l’accuser de désobéissance
à une loi qu’il a étrangement représentée comme une loi de sang, et une
tyrannie. Le conseil de Valentinien prononça contre saint Ambroise une sentence
d’exil également honorable et modérée, qui, en lui enjoignant de quitter sans
délai la ville de milan, lui permettait de choisir le lieu de sa retraite, et
de régler le nombre de ses compagnons, mais le danger de l’Église fit oublier
au prélat les maximes des saints qui ont prêché et pratiqué l’obéissance
passive au souverain ; il refusa hardiment d’obéir, et son peuple fidèle
applaudit unanimement à son refus [3202] .
Les citoyens gardèrent tour à tour leur archevêque ; ils barricadèrent
fortement les portes de la cathédrale et du palais épiscopal ; et les troupes
impériales, qui bloquaient cette forteresse imprenable, n’osèrent en risquer
l’attaque. La multitude de pauvres que faisait subsister la libéralité de saint
Ambroise, saisit avec ardeur une si belle occasion de signaler son zèle et sa
reconnaissance, et pour que la patience de ses partisans ne s’épuisât pas par
la longueur et la monotonie des vigiles ; il introduisit dans l’église de Milan
l’usage de psalmodier régulièrement et à haute voix. Tandis que l’archevêque
soutenait ce dangereux combat, un songe l’avertit de faire creuser la terre
dans l’endroit où l’on avait enterré depuis plus de trois siècles les restes
des deux martyrs saint Gervais et saint Protais [3203] . Immédiatement
sous le pavé de l’église, on trouva deux corps entiers, dont les têtes étaient
séparées, et qui versèrent beaucoup de sang [3204] . Ces saintes
reliques furent présentées en grande pompe à la vénération du peuple, et toutes
les circonstances de cette heureuse découverte vinrent à l’appui du projet

Weitere Kostenlose Bücher