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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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sa marche le long du Danube, et ne
pénétrât à travers la Rhétie dans le cœur de la Gaule. On équipa une flotte
puissante dans les ports de la Grèce et de l’Épire ; le dessein apparent était
de conduire Valentinien et sa mère en Italie, dès qu’une victoire navale aurait
ouvert le passage, de les mener sans délai à Rome, et de les mettre en
possession du siége principal de l’empire et de la religion. Dans le même
temps, Théodose lui même, à la tête d’une armée courageuse et bien disciplinée,
s’avançait à la rencontre de son indigne rival, qui, après le siége d’Émone,
avait assis son camp dans les environs de Siscie, ville de Pannonie, fortement
défendue par le cours large et rapide de la Save.
    Les vétérans, qui se rappelaient encore la longue résistance
et les ressources successives du tyran Magnence, se préparaient sans doute aux
travaux de deux. ou trois campagnes sanglantes ; mais l’expédition entreprise
contre celui qui avait usurpé comme lui le trône de l’Occident ne dura que deux
mois [3212] ,
et ne leur fit pas parcourir plus de deux cents milles. Le génie de l’empereur
d’Orient devait naturellement prévaloir contre le faible Maxime, qui ne montra,
dans cette crise fatale, ni courage personnel, ni talents militaires.
L’avantage d’une cavalerie nombreuse et agile seconda puissamment l’habileté de
Théodose. Les Huns, les Alains, et les Goths à leur exemple, formèrent des
escadrons d’archers qui combattaient à cheval, et étonnaient la fermeté des
Gaulois et des Germains par la rapidité des évolutions d’une guerre de
Tartares. Après une longue marche, et dans la plus forte chaleur de l’été, ils
s’élancèrent, sur leurs chevaux couverts d’écume, dans les eaux de la Save,
passèrent la rivière à la nage en présence de l’ennemi, chargèrent les troupes
qui défendaient la rive opposée, et les mirent en fuite. Marcellinus, frère de
l’usurpateur, accourût à leur secours avec des cohortes choisies, qu’on
regardait comme l’espoir et la ressource de l’armée. Le combat, interrompu par
l’approche de la nuit, recommença le lendemain matin ; et après une défense
opiniâtre, le reste des plus braves soldats de Maxime posa les armes aux pieds
de l’empereur. Sans perdre le temps à écouter les acclamations des fidèles
habitants d’Émone, Théodose continua sa marche pour terminer la guerre par la
mort ou la prise de l’usurpateur, qui fuyait devant lui avec toute l’agilité de
la crainte. Du sommet des Alpes Juliennes, il descendit si rapidement dans les
plaines d’Italie, qu’il arriva le même jour à Aquilée ; et Maxime, environné de
toutes parts, eut à peine le temps d’en fermer les portes : mais elles ne
pouvaient résister longtemps aux efforts d’un ennemi victorieux ;
l’indifférence, le mécontentement et le désespoir du peuple et des soldats,
hâtèrent la chute du misérable Maxime. Arraché violemment de son trône, et
dépouillé des ornements impériaux, de la robe, du diadème et des sandales de
pourpre, il fut traîné dans le camp de Théodose, environ à trois milles
d’Aquilée, Loin d’insulter à son infortune, l’empereur parut touché de
compassion, et disposé à quelque indulgence, pour un homme qui n’avait jamais
été son ennemi personnel, et qui ne lui inspirait que du mépris. Les malheurs
auxquels nous sommes exposés excitent plus aisément notre sensibilité, et ce
n’était pas sans de profondes et sérieuses réflexions que le vainqueur pouvait
voir son orgueilleux compétiteur maintenant prosterna devant lui. Mais la mort
de Gratien, et le respect pour la justice, bannirent bientôt la faible
impression d’une pitié involontaire. Théodose abandonna Maxime au pieux
ressentiment des soldats qui l’emmenèrent de sa présence et lui tranchèrent la
tête. La nouvelle de sa victoire fut reçue partout avec une joie sincère ou
habilement feinte. Victor, fils de l’usurpateur, que son père avait décoré du
titre d’Auguste, périt par l’ordre, et peut-être de la main de l’audacieux
Arbogaste ; et toutes les dispositions militaires de Théodose furent couronnées
du succès. Dès qu’il eut ainsi terminé une guerre civile moins sanglante et
moins difficile qu’il n’avait dû s’y attendre, l’empereur de l’Orient s’occupa,
durant plusieurs mois de résidence à Milan, de rétablir l’ordre dans les
provinces ; et au commencement du printemps,

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