Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
le
spectacle sanglant de leur mort temporelle faisait horreur a ces respectables prélats
; les préceptes de la théologie n’effaçaient pas de leur âme les sentiments de
la nature, et l’irrégularité scandaleuse des procédures faites contre
Priscillien et ses adhérents échauffa encore leur humanité. Les ministres
civils et ecclésiastiques avaient exercé leur autorité lors des limites de leur
juridiction. Le juge séculier reput un appel, et prononça une sentence
définitive, qui, en matière de foi, appartient à la justice ecclésiastique [3195] , et les évêques
se déshonorèrent en se portant pour accusateurs, dans une poursuite criminelle.
La cruauté d’Ithacius, qui sollicita la mort des hérétiques et fut témoin de
leurs tortures, enflamma le public d’indignation, et les vices de cet évêque
corrompu servirent de preuve à la bassesse de ses motifs. Depuis la mort de
Priscillien, l’exercice de la persécution a pris une forme plus régulière dans
le Saint-Office , qui distribue aux justices ecclésiastique et séculière
leurs différentes fonctions. Le prêtre livre sa victime au magistrat, le
magistrat la remet à l’exécuteur, et la sentence inexorable de l’Église,
atteste le crime spirituel du coupable, est énoncée en termes qui semblent
n’exprimer que la pitié et l’intercession.       
    Parmi les ecclésiastiques qui ont illustré le règne de
Théodose, saint Grégoire de Nazianze se distingua par ses talents pour la
chaire : le don des miracles ajouta, dans l’opinion des hommes, un grand éclat
aux vertus monastiques de saint Martin de Tours [3196]  ; mais la
vigueur et l’habileté de l’intrépide saint Ambroise lui obtinrent, à juste
titre, le premier rang parmi les évêques [3197] .
Il descendait d’une noble famille romaine : son père avait occupé le poste
distingué de préfet du prétoire de la Gaule ; le fils après avoir reçu une
éducation brillante parvint, par les gradations ordinaires des honneurs civils
au rang de consulaire de la Ligurie, dans laquelle se trouvait enclavée la
résidence de Milan. Saint Ambroise, âgé de trente-quatre ans, n’avait point
encore reçu le sacrement du baptême, lorsqu’à sa grande surprise et à celle du
public, de gouverneur d’une province, il se trouva transformé en archevêque.
Sans cabale et sans intrigue, à ce que l’histoire rapporte, le public le nomma
d’une voie unanime à l’épiscopat. L’accord et la persévérance des acclamations
passa pour une impulsion surnaturelle, et le magistrat fut contraint, malgré sa
répugnance, d’accepter des fonctions spirituelles auxquelles les habitudes et
les occupations de sa vie passée le rendaient tout à fait étranger ; mais la
vigoureuse activité de son génie le rendit bientôt propre à exercer, avec zèle
et prudence, les devoirs de la juridiction ecclésiastique ; en même temps qu’il
renonçait avec joie aux brillantes et vaines décorations de la grandeur
temporelle, il daignait, pour l’avantage de l’Église, diriger la conscience des
empereurs, et surveiller l’administration de l’empire. Gratien l’aimait et le
révérait comme son père, et ce fut pour l’instruction de ce jeune prince que
saint Ambroise composa avec tant de soin son Traité sur la foi de la Trinité.
Après sa mort tragique, et au moment où l’impératrice Justine tremblait pour sa
propre sûreté et pour celle de son fils Valentinien, elle chargea l’archevêque
de Milan de deux ambassades successives à la cour de Trèves. Il déploya une
intelligence et une fermeté égales dans ses fonctions politiques et
ecclésiastiques, et contribua peut-être, par son éloquence et par son autorité,
à suspendre les desseins ambitieux de Maxime, et à conserver la paix de
l’Italie [3198] .
Saint Ambroise avait dévoué sa vie et ses talents au service de l’Église. Plein
de mépris pour les richesses, il avait abandonné son patrimoine particulier, et
il vendit sans hésiter l’argenterie sacrée pour le rachat des captifs. Le
peuple et le clergé de Milan chérissaient leur archevêque, qui, jouissait de
l’estime de ses faibles souverains sans solliciter leur faveur et sans redouter
leur disgrâce.
    Le gouvernement de l’Italie et la tutelle du jeune prince
échurent naturellement à la princesse Justine, sa mère, également distinguée
par son courage et par sa beauté, mais qui, au milieu d’un peuple orthodoxe,
suivait malheureusement la

Weitere Kostenlose Bücher