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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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quartodecimans [3185] ,
dont l’horrible impiété allait jusqu’à déplacer la fête de Pâques, pour la
célébrer à une époque différente. Tout Romain avait le droit de se porter
publiquement pour accusateur ; mais l’office d’inquisiteur de la foi, dont le
nom est si justement abhorré, prit naissance sous le règne de Théodose.
Cependant nous croyons pouvoir assurer que les lois pénales furent rarement
exécutées à la rigueur, et que le pieux monarque avait moins le dessein de
punir que de corriger ou d’effrayer des sujets opiniâtres [3186] .
    La théorie de la persécution fut établie par Théodose, dont
les saints de l’Église ont loué la justice et la pitié ; mais il était réservé
à Maxime, son collègue et son rival, d’en exercer la pratique dans toute son
étendue, et d’être le premier des empereurs chrétiens qui versèrent, pour des
opinions religieuses, le sang de leurs sujets chrétiens. On transféra, par
appel du synode de Bordeaux au consistoire impérial de Trèves, la caisse des
priscillianistes [3187] ,
nouvelle secte d’hérétiques qui troublaient la tranquillité des provinces de
l’Espagne. La sentence du préfet du prétoire condamna sept personnes à la
torture et à la mort. On exécuta d’abord Priscillien [3188] , évêque d’Avila
en Espagne [3189] ,
également distingué par sa naissance et par sa fortune ; par son éloquence et
par son érudition. Deux prêtres et deux diacres accompagnèrent leur maître
chéri au supplice, qu’ils regardaient comme un martyre glorieux. Cette scène
sanglante finit par le supplice de Latronien, poète célèbre, dont la réputation
rivalisait avec celle des anciens, et par celui d’Euchrocia, noble matrone de
Bordeaux, et veuve de l’orateur Delphidius [3190] .
Deux évêques qui avaient adopté les opinions de Priscillien, furent condamnés
au plus triste exil, dans des terres éloignées [3191] . On montra
quelque indulgence pour des coupables moins illustres, et qui l’avaient méritée
par un rompt repentir. Si l’on pouvait ajouter foi aux aveux arrachés par la
terreur et par les tourments, aux accusations vagues de la calomnie, adoptées
par la crédulité, on demeurerait convaincu que l’hérésie des priscillianistes
réunissait toutes les abominations de la magie, de la débauche et de l’impiété [3192] . Priscillien,
qui avait couru le monde, accompagné de ses sœurs spirituelles, fut accusé de
prêcher entièrement nu au milieu de sa congrégation ; et d’autres ajoutaient
qu’il avait détruit, par des moyens odieux et punissables, les fruits de son
commerce criminel avec la fille d’Euchrocia. Mais un examen approfondi, ou
plutôt imparfait, prouvera que si les priscillianistes violèrent les lois de la
nature, ce ne fut pas par la licence, mais par l’austérité de leur vie. Ils
condamnaient absolument l’intimité du lit nuptial, et il en résultait des
séparations indiscrètes, qui troublaient la paix des familles. Ils ordonnaient
ou recommandaient l’abstinence totale de la chair des animaux, et leurs prières
continuelles, leurs jeûnes et leurs vigiles composaient une règle de dévotion
pure et sévère. Ils avaient puisé dans le système des gnostiques et des
manichéens leurs opinions relativement à la personne du fils de Dieu et à la
nature de l’âme. Cette vaine philosophie transportée d’Égypte en Espagne, ne
convenait guère aux esprits des Occidentaux, moins subtils que ceux de
l’Orient. Les disciples obscurs de Priscillien souffrirent, languirent et
disparurent insensiblement. Le peuple et le clergé rejetèrent ses préceptes ;
mais sa mort entraîna une longue et violente controverse. Les uns
applaudissaient à l’équité de sa sentence, et les autres la regardaient comme
une injustice tyrannique. C’est avec plaisir que nous remarquerons l’humanité,
peut-être peu conséquente, de saint Ambroise, évêque de Milan [3193] , et de saint
Martin, évêque de Tours [3194] ,
deux saints des plus illustres de l’Église, qui en cette occasion défendirent
la cause de la tolérance. Es eurent pitié des malheureux exécutés à Trèves, et
refusèrent toute relation avec les évêques qui les avaient condamnés. Si saint
Martin s’écarta ensuite de cette résolution généreuse, ses motifs étaient
louables, et sa pénitence fut exemplaire. Les évêques de Tours et de Milan
prononçaient sans hésiter la damnation éternelle des hérétiques ; mais

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