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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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il n’exerçait qu’une autorité limitée et précaire sur des chefs
indépendants, qui l’avaient élevé, pour leur propre intérêt, au-dessus de ses
égaux. Ces chefs n’étaient plus disposés à suivre un général, malheureux ; et
plusieurs d’entre eux inclinaient à traiter personnellement avec le ministre
d’Honorius. Le monarque se rendit au vœu de ses peuples, ratifia le traité avec
l’empire d’Occident, et repassa le Pô avec les restes de l’armée florissante
qu’il avait conduite en Italie. Une partie considérable des troupes romaines
veilla sur ses mouvements ; et Stilichon, qui entretenait une correspondance
secrète avec quelques chefs des Barbares, fut ponctuellement instruit des
desseins formés dans le camp et dans les conseils d’Alaric. Le roi des Goths,
jaloux de signaler sa retraite par quelque coup demain hardi et avantageux,
résolut de s’emparer de la ville de Vérone, qui sert de clef au principal
passage des Alpes rhétiennes ; et, dirigeant sa marche à travers le territoire
des tribus germaines, dont l’alliance pouvait réparer les pertes de son armée,
d’attaquer la Gaule du côté du Rhin et d’envahir ses riches provinces sans
défiance. Ne se doutant point de la trahison qui avait déjà déconcerté ce sage
et hardi projet, Alaric s’avança vers les passages des montagnes qu’il trouva
occupés par les troupes impériales ; et dans le même instant son armée fut
attaquée de front, sur ses flancs et sur ses derrières. Dans cette action
sanglante, à une très petite distance des murs de Vérone, les Goths firent une
perte égale à celle de la défaite de Pollentia, et leur intrépide commandant,
qui dut son salut à la vitesse de son cheval, aurait inévitablement été pris
mort ou vif, si l’impétuosité indisciplinable des Alains n’eût pas déconcerté
les précautions du général romain. Alaric sauva les débris de son armée sur les
rochers voisins ; et se prépara courageusement à soutenir un siége contre un
ennemi supérieur en nombre, qui l’environnait de toutes parts ; mais il ne put
parer au besoin impérieux de subsistances, ni éviter la désertion continuelle
de ses impatiens et capricieux Barbares. En cette extrémité, il trouva encore
des ressources dans son courage ou dans la modération de son ennemi, et sa
retraite fut regardée comme la délivrance de l’Italie [3464] . Cependant le
peuple et même le clergé, également incapables de juger de la nécessité de la
paix ou de la guerre, blâmèrent hautement la politique de Stilichon, qui
laissait continuellement échapper un ennemi dangereux qu’il avait vaincu si
souvent et tant de fois environné. Le premier moment après la délivrance est
consacré à la joie et à la reconnaissance ; l’ingratitude et la calomnie
s’emparent promptement du second [3465] .
    L’approche d’Alaric avait effrayé les citoyens de Rome, et
l’activité avec laquelle ils travaillèrent à réparer les murs de la capitale,
annonça leurs craintes et le déclin de l’empire. Après la retraite des
Barbares, on prescrivit à Honorius d’accepter l’invitation respectueuse du
sénat, et de célébrer dans la ville impériale l’époque heureuse de la défaite
des Goths et de son sixième consulat [3466] .
Depuis le pont Milvius jusqu’au mont Palatin, les rues et les faubourgs étaient
remplis par la foule du peuple romain, qui, depuis cent ans, n’avait joui que
trois fois de l’honneur de contempler son souverain. En fixant leurs regards
sur le char dans lequel Stilichon accompagnait son auguste pupille, les
citoyens applaudissaient sincèrement à la magnificence d’un triomphe qui
n’était point souillé de sang romain comme celui de Constantin ou de Théodose.
Le cortège passa sous un arc fort élevé, et construit exprès pour cette
cérémonie ; mais, moins de sept ans après, les Goths, vainqueurs de Rome, ont
pu lire la fastueuse inscription de ce monument, qui attestait la défaite et la
destruction totale de leur nation [3467] .
L’empereur résida plusieurs mois dans la capitale, et sa conduite fut dirigée
avec le plus grand soin, de manière à lui concilier l’affection du clergé, du
sénat et du peuple romain. Le clergé fut édifié de ses fréquentes visites et de
la libéralité de ses dons aux châsses des saints apôtres. Le sénat, qui avait
été dispensé de l’humiliante obligation de précéder à pied, selon l’usage, le
char ale l’empereur

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