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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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fugitifs et des déserteurs qui se
trouvaient encore sous la protection de l’empire, et de déclarer, avec une
feinte modération, que si leur souverain n’obtenait promptement satisfaction,
il lui serait impossible, lors même qu’il le voudrait, d’arrêter le
ressentiment de ses belliqueuses tribus. Outre les motifs d’orgueil et
d’intérêt qui engageaient le roi des Huns à continuer cette suite de
négociations, il y cherchait encore l’avantage peu honorable d’enrichir ses
courtisans aux dépens de ses ennemis. On épuisait le trésor impérial pour
gagner les ambassadeurs et les principaux de leur suite, dont le rapport
favorable pouvait contribuer à la conservation de la paix. Le roi des Huns
était flatté de la réception honorable que l’on faisait à ses ambassadeurs ; il
calculait avec satisfaction la valeur et la magnificence des présents qu’ils
obtenaient, exigeait rigoureusement l’exécution de toutes les promesses qui
devaient leur procurer quelque avantage, et traita comme une affaire d’État le
mariage de Constance, son secrétaire [3899] .
Cet aventurier gaulois, qu’Ætius avait recommandé au roi des Huns, s’était
engagé à favoriser les ministres de Constantinople, à condition qu’ils lui
feraient épouser une femme riche et d’un rang distingué. La fille du comte
Saturnin fut choisie pour acquitter l’engagement de son pays. La répugnance de
la victime, quelques troubles domestiques, et l’injuste confiscation de sa
fortune, refroidirent l’ardeur de l’avide Constance ; mais il réclama, au nom
d’Attila, une alliance équivalente ; et, après bien des détours, des
excuses et des délais inutiles, la cour de Byzance se trouva forcée de
sacrifier à cet insolent étranger la veuve d’Armatius, que sa naissance, ses
richesses et sa beauté, plaçaient au premier rang des matrones romaines. Attila
exigea qu’en retour de ces onéreuses et importunes ambassades, l’empereur
d’Orient lui envoyât aussi des ambassadeurs ; et, pesant avec orgueil le rang
et la réputation des envoyés, il daigna promettre qu’il viendrait les recevoir
jusqu’à Sardica, s’ils étaient revêtus de la dignité consulaire. Le conseil de
Théodose éluda cette proposition, en représentant la misère et la désolation de
Sardica ; il hasarda même d’observer que tout officier de l’armée ou du palais
impérial avait un titre suffisant pour traiter avec le plus puissant prince de
la Scythie. Maximin, courtisan sage et respectable [3900] , qui avait
occupé longtemps avec éclat des emplois civils et militaires, accepta à regret
la commission désagréable, et peut-être dangereuse, d’apaiser le ressentiment
du roi des Huns. L’historien Priscus, son ami [3901] , saisit cette
occasion d’examiner le héros barbare, dans le sein de la paix et de la vie
domestique ; mais le secret de l’ambassade, secret fatal et criminel, ne fut
confié qu’à l’interprète Vigilius. Les deux derniers ambassadeurs des Huns,
Oreste, d’une famille noble de la Pannonie, et Édecon, chef vaillant de la
tribu des Scyrres, retournèrent en même temps de Constantinople au camp
d’Attila. Leurs noms obscurs acquirent bientôt de l’illustration par la fortune
extraordinaire de leurs fils. Les deux serviteurs d’Attila devinrent pères du
dernier empereur de l’Occident et du premier roi barbare de l’Italie.
    Les ambassadeurs, suivis d’un train nombreux d’hommes et de
chevaux, prirent leur premier séjour à Sardica, environ à trois cent cinquante
milles, ou treize jours de marche de Constantinople. Comme les ruines de
Sardica se trouvaient sur les terres de l’empire, les Romains remplirent les
devoirs de l’hospitalité. Les habitants de la province leur fournirent une
quantité suffisante de bœufs et de moutons ; et les Huns furent invités à un
repas splendide ou du moins abondant, ; mais la vanité et l’indiscrétion des
deux partis introduisirent bientôt la dissension parmi les convives. Les
ambassadeurs romains soutinrent avec chaleur la majesté de Théodose et de
l’empire ; et les Huns maintinrent avec une égale vivacité la supériorité
de leur monarque victorieux. L’adulation déplacée de Vigilius enflamma la dispute
; il rejetait dédaigneusement la comparaison d’un mortel, quel qu’il pût être,
avec le divin Théodose ; et ce fut avec beaucoup de difficulté que Priscus et
Maximin parvinrent à changer de conversation et à calmer la colère

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