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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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d’un village voisin qui appartenait à la veuve de Bléda, ceux-ci
accoururent avec des torches ; en peu de moments, par leurs soins
bienveillants, un feu de roseaux vint ranimer les voyageurs ; on pourvut
libéralement à tous les besoins des Romains, et même à tout ce qui pouvait
flatter leurs désirs ; et ils parurent un peu embarrassés de la singulière
politesse de la veuve de Bléda, qui joignit à ses autres attentions celle de
leur envoyer un nombre suffisant de filles belles et complaisantes. Ils
s’occupèrent, pendant le jour suivant, à rassembler et à sécher le bagage, à
reposer les hommes et les chevaux. Avant de se mettre en route, les
ambassadeurs prirent corrigé de la dame du village, et reconnurent sa
générosité par d’utiles présents de vases d’argent, de toisons teintes en
rouge, de fruits secs et de poivre des Indes. Aussitôt après cette aventure,
ils rejoignirent la suite d’Attila, dont ils étaient séparés depuis six jours,
et continuèrent lentement leur route jusqu’à la capitale d’un empire où ils
n’avaient pas rencontré une seule ville dans un espace de plusieurs milliers de
milles. ;
    Autant que nous en pouvons juger d’après l’obscurité des
notions géographiques que nous a laissées Priscus, cette capitale parait avoir
été située entre le Danube, la Theiss, et les montagnes Carpathiennes dans la
Haute-Hongrie, et probablement dans les environs de Jazberin, d’Agria ou de
Tokay [3903] .
Elle eut sans doute pour origine un camp que les longues et fréquentes
résidences d’Attila, convertirent en un vaste village, devenu nécessaire pour y
recevoir la cour du prince, les troupes qui l’environnaient et la multitude des
gens de suite et des esclaves, las uns actifs et industrieux, les autres
inutiles, qui accompagnaient l’armée [3904] .
On n’y voyait d’autre édifice en pierre que les bains d’Onegesius, dont les
matériaux étaient tirés de la Pannonie ; et, comme on ne trouvait point dans
les environs de bois propre à la charpente, nous pouvons présumer que les
habitants de la classe intérieure construisaient leurs demeures de paille, de
boue ou de treillis. Les maisons des Huns distingués étaient toutes de bois, et
ornées avec une magnificence grossière en proportion du rang, de la fortune ou
du goût des propriétaires. Il paraît qu’elles étaient disposées dans un certain
ordre, et censées plus ou moins honorables, selon qu’elles approchaient plus ou
moins de la demeure du monarque. Le palais d’Attila, construit en bois, et fort
supérieur à tous les autres bâtiments du village, couvrait une vaste étendue de
terrain. Le mur ou enceinte extérieure consistait en une palissade faite de
bois uni et carré, entremêlé de hautes tourelles moins propres à la défense
qu’à servir d’ornement. Ce mur, qui enclavait, à ce qu’il paraît, dans son
enceinte le penchant d’une colline, renfermait un grand nombre d’édifices
construits en bois, et destinés à différents objets du service du prince. Les
nombreuses épouses d’Attila occupaient chacune un bâtiment séparé, et, loin de
se montrer astreintes à la retraite rigoureuse, imposée aux femmes par la
défiante jalousie des Asiatiques, elles récurent les ambassadeurs romains avec
politesse, les admirent à leur table, et même leur permirent de les embrasser
en public. Lorsque Maximin offrit ses présents Cerca, la principale reine, il
admira la singulière architecture de sa maison, la hauteur des colonnes rondes,
et la beauté des bois les uns polis, les autres tournés ou ciselés. Les
ornements lui parurent distribués avec goût, et les proportions assez bien
observées. Après avoir passé au travers des gardes placés à la porte, les
ambassadeurs furent introduits dans l’appartement intérieur de Cerca. L’épouse
d’Attila les reçut assise ou plutôt couchée sur un lit moelleux ; des tapis
couvraient le plancher ; les domestiques de la reine formaient un cercle autour
d’elle, et ses demoiselles d’honneur, assises sur le tapis, s’occupaient à
broder les parures des guerriers barbares. Les Huns aimaient à étaler
publiquement des richesses qui étaient en même temps la preuve et la récompense
de leurs victoires. Ils ornaient les harnais de leurs chevaux, leurs armes, et
jusqu’à leurs chaussures, de plaques d’or incrustées de pierres précieuses ; on
voyait sur leurs tables, profusément épars, des plats, des coupes, des

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