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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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nôtre
d’Ægidius respectable dans la paix comme dans la guerre. Les Francs, qui
avaient puni par l’exil les débordements du jeune Childéric, placèrent sur le
trône le général romain. Cet honneur singulier flatta plus sa vanité que son
ambition ; et quatre ans après, lorsque la nation se repentit de l’outrage
qu’elle avait fait à la famille des Mérovingiens, il consentit à rendre le trône
au prince légitime. Ægidius maintint sa puissance jusqu’à sa mort : les
Gaulois, désespérés de sa perte, accusèrent Ricimer de l’avoir hâtée par le
poison ou par la violence, et son caractère connu justifiait leurs soupçons [4051] .
    Le royaume d’Italie (tel était le nom auquel avait été
réduit peu à peu l’empire d’Occident) fut continuellement dévasté sous le règne
de Ricimer par les descentes et les incursions des pirates vandales [4052] . Au printemps
de chaque année, ils équipaient une flotte nombreuse dans le port de Carthage ;
et Genséric, quoique d’un âge très avancé, commandait en personne les
expéditions les plus importantes. Il couvrait ses desseins d’un secret
impénétrable jusqu’au moment de mettre à la voile. Lorsque le pilote lui
demandait quelle direction il devait prendre : Suivez celle des vents ,
répondait Genseric du ton d’une dévote insolence ; ils nous conduiront sur
la côte coupable dont les habitants ont offensé la justice divine .  Mais
lorsque le roi des Vandales daignait donner lui-même des ordres plus positifs,
les nations les plus riches lui paraissaient toujours les plus coupables. Les
Barbares désolèrent successivement les côtes de l’Espagne, de la Ligurie, de la
Toscane, de la Campanie, de la Lucanie de Bruttium, de la Pouille, de la Calabre,
de la Vénétie, de la Dalmatie, de l’Épine, de la Grèce et de la Sicile. La
situation de la Sardaigne, placée si avantageusement au centre de la
Méditerranée, leur inspira le désir de la soumettre et ils épandirent les
ravages ou la terreur depuis les colonnes d’Hercule jusqu’aux bouches du Nil.
Moins jaloux de gloire que de butin, ils attaquaient rarement les villes
fortifiées ou les troupes régulières ; mais la rapidité de leurs mouvements les
mettait à même de menacer presqu’au même instant des endroits fort éloignés les
uns des autres ; et comme ils embarquaient toujours un nombre suffisant de
chevaux, leur cavalerie se répandait dans le pays dès l’instant qu’ils avaient
atteint la côte. Cependant, et quoique leur souverain donnât l’exemple, les
Vandales et les Alains se dégoûtèrent bientôt d’un genre de guerre pénible et
dangereux. La robuste génération des conquérants de Carthage était presque
entièrement éteinte ; les fils de ces guerriers, nés en Afrique, jouissaient
paisiblement des bains et des jardins délicieux acquis par les exploits de
leurs pères. Ils fuient aisément remplacés dans les armées par une multitude de
Maures et de Romains, soit captifs, soit proscrits ; et ces furieux qui avaient
commencé par violer les lois de leur pays, étaient les plus ardents à se livrer
à ces horreurs qui déshonorèrent les victoires de Genséric. Il épargnait
quelquefois ses malheureux captifs par un sentiment d’avarice ; il les
sacrifiait dans d’autres occasions au plaisir de satisfaire sa cruauté ; et
l’indignation publique a reproché à sa dernière postérité le massacre de cinq
cents citoyens nobles de Zante ou Zacynthus, dont il fit jeter les corps
mutiles dans la mer Ionienne.
    Aucun prétexte n’autorisait de semblables crimes ; mais la
guerre que Genseric entreprit bientôt contre l’empire, pouvait être justifiée
par des motifs spécieux et même raisonnables. La veuve de Valentinien, Eudoxie,
entraînée captive de Rome à Carthage, était seule héritière de la maison de
Théodose. Le monarque des Vandales contraignit Eudoxie, fille aînée de
l’impératrice, d’épouser son fils Huneric ; et aussitôt, appuyé d’un titre
légal, il exigea impérieusement qu’on remît, à la femme de son fils la part qui
lui revenait dans la succession de l’empire. Il était également difficile de le
refuser et de le satisfaire. L’empereur d’Orient, au moyen d’une forte
compensation, acheta une paix nécessaire ; Eudoxie et Placidie, sa seconde
fille, furent reconduites honorablement à Constantinople, et les Vandales
bornèrent leurs ravages aux limites de l’empire d’Occident. Les

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