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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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Italiens,
dépourvus d’une marine qui pouvait seule défendre leurs côtes, implorèrent
humblement le secours des nations plus heureuses de l’Orient qui autrefois, en
temps de paix comme en temps de guerre avaient reconnu la suprématie de Rome,
mais la séparation constante des deux empires les avaient désunis d’intérêts et
d’affections : on objecta le traité récent, et au lieu d’armes et de
vaisseaux ; les Romains de l’Occident n’obtinrent qu’une médiation froide et
inutile. L’orgueilleux Ricimer, ne pouvant soutenir plus longtemps le fardeau
qu’il s’était imposé, fut enfin forcé d’employer auprès de la cour de
Constantinople l’humble langage d’un sujet suppliant ; l’Italie reçut un
maître choisi par l’empereur d’Orient, et l’alliance des deux empires fut le
prix de cette soumission [4053] .
L’objet de ce chapitre, ni même de ce volume, n’est point de suivre en détail
l’histoire de Byzance ; mais un coup d’œil rapide sûr le règne et sur le
caractère de l’empereur Léon, peut servir à faire apprécier les derniers
efforts que l’on tenta pour sauver de sa ruine l’empire d’Occident [4054] .
    Depuis la mort de Théodose le jeune, la tranquillité de
Constantinople n’avait été interrompue ni par des guerres étrangères, ni par
des factions domestiques. Le modeste et vertueux Marcien avait reçu la main de
Pulchérie et le sceptre de l’Orient ; plein de reconnaissance, il respecta
toujours le rang et la virginité de son épouse ; et l’empereur donna le
premier, lorsqu’il la perdit, l’exemple du culte dû à la mémoire de cette
sainte impératrice [4055] .
Occupé seulement des intérêts de son empire ; Marcien semblait contempler les
malheurs de Rome avec indifférence ; et l’on attribua le refus que faisait un
prince actif et courageux de se déclarer contre les Vandales, à une promesse
secrète que Genseric lui avait arrachée lorsqu’il était son captif [4056] . La mort de
Marcien arrivée après un règne de sept années, aurait exposé l’empire au danger
d’une élection populaire, si l’autorité d’une seule famille n’eût pas suffi
pour placer sur le trône le candidat dont elle soutenait les prétentions. Le
patrice Aspar se serait facilement emparé du diadème, s’il eût voulu accepter
publiquement la foi de Nicée [4057] .
Depuis trois générations, son père, lui et son fils Ardaburius, commandaient les
armées de l’Orient ; sa nombreuse garde de Barbares tenait en respect le palais
et la capitale, et les immenses trésors qu’il répandait avec profusion,
égalaient sa popularité à sa puissance. Il présenta un homme obscur, Léon de
Thrace, tribun militaire et le principal intendant de sa maison, et le sénat
ratifia cette nomination par ses suffrages unanimes. Le domestique d’Aspar
reçut la couronne impériale des mains du patriarche ou évêque, à qui l’on
permit d’annoncer la protection divine par cette cérémonie inusitée [4058] . Le titre de grand par lequel l’empereur Léon fut distingué de ceux qui portèrent après lui le
même nom, prouve que les princes qui avaient occupé successivement le trône de
Constantinople, avaient rendu les Grecs peu exigeants sur ce qu’ils regardaient
comme la perfection des vertus héroïques ou du moins des vertus impériales.
Cependant la fermeté modérée que Léon opposa à la tyrannie de son bienfaiteur
montra qu’il connaissait son devoir et son autorité. Aspar vit avec étonnement
que son influence ne suffisait plus pour faire nommer un préfet de
Constantinople ; il osa reprocher à son souverain de manquer à ses engagements,
et secouant insolemment sa robe pourpre : Il ne convient pas , lui
dit-il, qu’un homme revêtu de cette robe fausse sa parole . — Il ne
convient pas non plus , répondit Léon, qu’un prince soit forcé de
soumettre son jugement et l’intérêt public à la volonté d’un de ses sujets [4059] . Après cette
étrange scène, on ne pouvait pas espérer une réconciliation sincère ou durable
entre l’empereur et le patrice. Léon leva secrètement une armée d’Isauriens [4060] , qu’il
introduisit dans Constantinople ; et tandis qu’il minait sourdement la
puissance d’une famille dont il méditait la ruine ; sa conduite prudente et
modérée tranquillisait Aspar, et le détournait des mesures violentes qui
auraient entraîné sa perte ou celle de ses ennemis. Cette révolution intérieure
influa sur

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