Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain
habitent ne
retombera dans sa barbarie originelle. Nous envisagerons les progrès de la
société sous trois aspects : 1° Le poète et le philosophe éclairent leur
pays et leur siècle par les efforts d’un seul génie ; mais ces prodiges de
raison ou d’imagination sont des productions libres et rares. Le génie d’Homère,
de Cicéron ou de Newton, exciteraient moins d’admiration s’ils pouvaient être
crées par les ordres d’un prince ou par les leçons d’un précepteur. 2° Les
avantages des lois, de la politique, du commerce, des manufactures, des
sciences et des arts, sont plus solides et plus durables ; l’éducation et
l’instruction peuvent rendre un grand nombre d’hommes, dans leurs
différentes situations, utiles à l’intérêt de la communauté ; mais cet ordre
général est l’effet du travail et de l’intelligence. Le temps peut dégrader
cette machine compliquée, et la violence peut l’altérer. 3° Mais les arts les
plus utiles, ou du moins les plus nécessaires, peuvent, heureusement pour le
genre humain, s’exercer sans talents supérieurs et sans subordination
nationale, sans le génie d’ un seul ou l’union d’ un grand nombre .
Un village, une famille, ou même un individu ont toujours assez d’intelligence
et de volonté pour perpétuer l’usage du feu [4450] et des métaux ;
la propagation et le service des animaux domestiques, la chasse, la pèche, les
premiers principes de la navigation, la culture imparfaite du blé ou de quelque
autre graine nourrissante, et la pratique simple des arts mécaniques et
grossiers. L’industrie publique et le génie des particuliers pourront
disparaître ; mais ces plantes solides et robustes survivront à la tempête, et
puiseront des racines profondes dans le sol le plus ingrat. Un nuage épais
d’ignorance éclipsa les jours brillants d’Auguste et de Trajan ; les Barbares
anéantirent les lois et les palais de Rome ; mais la faux, invention ou emblème
de Saturne [4451] ,
continua à abattre les moissons de l’Italie, et ces repas où les Lestrigons se
nourrissaient de chair humaine [4452] ne se sont jamais renouvelés sur les côtes de la Campanie.
Depuis la première découverte des arts, la erré, le commerce
et le zèle religieux, ont répandu ces dons inestimables parmi les sauvages
habitants de l’Ancien et du Nouveau-Monde ; ils se sont propagés, et ne seront
jamais totalement perdus. Nous pouvons donc conclure, avec confiance, que
depuis le commencement du monde chaque siècle a augmenté et augmente encore les
richesses réelles, le bonheur, l’intelligence, et peut-être les vertus de race
humaine [4453] .
NOTES
[1] D. R. Watson’s Apology for christianity, in a
series of letters to Edw. Gibbon , 1776, in-8°.
[2] J. Chelsum’s DD. : remarks on
the two last chapters of the first vol. of Mr. Gibbon’s History, etc .
Oxford, 2e édit., 1778, in-8°.
[3] East Apthorp’s Letters on the prevalence of
christianity before its civil establishment, with observations on Mr. Gibbon’s
History, etc . 1778, in-8°.
[4] Letters to Edw. Gibbon , 2e édit., Londres,
1785, in-8°.
[5] H. Kett’s a Sermons at Bampton’s lecture ,
1791. H. Kett’s a representation of the conduct and opinions of the
primitive christians, with remarks on certain affections of Mr. Gibbon and D.
Priestley, in eight Sermons .
[6] A vindication of nome passages in the XV and XVI
chapters of the History of the Decline and Fall of the Roman Empire . La 2e
édit., dont je me suis servi, est de Londres, 1779.
[7] Die ausbreitung des Christenthums aus natürlichen
ursachen von W. S. von Walterstern . Hambourg, 1788, in-8°.
[8] Die ausbreitung der Christlichen religion von J.
B. Luderwald , Helmstædt, 1788, in-8°.
[9] La lettre dans laquelle Gibbon annonça à mademoiselle
Curchod l’opposition que son père mettait à leur mariage, existe en manuscrit.
Les premières pages sont tendres et tristes, comme on doit les attendre d’un
amant malheureux ; mais les dernières deviennent peu à peu calmes,
raisonnables, et la lettre finit par ces mots : C’est pourquoi,
mademoiselle, j’ai l’honneur d’être votre très humble et très obéissant
serviteur, Edouard Gibbon . Il aimait véritablement Mademoiselle Curchod ;
mais on aime avec son caractère, et celui de Gibbon se refusait au désespoir de
l’amour.
[10] Voyez la lettre CXC. Je compte , dit-il, find
myself (me trouver) in London on, or before the first of august .
[11]
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