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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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mécanisme  ; il est dans la nature de la majeure  ; la majeure exprime toujours une liaison de faits, par exemple une liaison entre un antécédent et un conséquent. Mais à quelles conditions un jugement hypothétique est-il valable ou sain (υγιές)  ? Remarquons que jamais, un pareil jugement n ’ est la conclusion d ’ une démonstration (la conclusion étant toujours un jugement simple), c ’ est-à-dire ne peut être démontré. D ’ autre part, l ’ aspect extérieur de pareilles propositions  : Si tel fait est, tel autre est, leur donne une ressemblance avec ces propositions que les médecins ou les astrologues, grands observateurs des symptômes et des signes, établissaient par l’expérience pour diagnostiquer les maladies ou prédire la destinée. C ’ est un langage de logiciens inductifs, qui nous renvoie à la vision d ’ un monde constitué par des faits enchaînés l ’ un à l ’ autre, si différent du monde d ’ Aristote. Les Stoïciens eux-mêmes n ’ ont vu dans la démonstration qu ’ une espèce de signe.
    Pourtant, de la forme extérieure de la proposition, il faut séparer la manière dont sa valeur est établie  ; or nous ne trouvons rien dans cette logique qui, de près ou de loin, ressemble à une preuve par induction. Et, en effet, si nous considérons le contenu des jugements qu ’ ils donnent comme exemples, nous verrons qu ’ il n ’ en est pas besoin, puisque le conséquent est toujours lié d ’ un lien logique avec l ’ antécédent  ; la seule justification qu ’il s présentent d ’ un jugement hypothétique : s ’ il fait jour, il fait clair, c ’ est bien en effet que l ’ opposé du p.307 conséquent, à savoir  : il ne fait pas clair, contredit l ’ antécédent. Et dans le signe lui-même, c ’ est-à-dire dans un jugement tel que  :«  S ’ il a une cicatrice, c ’ est qu ’ il a été blessé  » , les Stoïciens prétendent retrouver une liaison de même sorte, puisque le signe lie non pas une réalité présente à une réalité passée, mais deux énoncés de fait, qui sont tous deux présents, et présents seulement dans l ’ intelligence (νοητά), et qui sont au fond logiquement identiques  [427] .
    En résumé, si la liaison logique s ’ exprime toujours par une liaison entre des faits constatés par les sens et énoncés par le langage, cette liaison des faits n ’ a de valeur que grâce à la raison logique qui les unit  ; le jugement hypothétique a d ’ autant plus de valeur qu ’ il se rapproche davantage de celui où l ’ on passe d ’ un identique à un identique  : « Si lucet, lucet  [428] .  » La dialectique stoïcienne a donc même idéal que la théorie de la connaissance, la pénétration complète du fait par la raison, et l ’ on va voir bientôt comment la proposition hypothétique, qui en est l ’ organe, est particulièrement apte à exprimer leur vision des choses, si bien que la logique n ’ est point chez eux, comme chez Aristote, un simple organe, mais une partie ou espèce de la philosophie.
     
    VI. — PHYSIQUE DE L ’ ANCIEN STOÏCISME
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    La physique stoïcienne a pour but de nous amener à nous représenter par l ’ imagination un monde totalement dominé par la Raison, sans aucun résidu irrationnel  ; nul domaine pour le hasard, le désordre, comme chez Aristote et Platon  ; tout rentre dans l ’ ordre universel. Le mouvement, le changement, le temps ne sont pas l ’ indice de l ’ imperfection et de l ’ être inachevé, comme chez le géomètre Platon ou le biologiste p.308 Aristote  ; le monde toujours changeant et mouvant a, à chaque instant, la plénitude de sa perfection  ; «  le mouvement est  [429] à chacun de ses instants un acte et non point un passage à l ’ acte  » ; le temps est, comme le lieu, un incorporel sans substance ni réalité, puisque c ’ est seulement parce qu ’ il agit ou pâtit, grâce à sa force interne, qu ’ un être change et dure. Aucune disposition par suite, comme Aristote et les successeurs de Platon, à proclamer le monde éternel pour en sauver la perfection  ; le monde stoïcien est un monde qui naît et qui se dissout sans que sa perfection en soit atteinte. La rationalité du monde ne consiste plus dans l ’ image d ’ un ordre immuable qui s ’ y reflète autant que le permet la matière, mais dans l ’ activité d ’ une raison qui soumet toute chose à son pouvoir.
    Activité de la raison qu ’ il

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