Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
Vom Netzwerk:
blanchis et ne se lassant pas d ’app rendre.
    Avec de si multiples ramifications, il est naturel que le stoïcisme affleure parfois dans la vie politique  : le stoïcisme est suspect, surtout aux mauvais empereurs  : parmi les accusations de Tigellinus, l ’ affranchi de Néron, contre Rubellius Plautus, le petit-fils d ’ Auguste, qu ’ il voulait faire passer pour un prétendant à l ’ empire, se trouve l ’ imputation de stoïcisme  ; «  il suit, dit l ’ accusateur, la secte arrogante des Stoïciens, fauteurs de troubles et désireux de désordre. » Rubellius alors en Syrie (en 62) avait auprès de lui comme conseillers moraux les philosophes Coeranus et Musonius  ; et, comme on lui envoyait des soldats pour le mettre à mort, contre l ’ opinion d ’ un affranchi qui voulait qu ’ il résistât, ils lui conseillèrent «  à la place d ’ une vie incertaine et tremblante la fermeté d ’ une mort toute prête ». Plus tard, en 65, l ’ exil de Musonius et de Cornutus est compris dans les mesures ordonnées par Néron à la suite de la conjuration de Pison  ; Musonius était suspect d ’ apprendre la p.420 philosophie aux jeunes gens  [594] . Opposition muette, on le voit par ces exemples, et non pas résistance ouverte  ; le stoïcisme n ’ est pas devenu, plus qu ’ il ne l ’ a jamais été, un parti politique  ; le célèbre Thraséas n ’ était pas un politique. Sous Vespasien, nouvel assaut  ; le gendre de Thraséas, Helvidius Priscus, alors stratège, est accusé de refuser de rendre les honneurs à l ’ empereur et de faire de la propagande en faveur de la démocratie  ; en 71, tous les philosophes sont chassés de Rome, sauf Musonius, qui, rappelé à Rome sous Galba, ne fut pas inquiété. C ’ est vers cette époque que Dion Chrysostome, encore rhéteur et non touché par la grâce cynique, prononce des discours Contre les Philosophes , «  ces pestes des cités et des gouvernements  » . Plus tard, en 85, le soupçonneux Domitien faisait tuer le sophiste Maternus pour avoir prononcé un discours d ’ école contre les tyrans, Rusticus Arulinus « parce qu ’ il philosophait et considérait Thraséas comme un saint  » , Herennius Senecion pour avoir rédigé une vie d ’ Helvidius Priscus  [595] .
    Le stoïcisme, si répandu, a-t-il laissé quelque chose de lui dans le droit romain  ? Le caractère historique du droit romain est sans doute son indépendance quasi parfaite de la religion, et de la morale, c ’ est aussi une notion de la souveraineté de l ’ État, vraiment étrangère à la Grèce  ; aussi, bien que les traités théoriques comme les Lois de Cicéron soient d ’ inspiration stoïcienne, bien que l ’ on puisse trouver chez Ulpien une définition stoïcienne de la justice, « la volonté constante et perpétuelle d ’ attribuer à chacun le sien  » , le stoïcisme n ’ a joué là qu ’ un rôle effacé  ; les historiens du droit ne sont même pas d ’ accord pour faire remonter au stoïcisme la notion de droit naturel, et plusieurs lui donnent une origine purement romaine  [596] .
    p.421 L ’ enseignement des Stoïciens se présente sous plusieurs formes assez différentes  : il y a d ’ abord, dans l ’ école, un enseignement technique très sec et scolastique, fondé sur la lecture commentée des anciens maîtres  ; de Chrysippe en particulier, celui qu ’ Aulu-Gelle a connu chez les Stoïciens d ’ Athènes dans la première moitié du I I e siècle  ; il en indique les divisions, en particulier celles de la dialectique et de la morale, qui ne font que reproduire les divisions traditionnelles. On apprend en particulier à mettre en forme les syllogismes  [597] . Chez Philon d ’ Alexandrie, chez Épictète on trouve nombre d ’ allusions à des leçons d ’ école de ce genre  ; Épictète reproche plusieurs fois aux maîtres de philosophie de s ’ en tenir à l ’ interprétation de Chrysippe et d ’ être de purs philologues. Il est à noter que les seuls Stoïciens qu ’ on lit sont de l ’ ancien stoïcisme  ; les plus récents que cite Épictète sont Archédème, Antipater et Crinis  ; on ignore Panétius et Posidonius, et, avec eux, la direction nouvelle, humaniste et platonicienne qu ’ avait prise l ’ école. Épictète est plus près de Zénon que de Panétius  [598] .
    Il y avait un enseignement plus vivant et plus agissant. Il employait tous les procédés depuis le discours public, à

Weitere Kostenlose Bücher