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Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique

Titel: Histoire de la philosophie. Tome I, L'Antiquité et le Moyen Âge. I. Période hellénique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Émile Bréhier
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sous la surveillance d ’ un homme de bien (66, 19). De cet éducateur moral, il se fait la plus haute idée ; aussi il a plutôt à décourager qu ’ à éveiller les vocations : «  Il vaut mieux qu ’ ils ne s ’ approchent pas du philosophe, la plupart des jeunes gens qui disent vouloir philosopher  ; leur approche est une tache pour la p.424 philosophie.  » Et il fait voir le contraste entre l ’ auditoire du philosophe mondain, applaudissant et louant, et celui du philosophe véritable qui donne la conscience du péché et amène au repentir  [602] . Il faut ajouter, pour compléter ce portrait, que Musonius connaît les rebuffades venant, comme dit Tacite, qui raconte l ’ anecdote, d ’ une sagesse intempestive  ; envoyé par Vitellius, en 69, pour inviter à la concorde l ’ armée flavienne qui était aux portes de Rome, il dut subir, en se mêlant aux manipules, les brocards et même les mauvais traitements des soldats  [603] .
     
    IV. — SÉN È QUE
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    Moins candide était Sénèque, précepteur puis ministre de Néron  ; né à Cordoue, en 4 avant J.-C., d ’ un rhéteur dont il reste beaucoup de thèmes de discours et d ’ exercices, il reçut une éducation soignée dans la maison de sa tante, dont le mari, Vitrasius Pollio, fut préfet d ’ Égypte pendant seize ans  ; en 41, il fut exilé en Corse par Claude à la suite d ’ un scandale de cour, et il écrivit à un ministre tout-puissant, en 43, une Consolation à Polybe , que l ’ on trouvera pleine de flatteries  ; en 49, il est rappelé par Agrippine qui lui confie l ’ éducation de Néron  ; de 54 à 61, il est le ministre de Néron  ; disgrâcié, il vit dans la retraite de 62 à 65, et, sur l ’ ordre de Néron, il finit par le suicide. De 41 à 62, il écrivit ses œuvres, dix traités moraux ou dialogues (le mot dialogi traduit le grec diatribes et indique tout de suite le genre littéraire où il faut les placer)  ; vers 59, il écrit le traité Des Bienfaits . C ’ est vers la fin de sa vie, après sa retraite, qu ’ il écrit, en 62, les Questions naturelles , où il nous fait connaître l ’ explication des météores, qu ’ il emprunte surtout à Asclépiodote de Nicée, un élève de Posidonius, et les fameuses Lettres à Lucilius   ; Lucilius, procurateur de Sicile, n ’ y joue qu ’ un p.425 rôle bien effacé  ; dans ces cent vingt-quatre lettres, on voit moins une effective direction de conscience que l ’ usage d ’ une forme littéraire, qu ’ il choisit sous l ’ influence d ’ un recueil de lettres d ’ Épicure, qu ’ il venait de lire et qu ’ il cite constamment dans les vingt-neuf premières lettres, forme littéraire plus commode à un homme toujours en peine d ’ ordonner ses idées  [604] .
    Il se donne comme un stoïcien très libre  ; les anciens «  ne sont pas des maîtres mais des guides  » ; il ne faut pas les suivre, mais y donner son adhésion  ; leurs idées doivent être traitées comme un bien de famille à améliorer. Aussi n ’ éprouve-t-il aucun scrupule à ranger Épicure parmi les prudentiores , auprès de qui l ’ on prend conseil, et à le mettre avec Zénon et Socrate parmi ceux dont l ’ exemple et le caractère ont eu une influence plus grande que les paroles et l ’ enseignement  [605] . Sénèque se montre donc non seulement fort détaché de la partie systématique de la philosophie, mais encore bien plus confiant dans les influences personnelles que dans l ’ influence des doctrines. C ’ est dire qu ’ il se méfie du trop de science et de la curiosité inutile  :«  Vouloir savoir plus qu ’ il n ’ est suffisant, c ’ est une manière d ’ intempérance.  » On s ’ instruira dans les arts libéraux, mathématiques et astronomie, mais seulement aussi longtemps que l ’ esprit ne peut rien produire de plus grand. Et, après avoir exposé quelques subtilités stoïciennes, il ajoute  :«  Être sage est une chose moins cachée et plus simple  [606] .  »
    On sent dès lors dans quel esprit il s ’ occupera de physique s ’ il s ’ en occupe  ; c ’ est que la connaissance du monde et du ciel «  élève l ’ âme et la transporte au niveau des objets qu ’ elle traite  » . Ses recherches physiques, les Questions naturelles , comme sans doute ses livres perdus Sur la situation de l ’ Inde , la situation et la religion des Égyptiens , sont des compilations, et encore, à propos d ’ un fragment d ’

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